Découvrez le numéro 1022 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 6 mai 2021 - 8 DH - N° 1022
PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC
Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i
Financement de projets Le patronat accueille le crowdfunding à bras ouverts
Grand emprunt national L'Etat souhaite mobiliser 5 Mds de dirhams
P. 12
P. 13
La mauvaise herbe dans la maison PJD P. 26/27 LOI SUR LE CANNABIS
Système sanitaire
Conjoncture
Médias
«La santé doit au minimum bénéficier de 8% du budget de l’Etat»
Le long calvaire des journalistes
Le soldat Maroc en convalescence
● Jaâfar Heikel, épidémiologiste et économiste de la
santé, nous livre dans cet entretien les défis en termes de budgéti- sation et de parcours de soins auxquels est confronté le système de santé national. P. 18/19
P. 34
P.16
Marché de la ferraille
Le retard de vaccination en Europe pèse sur le Maroc Reprise économique
Les opérateurs en croisade contre les unités informelles
P. 17
P. 21
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
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S OMMAIRE
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> Actualité
Voyons voir : P… de vie ! Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde
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Editorial
> Bourse & Finances
Point Bourse Hebdo : La perspective d'une levée des restrictions soutient le marché Financement de projets : Le patronat accueille le crowdfunding à bras ouverts Grand emprunt national : L'Etat souhaite mobiliser 5 Mds de dirhams 11 12 13
R eprise économique. Et si ce n’était qu’une simple vue de l’esprit ? Les 4,5% de croissance prévus par la Banque africaine de développement (BAD), les 5,3% de Bank Al-Maghrib (BAM), les 4,6% du haut- commissariat au Plan (HCP) ou encore les 4,5% du fonds monétaire international (FMI) relèvent-ils du domaine du possible ? On a quand même du mal à y croire, car au rythme où vont les choses, difficile d’imaginer que l’économie maro- caine connaitra une croissance vigoureuse en 2021. En réalité, la reprise n’est pas telle qu’on pouvait l’imaginer il y a quelques mois, quand bien même il y a eu un frémissement, avec l’amélioration de certains indicateurs macroécono- miques : les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l'étranger (MRE) ont augmenté de 41,8% au titre des trois premiers mois de cette année, les échanges com- merciaux ont été marqués par un allégement du déficit com- mercial de 11,2% à 5,63 milliards de dirhams sur la même période… L’économie nationale ronronne toujours, chahutée par les nombreuses mesures de restrictions en vigueur au niveau local et par sa dépendance de l’extérieur, avec des échanges entre le Royaume et ses principaux partenaires plombés encore par la crise sanitaire.… Une crise qui perdure malgré la campagne de vaccination et qui est exacerbée par l’appa- rition des variants. Le Maroc vient d’ailleurs de détecter la présence de deux cas du variant indien sur son territoire. De quoi ne pas motiver le gouvernement à lever les restric- tions et libérer davantage la machine économique. Sauf que l’on ne peut pas continuer à la maintenir sous perfusion, en mobilisant à chaque fois le Comité de veille économique pour assister les secteurs sinistrés. Cela suffit-il à stopper l’hémorragie ? Pas sûr. Les opérateurs économiques souffrent toujours, particulièrement ceux opé- rant dans le tourisme, la restauration… Et tout cela se reflète sur les statistiques du marché du travail, avec une augmen- tation du chômage et de l’inactivité, particulièrement parmi les femmes et les jeunes. Ainsi, selon le HCP, entre le pre- mier trimestre 2020 et celui de 2021, et avec une création de 56.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 258.000 en milieu rural, 202.000 postes d’emploi ont été perdus au niveau national. Le taux de chômage est ainsi passé de 10,5 à 12,5% au Maroc. Et il y a de quoi être inquiet, puisque les experts s’attendent à une hausse des défaillances d’entreprises durant ce premier semestre. C’est dire que nous sommes toujours dans la tourmente économique. u TOURMENTE ÉCONOMIQUE Par Fatima Ouriaghli
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> Economie
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Conjoncture : Le soldat Maroc en convalescence Reprise économique : Le retard de vaccination en Europe pèse sur le Maroc Entretien avec Jaâfar Heikel : Système sanitaire, «la santé doit au minimum bénéficier de 8% du bud- get de l’Etat» Expropriations : Une nouvelle proposition de loi au Parlement Marché de la ferraille : Les opérateurs en croisade contre les unités informelles Le long calvaire des journalistes
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> Focus Agricole
Agriculture du futur : Place à la technologie pour améliorer le rendement 24
> L'univers des TPME
Promotion de l’entrepreneuriat : Bank Of Africa met les bou- chées doubles 25
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> Politique Loi sur le cannabis : La mauvaise herbe dans la maison PJD 26
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> Société
Entretien avec Pr Azeddine Ibrahimi : Coronavirus, «le Maroc est dans l’obligation de surveiller les différents variants» 28 > Tribune libre La crise de la dette, prochaine crise mondiale ? 3 ème partie : Après la crise sanitaire, la crise de l’endettement Le droit de l’entreprise en difficulté : Pourquoi le Maroc n’a pas eu besoin de modifier les dispositions du livre V du code de commerce lors de la conjoncture pandémique de la Covid-19 ? 30 32
> Culture Arts plastiques : Ces maîtres «singuliers» 34 > High-tech Freelance : Un métier du futur 35
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• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05
V OYONS VOIR
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P… de vie !
