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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 22 JUIN 2023
www.fnh.ma
◆ La généralisation de la couverture sanitaire universelle met en exergue les questions relatives au financement des médicaments en général, notamment les plus coûteux. ◆ Une polémique est en train de naître concernant le déremboursement des médicaments à petit prix pour favoriser les médicaments dits innovants. ◆ Entretien avec Abdelmajid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique, analyste des marchés pharmaceutiques et membre de la société marocaine de l’économie des produits de santé. «Une telle mesure ne serait ni politiquement correcte ni socialement acceptable» Déremboursement des médicaments
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Les mul- tinationales pharmaceutiques au Maroc proposent de dérembourser les médicaments dits «à petits prix» afin de financer les médicaments innovants, dont les prix peuvent dépasser 130.000 DH la boîte. Cette option est loin de plaire aux profes- sionnels et crée des divergences ? Qu’en dites-vous ? Abdelmajid Belaïche : Effectivement, la présidente de l’association des filiales marocaines des multinationales pharma- ceutiques (Les entreprises des médica- ments au Maroc ou LEMM), s’exprimant sur les colonnes de ‘Le Matin’, avait clairement dit au sujet des remboursements des médi- caments que «d’autres solutions peuvent être adoptées, comme la couverture médi- cale des soins coûteux tout en «libérant» les «médicaments conseil» en pharmacie. Elle avait ajouté qu’«une approche plus dif- férenciée des impacts budgétaires sur les caisses permettrait de prioriser la couver- ture de soins coûteux pour les patients et libérer l’accès aux produits appelés «médi- caments conseil» en pharmacie, vendus dans les officines, qui sont généralement utilisés pour traiter des affections bénignes et courantes. Or, le statut des médicaments conseil dont parle la présidente de la LEMM n’existe pas aujourd’hui au Maroc et qu’en réalité, ce sont l’ensemble des médica- ments qualifiés de médicaments à petit prix qui sont visés. Lors d’une manifestation scientifique tenue à Tanger, l’un des res- ponsables de l’assurance maladie a lancé
Le discours de l’Asso- ciation des filiales marocaines
des multi- nationales pharmaceu- tiques est séduisant et bien construit dans sa forme. Mais sur le fond, il ne tient pas la route.
un ballon d’essai en parlant de la possibilité de dérembourser des médicaments à petits prix, qui sont utilisés par millions de boites, pour financer des médicaments plus coû- teux. Le problème est que les médicaments visés par le déremboursement, répondent à des besoins quotidiens de millions de Marocains. Ceci prouve une chose : le dis- cours des multinationales pharmaceutiques au sujet du financement des médicaments a fini par trouver des oreilles attentives
au sein même de l’institution nationale qui gère l’assurance maladie. Il confirme des rumeurs qui circulaient dans le secteur de la santé depuis plusieurs mois. Ainsi, c’est le segment des médicaments les moins coûteux, c’est-à-dire ceux de la première tranche de prix (prix public de vente infé- rieur à 300 dirhams) et peut-être aussi ceux de la 2ème tranche de prix (PPV compris entre 300 et 1.000 dirhams) qui devront être déremboursés en grande partie pour
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