Par D. William
N’ avez-vous pas l’impres- sion d’être dans un cercle vicieux ? D’être, depuis un peu plus d’un an, dans une bulle anxiogène, de stress ? De mener une vie presque au rabais, terne, sans ces artifices qui égaient le quotidien d’un être humain ? Bref, de tourner en rond, d’être oppressé par toutes ces restrictions qui vous poussent à vous interroger sur le sens de votre vie, résumée à l’«essentiel» : boulot (pour ceux qui en ont) – maison – dodo. Ce qui ressemble à une mise à l’épreuve qui dure depuis plus de douze mois devrait peut-être être appréhendée autrement désor- mais : il faut la voir comme une normalité afin de tout simplement mieux l’accepter. Car, rendons-nous à l’évidence, l’insouciance inconsciente avec laquelle nous menions nos vies, c’est fini. Fini aussi la désinvolture
avec laquelle nous considérions toutes ces choses, devenues soudainement si impor- tantes, si précieuses pour notre équilibre social : se serrer la main, se rendre visite, aller au cinéma, dans un night club… Tout devient désormais compliqué, sinon impossible. L’on ne s’en rend peut-être pas compte, mais le coronavirus nous désocialise et nous déshumanise, nous contraignant pratique- ment à une vie simpliste, voire primitive. Et si par un quelconque réflexe de survie, l’envie nous prend de refuser de gommer ce qui nous différencie de l’animal, il nous le rappelle, à sa manière, d’une façon souvent tragique. La moindre entrave à la discipline, à toutes ces convenances érigées en règles, est sévèrement sanctionnée par la multiplication des cas de contamination et des morts, si ce n’est par l’apparition de nouveaux variants.
Britannique, brésilien, indien,… : à chaque fois que les populations nourrissent l’espoir de retrouver une vie nor- male, un nouveau variant apparaît. Semant l’inquiétude dans le monde scientifique et le chaos dans certains pays. C’est le cas de l’Inde, foudroyée par une sévère seconde vague, avec en toile de fond un variant indien que l’on dit très contagieux et très dange- reux. Ce qui a poussé plusieurs pays, dont le Maroc (le 24 avril), à couper les ponts aériens avec ce pays de 1,4 milliard d’habitants. Ce qui n’a pas empêché le variant indien de s’inviter dans 18 pays, y compris dans le Royaume, précisément à Casablanca où deux cas ont été détectés. sud-africain, Ce qui vient donner aux autorités un motif supplémentaire pour continuer à faire entorse aux libertés individuelles. Fermeture de cer- tains lieux publics, restrictions de déplace- ment, couvre-feu… : voilà une p… de vie ! ◆
L’on ne s’en rend peut-être pas compte, mais le coro- navirus nous désocialise et nous déshuma- nise.
oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
Ç A SE PASSE AU MAROC
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Chloroquine : Retour dans les pharmacies le 1 er juin
L a chloroquine et l'hydroxychloroquine seront de nouveau en vente dans les pharmacies à partir du 1 er juin 2021. Cette décision est justifiée, selon le ministère de la Santé, par le bon déroulement de la campagne de vaccina- tion. La prescription et la vente de ces médicaments resteront sous contrôle. Rappelons que l'Etat marocain avait mis la main sur tout le stock disponible de chloroquine et d'hydroxychloroquine au début de la pandémie en 2020, pour rationner l’utilisation de ces médicaments utilisés, entre autres, dans le traitement du coronavirus. ■
Le marché en hausse de 11,3% au terme des quatre premiers mois de l’année
Médias : El Firdaous apporte son soutien au secteur
L a situation difficile des entreprises de presse, à la lumière de la pandé- mie de la covid-19, a été récemment au centre d’une réunion à Rabat entre le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othman El Ferdaous, et une délégation représentant l’Associa- tion nationale des médias et des éditeurs (ANME). La délégation, conduite par le pré- sident de l’ANME, Abdelmounaim Dilami, et composée de Fatima Zahra Ouriaghli, Ibrahim Mansour et Aziz Daki, a appelé le ministre à lui apporter son soutien dans le débat qu’elle veut entamer avec les grands groupes mondiaux (GAFA), après l’avoir informé des démarches qu’elle compte entreprendre à cet effet. Le ministre a promis de ne ménager aucun effort, d’une part, pour soutenir toutes les démarches que l’ANME souhaite entre- prendre pour le développement du secteur et, d’autre part, œuvrer en vue de conti- M aroclear vient d’obtenir la certi- fication ISO 22301- 2012. Cette réalisation démontre la capacité du Système de management de la conti- nuité d’activité – SMCA à fournir un cadre pour la résilience organisationnelle et opé- rationnelle. Elle lui confère aussi une capa- cité de riposte efficace contre les sinistres perturbateurs pour ainsi préserver les inté- rêts de ses parties prenantes, son image de marque et la valeur qu’elle génère. Pour Fathïa Bennis, PDG de Maroclear, «la certification s’inscrit dans l’engage-
nuer à soutenir les entreprises de presse durant les trois prochains mois. A cet égard, El Ferdaous a relevé que les arriérés de cotisations de sécurité sociale ont été versées et qu’elles étaient en cours de traitement par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Il a également souligné l’attachement du ministère à investir toutes les pistes per- mettant de soutenir le secteur et les entre- prises de presse dans le but de servir la profession et la mission qu’elle défend. ■
A u cours du mois d’avril 2021, le marché automobile a totalisé 14.793 immatriculations, soit une hausse de 20,2% par rapport à la même période de 2019 (2020 n’est pas prise en compte du fait du confinement et du quasi arrêt des ventes pendant trois mois). Depuis le début de l’année 2021, le cumul des livraisons est porté à 58.956 unités, soit une hausse de 11,3%. Dans le détail, le segment des véhicules particuliers a totalisé 52.185 immatriculations, soit une hausse de 9,7%. Celui de l’utilitaire léger est à 6.771 véhicules écoulés, soit une progression de 26,1%. ■
Maroclear décroche la certification ISO 22301
ment constant de Maroclear à améliorer sa résilience et à participer activement à la stabilité et au développement de la place financière». ■
2.547.519 C’est le nombre de cartes bancaires marocaines actives en paiement durant le 1 er trimestre 2021. Parmi elles, 871.627 sont actives en paiement sans contact.
Le chiffre de la semaine vous est proposé par
Ç A SE PASSE EN AFRIQUE
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Burkina Faso : La Caisse des dépôts
L'épidémie d'Ebola officiellement terminée en RDC
Vaccins : Pékin va faire un don de 300.000 doses au Sénégal
peine à centraliser ses fonds
Niger : Lancement de la campagne de vaccination contre la Covid-19 dans toutes les régions La centralisation des ressources « n’est pas effective, mais nous espérons qu’elle va se réaliser bientôt afin de nous per- mettre de financer les investissements en appui à la politique du gouvernement et au Référentiel national de développe- ment », a indiqué Thiéba, dans une interview publiée, mardi par le quotidien public Sidwaya. Selon les articles 18 à 26 de la loi 023 du 9 mai 2017, portant création de la CDC, la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO), la Poste Burkina Faso et la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) doivent transférer leurs réserves à la caisse. ■ Q uatre ans après sa création, la Caisse des dépôts et consignations n’a toujours pas pu mobiliser ses res- sources auprès de la Poste Burkina Faso, de la CARFO et de la CNSS, a affirmé son Directeur général, Paul Kaba Thiéba (photo), qui espère que cette centralisation se fera bientôt. A u Niger, il a été procédé, mardi 4 mai 2021, au lance- ment de la campagne de vaccination contre la Covid- 19 dans toutes les régions du pays. A Niamey, c’est le
L a Chine va faire un don de 300.000 doses supplémen- taires de vaccins de marque Sinopharm au Sénégal, selon l’agence de presse chinoise Xinhua, citant l’ambassade à Dakar du pays donateur. Ce don de vaccins contre la Covid-19 sera fait dans le cadre de la coopération entre les deux pays et sera réceptionné par les autorités sénégalaises au début du mois de mai. En février dernier, le Sénégal avait acquis 200.000 doses de vaccins du laboratoire pharmaceutique chinois Sinopharm, ce qui lui avait permis de lancer sa campagne de vac- cination. Le pays a ensuite reçu plus de 300.000 doses du vaccin Oxford/AstraZeneca, fruit de l’initia- tive internationale Covax, dont le but est de faciliter l’accès des pays en développement aux vaccins. Au total, 403.935 personnes ont été vaccinées au Sénégal depuis le 23 février, date du lancement de la campagne nationale de vaccination contre le coronavirus. ■
L a date du 3 mai 2021 marque la fin de la 12 ème épidémie de la maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC), trois mois seulement après la notification du premier cas au Nord-Kivu, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'épidémie d'Ebola, qui a réapparu en février, est survenue neuf mois après qu'une autre épidémie dans la même pro- vince a été déclarée terminée. L’OMS félicite les autorités de la RDC et les agents de santé sur le terrain pour leur réponse rapide, qui s’appuie sur l’expé- rience du pays dans la lutte contre les flambées d’Ebola. Cette épidémie est la quatrième que le pays connaît en moins de trois ans. ■
Afrique du Sud Le secrétaire général de l'ANC suspendu
ministre de la Santé publique, Dr Idi Illiassou Maïnassara, qui a présidé cette cérémonie à l’hôpital Général de Référence. La veille de cette campagne, le ministre de la Santé a présidé une réunion du Comité de coordination inter agences au cours de laquelle il a annoncé que des consignes strictes ont été don-
L e parti du Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, a suspendu mercredi son secrétaire général, Ace Magashule, poursuivi dans une affaire de corruption. Dans une lettre signée par la secrétaire générale adjointe Jessie Duarte, l'ANC a déclaré que Magashule est suspendu tem- porairement en attendant l'issue de son affaire devant la justice. Le SG de l'ANC avait affirmé récemment qu'il ne compte pas quitter le parti, en dépit de la décision du Comité exécutif national élargi de l'ANC demandant aux membres poursuivis en justice pour corruption de démissionner volontairement. ■
nées dans toutes les régions du pays pour que cette campagne de vaccination contre la Covid-19 se déroule normalement, notamment avec le vaccin AstraZeneca pour les personnes âgées de 55 ans et plus, et le vaccin Sinopharm pour les personnes âgées de 18 ans et plus. ■
Ç A SE PASSE DANS LE MONDE
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L'UE s'attaque à la concurrence déloyale des entreprises chinoises
B ruxelles a proposé mercredi de s'octroyer de nou- veaux pouvoirs pour limiter les incursions dans l'UE des entreprises étrangères soutenues par l'État, une réponse européenne à la montée en puissance de la Chine. Avec cette proposition, la Commission européenne entend se donner les moyens de bloquer une acquisition ou l'accès à un marché public si une entreprise étrangère est trop lourdement subventionnée. «L'ouverture du marché unique est notre principal atout, mais elle doit s'accompagner d'une certaine équité» , a expliqué la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager.
La Danoise souligne que la législation en vigueur permet à l'UE de contrôler les aides accordées par les Etats membres, mais pas celles allouées par des pays tiers, ce qui crée des distorsions de concurrence. ■ Fiscalité mondiale Le taux minimal d'imposition sera sans doute inférieur à 21%
L e taux minimum d'impôt sur les bénéfices des mul- tinationales, qui sera mis en place dans le cadre des négociations sur la réforme de la fiscalité internationale, sera sans doute inférieur à 21%, a
France : Débat sur la légalisation du cannabis
L égaliser le cannabis pour «reprendre le contrôle» face aux trafiquants et mieux protéger les mineurs : c'est ce que recommandent les députés d'une mission par- lementaire dans un rapport publié mercredi, aux antipodes de la lutte antidrogue défendue en France par le gouvernement. «On propose de reprendre le contrôle en léga- lisant, mais avec une légalisation encadrée, régulée, considérant que la légalisation est la meilleure façon de prévenir les risques asso- ciés au cannabis et de rétablir la sécurité, donc finalement de protéger les Français» , a résumé en conférence de presse Caroline Janvier, la députée LREM (La République En Marche, parti au pouvoir) qui a coordonné ce travail.
estimé mercredi Pascal Saint-Amans, en charge des sujets de fiscalité à l'OCDE. En annonçant leur volonté d'augmen- ter à 21% le taux plancher d'impôt sur les bénéfices des entreprises américaines, quel que soit le pays où ils sont réalisés, les Etats-Unis ont relancé le débat sur le niveau du taux minimum d'impôt qui pourrait être décidé dans le cadre des négociations internationales. Jusqu'ici, le taux évoqué dans les discussions à l'OCDE était de 12,5%, qui corres- pond à celui en vigueur en Irlande. Après les annonces américaines, Paris et Berlin s'étaient dit favorables à la pro- position américaine, tout comme le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton. ■ USA : Facebook maintient l'inter- diction du compte de Donald Trump l'ancien président améri- cain, Donald Trump, sera maintenue à la suite d'une décision rendue mercredi par son Conseil de surveillance. Facebook, comme Twitter, avait exclu Trump à la suite de l'assaut en janvier dernier contre le Capitole. L'entourage de l'ancien président, qui a lancé un nouveau site web mardi, a dit étudier la possibilité de lancer son propre réseau social. Le 45 ème président des Etats-Unis comptait plus de 60 millions de followers sur Facebook et Instagram, l'autre réseau social détenu par la firme de Menlo Park. La décision laissera à l’ancien président une marge limitée pour se faire entendre auprès du grand public de la même manière qu'il le faisait lorsqu'il était président. ■ L’ i n t e r d i c t i o n par Facebook du compte de
Le budget alloué à la police, à la gendarme- rie et aux douanes pour la lutte antidrogue a quasiment doublé entre 2012 et 2018 pour atteindre 1,08 milliard d'euros annuels. Pourtant, la France reste championne d'Eu- rope de la consommation de cannabis, avec 5 millions d'usagers annuels et 900.000 fumeurs quotidiens. ■
Fonds européens : L'Espagne promet de réformer son
marché du travail
L’ Espagne réformera son marché du travail pour le rendre moins précaire d'ici début 2022, en échange des fonds du grand plan européen de relance, un objectif qui pourrait créer de nouveaux remous au sein de la coalition de gauche de Pedro Sanchez. «Notre objectif est de nous doter début 2022 d'un nouveau droit du travail afin de pouvoir canaliser une croissance riche en emplois de qualité» , a assuré mercredi la ministre de l'Economie, Nadia Calviño, lors d'une confé- rence de presse. Cette réforme est demandée par la Commission européenne à l'Espagne, pour pouvoir bénéficier des 140 milliards d'euros
attribués à Madrid dans le cadre du méga- plan de relance européen. Le marché du travail espagnol est caractérisé par une grande précarité, avec environ un tiers de contrats temporaires, un record en Europe. ■
B OURSE & F INANCES
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Point Bourse Hebdo
Evolution de l'indice Masi depuis mai 2020
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La perspective d'une levée des restrictions soutient le marché ◆ Le Masi affiche une hausse de 5% en 2021 et s'approche des 12.000 points.
de février, avec une volumétrie de 14,5 MDH le 5 mai, soit le niveau de partici- pation le plus élevé de l'année 2021 sur le titre. Il faut revenir à mai 2020 pour trouver un volume supérieur. A l'époque, l'action était sur ses plus bas historiques autour de 5,5 DH. Désormais, les investisseurs ont le regard tourné sur les 12.000 points, niveau tech- nique dont la cassure a accéléré la baisse l'an dernier et sur lequel l'indice revient après 13 mois. Un mois d'avril bien orienté La Bourse de Casablanca a achevé le mois d'avril en territoire positif, profitant notamment de la bonne tenue de l'indus- trie pharmaceutique, de l'agroalimentaire et des distributeurs. Le Masi a avancé de 2,85% à 11.811,23 points, parallèlement à la publication des comptes des émet- teurs. Plus en détails, la Bourse a vu 17 indices sectoriels finir sur une notre posi- tive, contre 6 qui ont perdu du terrain et un seul secteur en stagnation. Le secteur
de l'industrie pharmaceutique (+11,63%) a signé la meilleure performance secto- rielle, devançant les secteurs des distri- buteurs (8,51%) et des boissons (7,95%). En revanche, le secteur des ingénieries et biens d'équipement industriels a lâché 7,96%, au même titre que celui des sociétés de financement et autres acti- vités financières (2,55%) et des sociétés de placement immobilier (2,16%). La capitalisation boursière, quant à elle, s'est chiffrée à plus de 611 milliards de dirhams, tandis que le volume global des échanges s'est établi à près de 2,15 Mds de DH. Aux valeurs individuelles, les plus fortes hausses ont été réalisées par Fenie Brossette (34,4%), Ennakl (18,94%) et Sothema (12,78%). En revanche, les plus lourdes baisses ont été accusées par Delattre Levivier Maroc (10,11%), IB Maroc (4,76%) et Stroc Industrie (4,62%). LafargeHolcim Maroc, Attijariwafa bank et BCP ont été les instruments les plus actifs avec des parts respectives de 17,72%, 12,3% et 10,19%. ◆
L e marché intègre de plus en plus une ouverture accélérée de l'économie post-Rama- dan. Les volumes sont de plus en plus étoffés et montrent un retour des investisseurs qualifiés sur le marché, parallèlement à des indicateurs macroéconomiques encourageants et des statistiques sectorielles positives en provenance de l'automobile et, sur- tout, du ciment. Le marché automobile, considéré comme indicateur avancé de la confiance des ménages, affiche une progression de plus de 11% sur les 4 premiers mois de l'année par rapport à 2019. Les ventes de ciment, elles, explosent avec en cumul, à fin avril 2021, des livraisons de ciment de 4.563.355 tonnes contre 3.819.014 tonnes à fin avril 2020, soit +19,49%. Des données qui semblent profiter aux secteurs cycliques avec, par exemple, Addoha qui est revenue sur ses niveaux Par A. Hlimi
Les volumes de plus en plus étoffés montrent un retour des investisseurs qualifiés sur le marché.
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BOURSE & FINANCES
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Financement de projets
◆ Toujours en attente des textes d'application, le crowdfunding suscite déjà de l'engouement. Le patronat accueille le crowdfunding à bras ouverts L e patronat, et plus p a r t i c u l i è r e m e n t sa branche ban- caire et financière, la Fédération des sec- ture n'existe pas », notant que les sociétés de microfinance ne collectent pas l'épargne auprès du public, mais via d'autres organismes. Par A. Hlimi
Mehdi Alaoui, Founder & CEO de la StartupFactory, a, quant à lui, dit que le crowdfunding se veut un outil de finance- ment complémentaire « qui va changer la donne », notam- ment dans les secteurs de l'innovation et des nouvelles
teurs bancaire et financier (FSBF), ont pris les devants pour encourager les opéra- teurs à investir dans le crowd- funding et les entreprises à utiliser ce moyen de finance- ment pour lever des fonds. Lors d'une rencontre organi- sée par la CGEM, les inter- venants ont en effet souligné l'importance de ce mode de financement de projets par le public comme un acteur incontournable dans l'écosys- tème de l'innovation et un partenaire infaillible des start- up, notamment en ces temps de pandémie. Lotfi Sekkat, président de la Fédération, a expliqué la différence entre la microfi- nance et le crowdfunding. Il a relevé qu'il s'agit de deux mécanismes de financement qui peuvent parfois s'adres- ser au même public, mais qui sont tout de même différents. « D'un point de vue technique, la première grande différence est que le crowdfunding fait appel directement à l'épargne du public, alors qu'en cas de microfinance, cette ouver-
technologies, une fois les textes d'application promulgués. « Au niveau des finance- ments qui existent, on
Le rendement des pro- jets peut être négatif comme il peut être extrêmement élevé.
est toujours dans une rela- tion «one to one». Là, pour la première fois, on est dans un nouveau type de financement où plusieurs acteurs qui ne se connaissent pas peuvent se syndiquer pour investir dans un projet », a-t-il fait observer. Ainsi, tout le monde peut devenir investisseur grâce à ce mode de financement incontournable, a-t-il enchaî- né, notant qu'il s'agit d'une aubaine pour les porteurs de projets créatifs et innovants. Le Directeur général de Crédit Agricole du Maroc, Abdelmounaim Dinia, a, pour sa part, noté que le crowdfun- ding est un instrument finan- cier qui viendra s'ajouter à la panoplie des produits de
financement qui sont offerts par les banques en vue de répondre au maximum aux besoins de financement de la clientèle. Il s'attend à ce que les banques lancent des filiales dédiées :« les banques constituent les acteurs princi- paux de ce mode de finance- ment; elles doivent être partie prenante de ce projet globa- lement». «Il y a même matière à investir dans une démarche de meneurs et de leaders sur ce chantier à même de déclencher une dynamique nationale », a-t-il poursuivi. Au niveau continental, le coprésident du Financement participatif Afrique et
Méditerranée (FPAM) et fondateur de CoFundy et d'Afrikwity, Thameur Hemdan, a soulevé que le développe- ment du crowdfunding en Afrique est prometteur, mais reste, en revanche, « en retard par rapport aux autres conti- nents ». Les montants levés en crowd- funding en Afrique sont aux alentours de 500 millions de dollars, tandis qu'ils sont vers les 40 milliards de dollars au niveau mondial, a-t-il fait savoir. Selon lui, les rendements peuvent être négatifs et les investisseurs doivent l'assimi- ler. Mais les bons projets ont permis à certains de multiplier par 10 leurs mises initiales. Au niveau africain, 70% des montants qui ont été mobi- lisés pour les financements des projets dans le continent viennent de l'étranger, a-t-il fait remarquer à cet effet. ◆
Au niveau africain, 70% des montants qui ont été mobilisés pour les finance- ments des projets dans le continent viennent de l'étranger.
Adoptée et publiée en février dernier, la loi sur le crowdfunding nécessite encore les textes d'application. Selon le ministère des Finances, ces textes sont «bien avancés» et seront proba- blement publiés d'ici le deuxième semestre. En attente des textes réglementaires
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BOURSE & FINANCES
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Grand emprunt national
◆ Toujours en préparation, l'emprunt national devrait être lancé au deuxième semestre de cette année. L'Etat souhaite mobiliser 5 Mds de dirhams C’ est Ahmed Zhani, économiste au sein de CDG Capital Insight, qui a laissé entendre, à l'occasion d'un Les opérateurs s'attendent à ce que l'opération soit lancée au début du deuxième semestre. Au sein de la gestion d'actifs, secteur également impliqué dans la distribution de ce futur instrument, les opérateurs sont nombreux à estimer que cet emprunt devrait être le premier d'une série de plusieurs émissions en cas de réus- site. Par A. Hlimi
Rappelons que la réflexion sur le grand emprunt national prévu pour 2021 est menée de manière concer- tée avec les principaux acteurs du marché, notamment les banques, les sociétés de gestion, les sociétés de Bourse et la Bourse de Casablanca, et ce depuis fin 2020. Ce qui est recherché, avant tout, à travers cet emprunt, est de renforcer l’appar- tenance nationale et la solidarité patriote en donnant la possibilité aux citoyens de participer à l’effort de financement des grands chan- tiers initiés par le Roi, dont notam- ment le chantier de la généralisa-
tion de la couverture sociale à tous les Marocains et le chantier de la relance économique post-Covid-19. Outre ce premier objectif entrant dans le cadre de la solidarité, l'Etat cherche, à travers le lancement de cet emprunt national, à renforcer l’inclusion financière via la promo- tion de l’éducation financière de la population cible, l’objectif étant de stimuler la mobilisation de l’épargne nationale pour qu’elle contribue de manière plus importante au finan- cement de l’économie et réduire ainsi les déséquilibres macroécono- miques. ◆
webinaire mardi, que l'Etat souhaite mobiliser cette enveloppe. Il faut dire que le ministère des Finances organise plusieurs rencontres avec les parties prenantes pour finali- ser cet emprunt qui sera ouvert au Marocains résidents et non-rési- dents et sera coté en Bourse pour en assurer la liquidité.
Pour Ahmed Zhani, ce montant, s'il est atteint, n'aura pas d'impact significatif sur la courbe des taux, 5 Mds de dirhams étant ce que peut lever l'Etat en deux adjudications hebdomadaires.
E CONOMIE
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Conjoncture
◆ Le Maroc retrouve petit à petit ses équilibres macroéconomiques en attendant les effets du plan de relance. Le soldat Maroc en convalescence L a Bourse est à quelques encablures de ses niveaux de début de 2020, les taux d'emprunt du Par A. Hlimi
effets violents et massifs de la pandémie sur la croissance et l'emploi. Pour Ahmed Zhani, économiste au sein de CDG Capital Insight, qui interve- nait à l'occasion d'un webi- naire organisé par la Bourse de Casablanca et l'APSB, leMaroc a été sauvé par «la nature de son modèle économique basé sur la demande intérieure, l'en- dettement public et la rigidité du marché de l'emploi». Ceci a permis d'amortir le choc. Il soulève même la prouesse des autorités financières et moné- taires qui ont permis aux taux d'emprunt de l'Etat de baisser et de se stabiliser, alors que le besoin de financement du Trésor a doublé en 2020. Au final, l'économie aura tout de même connu une baisse de 7%, avec une forte dégra- dation de la demande des ménages, des exportations et des investissements. Un pacte de relance qui reste à concrétiser Désormais, les regards sont
tournés vers le plan de relance qui peine à se concrétiser sur plusieurs aspects. Car, si le gouvernement a fait vite pour faciliter la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, force est de constater que ce mécanisme n'est toujours pas effectif. Pour le moment, sur les 120 Mds de dirhams du plan, c'est la partie monétaire qui est active, avec notamment les crédits relance. Mais bientôt, les entreprises auront besoin de soutien financier durable avec des injections en capital, notamment dans le tourisme et chez les PME. Shooter les entreprises en trésorerie per- met de ne pas engager leur pronostic vital. Mais cela ne sera pas suffisant pour les remettre sur pied. Il faudra de la commande publique, des capitaux durables et à faibles coûts. En attendant, Zhani énumère les risques auxquels on doit faire face à court terme. Il s'agit tout d'abord de la recru- descence du secteur informel et la hausse de la circulation fiduciaire, faisant remarquer que la masse monétaire est de plus en plus liquide. Aussi, la reprise de l'activité peut provoquer un creusement du déficit commercial avec un impact sur les réserves de change. Enfin, il est question de surveiller les créances en souffrance et leur impact sur le bilan des banques. Ces éléments combinés n'en- travent pas la reprise méca- nique attendue en 2021, puis une stabilisation de la crois- sance en 2022. Le Maroc sera
aidé cette année par l'excel- lente campagne agricole, mais l'Etat devra faire avec une amputation de 65 Mds de dirhams de recettes fiscales dues à la pandémie. Pour le Trésor, les bonnes condi- tions d'endettement devront se poursuivre bien que les levées resteront importantes. «Malgré la légère reprise des recettes fiscales en 2021, l’équilibre budgétaire s’affiche toujours difficile à atteindre face à des dépenses globales toujours en hausse», com- mente l'économiste. A ce titre, l’endettement au titre du budget général devrait aug- menter à 80% du PIB. Nos espoirs en cette année tou- jours marquée par la pandé- mie ? Un retour progressif de la demande et une bonne saison agricole 2020/2021. Si le second est quasi-acquis, le premier reste à prouver et sera intimement lié au rythme d'ouverture de l'économie. Pour Ahmed Zhani, le retour de la croissance sera sans impact significatif sur l’infla- tion, avec un léger retour des pressions sur l’équilibre exté- rieur. Toutefois, à l’image de la crise de 2008, la croissance non agricole devrait se redres- ser progressivement en atten- dant le retour à une situation d’équilibre sur le marché de l’emploi et la reprise des cré- dits aux ménages. Pour ce qui est de la situation du Trésor et du marché des BDT, les levées resteront importantes, mais sans impacts significatifs sur la courbe des taux, sous l’hypothèse d’un cadre moné- taire stable. ◆
Trésor se stabilisent autour de leurs plus bas historiques et le déficit de liquidité bancaire se résorbe petit à petit. A croire que le marché financier a qua- siment tourné la page de la pandémie. Si cette tendance est mondiale, gate à ne pas crier victoire trop vite, car les marges de manœuvre de l'Etat se resserrent sur plusieurs volets.
Des impacts mitigés de la crise
Les regards sont tournés vers le plan de relance qui peine à se concrétiser sur plusieurs aspects.
Heureusement pour l'écono- mie marocaine, l'allègement du déficit de la balance commer- ciale du fait de la fermeture des économies pendant le confi- nement, l'absence d'inflation et l'ouverture des vannes du crédit sont tous des éléments qui ont permis de contrer les
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Reprise économique
Perspectives de l’éco- nomie marocaine : Ce qu’en dit Selin Ozyurt
Le retard de vaccination en Europe pèse sur le Maroc
◆ Le retard des campagnes de vaccination au sein de l’Europe pèsera sur la reprise économique au Maroc, et particulièrement sur le secteur touristique. ◆ Au vu des derniers développements sanitaires, Euler-Hermes estime que le PIB marocain rebondira de l’ordre de 4,2% en 2021 et de 3,6% en 2022.
«Au vu des derniers développe- ments sanitaires, nous estimons que le PIB marocain rebondira de l’ordre de 4,2% en 2021 et de 3,6% en 2022. La reprise écono- mique en 2021 sera tirée par le redressement des exportations (+8.7%), mais aussi par la relance de la demande interne. La vigueur de la demande mondiale soutien- dra particulièrement les exporta- tions des secteurs du phosphate et ses dérivés ainsi que la fabri- cation de pièces automobiles. Par ailleurs, le plan de stimulus amé- ricain de l’administration Biden devrait générer une hausse des importations américaines depuis le Maroc de +360 Mds USD en 2021 et 2022. Ce stimulus augmentera la demande américaine adressée aux produits en provenance du Maroc d’environ 5 Mds d’euros (représen- tant 16% d’exportations de l’année 2019). Toutefois, cette hausse ne pourra compenser que partielle- ment les pertes attendues en 2021 dans le secteur du tourisme. À l’instar de l’été dernier, il va se tourner vers le tourisme domes- tique pour limiter les pertes du secteur mais sans pour autant générer des rentrées de devises, dont le pays dépend. Pour clore, il faudrait souligner que le suc- cès de la campagne de vaccina- tion est un atout majeur pour la reprise de l’activité du tourisme au Maroc. A la date du 15 avril 2021, le pourcentage de la population marocaine ayant reçu deux doses de vaccin contre la Covid-19 était estimé à 12%, deux fois plus élevé que dans les pays de l’UE (don- nées OMS)». ◆
premier partenaire économique du Royaume, laisse envisager un impact sur l’économie nationale qui demeure fortement dépendante de la reprise européenne. Car ce ralentissement de la vaccination reste accompagné de mesures restrictives pesant sur plusieurs secteurs, à leur tête le tou- risme. « Les restrictions sanitaires se sont endurcies en Europe depuis le début du deuxième trimestre 2021. L’économie marocaine continuera ainsi de subir les effets négatifs du ralentissement de la demande chez ses principaux partenaires commer- ciaux tels que l’Espagne, la France, l’Italie et l’Allemagne. La mise en place de nouvelles restrictions et de contrôles aux frontières risque de retarder le démarrage du secteur touristique et peser sur ses perspec- tives de croissance », analyse Selin Ozyurt. En outre, les secteurs de l’auto- mobile, de l’aéronautique ainsi que du textile seront certainement les grands perdants du ralentissement de la demande européenne. À fin février, tous secteurs confondus, les recettes d’exportations avaient enregistré une baisse limitée à 2,5% (1,2 milliard de dirhams). Cependant, les pertes d’exportations étaient bien plus prononcées dans les secteurs plus exposés aux aléas de la pandémie, dont celui du textile et du cuir (-17%) et l’aéronautique (-22%). « Ces secteurs risquent d’en- registrer des pertes plus importantes avec la dégradation de la situation sanitaire en Europe », estime Selon Ozyurt. ◆
L a reprise économique dépend indubitablement de la course au vaccin. Si aujourd’hui des pays comme Israël ou l’Angleterre sont bien avancés dans leurs campagnes de vaccination et entament l’ouver- ture de leurs économies, d’autres sont à la traîne, ce qui risque de porter préjudice à la relance écono- mique. « La course vers l’atteinte de l’immu- nité collective sera déterminante pour la reprise économique. Par exemple, le rythme de vaccination est plus avancé aux Etats-Unis ainsi qu’au Royaume-Uni comparé à l’Europe, ce qui devrait permettre aux deux pays de rebondir plus rapidement. Au rythme actuel, les États-Unis et le Royaume-Uni atteindront l'immu- nité collective dès le mois de mai », nous confie Selin Ozyurt, économiste senior, responsable de la région Afrique au sein de Euler-Hermes. Et d’ajouter : « L'Union européenne, en revanche, devrait être en mesure de vacciner sa population vulnérable d'ici l'été. L'immunité collective ne sera probablement donc pas atteinte avant l’automne, à moins qu’il y ait une accélération marquée du rythme actuel. Nous devrions certainement attendre une année supplémentaire pour rattraper l’activité perdue en Europe et retrouver notre trajectoire de croissance pré-Covid-19 ». Par B. Chaou
La course vers l’atteinte de l’immunité collective sera déterminante pour la reprise économique.
Le Maroc impacté Le retard de vaccination en Europe,
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«La santé doit au minimum bénéficier de 8% du budget de l’Etat» Système sanitaire
◆ Sur la base d’une étude consacrée au système de santé, Jaâfar Heikel, épidémiologiste, professeur de médecine préventive, spécialiste des maladies infectieuses et économiste de la santé, nous livre dans cet entretien les défis en termes de budgétisation et de parcours de soins auxquels est confronté le système de santé national, surtout après les difficultés relevées par la Covid-19.
Propos recueillis par B. Chaou
Finances News Hebdo : Quel impact a eu la crise sanitaire de la covid-19 sur le système de santé au Maroc ? Jaâfar Heikel : Je pense que la Covid-19 n’a pas créé qu’une crise sanitaire seulement, mais aussi une crise sociale et économique, que ce soit au Maroc ou ailleurs. Le volet sanitaire est simplement un des trépieds des consé- quences. La première conséquence, c’est que nous nous sommes aperçus de la vulnérabilité des systèmes de santé à travers le monde. Le pre- mier exemple, c’est le système italien qui s’est quasiment écroulé sous le flux des patients. Il a montré son incapacité à fournir des soins inten- sifs ou de réanimation pour tous les patients, lui imposant des choix pénibles et difficiles. Tous les systèmes de santé à travers le monde ont été débordés à cause d’une probléma- tique commune : ils n’étaient pas préparés et ils n’étaient pas suffisamment résilients pour faire face à un afflux massif de patients dans un contexte pandémique. C’est la première fois d’ailleurs dans l’histoire de l’épidémiologie qu’une pandémie met à genoux les systèmes de santé dans le sens le plus large du terme. Et la deuxième conséquence, c’est la mise sous pression de tout le système hospitalier, condui- sant à sa non-utilisation par les autres malades, et en particulier ceux souffrant de maladies chroniques tels le diabète, l’hypertension, ou encore l’insuffisance rénale. Ces patients ont subi la pression de la covid-19 sur le système de santé, et beaucoup ont eu des retards de diagnostic et de prise en charge. S’agissant de la troisième conséquence, elle concerne l’organisation du système de santé. Dans certains pays, dont le Maroc, nous nous sommes aperçus que les mécanismes de par- tenariat public-privé n’étaient pas optimaux en
Au Maroc, le citoyen est le premier contributeur au système de santé, sup- portant 63% des dépenses.
termes d’offres de soins, et que des besoins de base comme les tests de diagnostic man- quaient. Malheureusement, les personnes habituées à prendre en charge ce genre de pathologie n’étaient pas préparées et pas suf- fisamment importantes en nombre pour faire face à l’afflux des patients (manque d’infectio- logues, de réanimateurs, entre autres). Voici globalement les conséquences de cette crise sanitaire, observées partout dans le monde. Nous devons tout de même féliciter le Maroc pour sa gestion de la crise, et sa réac- tivité qui a nécessité énormément de moyens financiers grâce à des décisions royales clefs. Les indicateurs phares de la pandémie ont été parmi les plus optimaux dans le monde, comme le nombre de cas graves hospitalisés et la létalité. F.N.H. : Sur la base de votre étude, quelles sont les incohérences rele- vées en termes de rationalisation du budget et sa répartition ? J. H. : Partout dans le monde, y compris dans
le système marocain, les budgets de santé sont toujours à relativiser par rapport aux trépieds de la demande, besoin et offre. Si nous suivons les recommandations de l’Orga- nisation mondiale de la santé (OMS) ou encore la déclaration d’Abuja, les budgets de santé devraient se situer entre 10% et 15% du bud- get total de l'État. Mais actuellement, nous en sommes très loin, car le Maroc est plutôt aux alentours de 6%. Ce qui est problématique chez nous, c’est que l’augmentation du budget de la santé au cours des 15 dernières années est relative et à relativiser, car ce dernier repré- sente toujours entre 5,8 et 6% du PIB. La santé au Maroc gagnerait à bénéficier d’au moins 8% du budget total de l’Etat, réserver au minimum 25% de ce budget à la prévention, réduire les dépenses inutiles et faire en sorte d’optimiser la gouvernance des systèmes de santé par une meilleure fluidité du parcours du patient. C’est le premier point quantitatif, mais il y a aussi le volet qualitatif à prendre en compte, qui concerne la répartition du budget de la santé et son utilisation.
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nous allons clairement pouvoir améliorer l’accès des citoyens aux services de santé.
Cette répartition pose problème au Maroc, car les clés de la répartition ne sont pas toujours évidentes et, très souvent, les politiques pri- vilégient le curatif au préventif parce que le curatif donne des résultats «plus rapides» et «plus visibles». Alors que le préventif prend des années avant que l’on puisse voir ses résultats. Le budget est donc un élément qui va jouer un rôle important, mais ce n’est pas une fin en soi. L’augmentation du budget de la santé non accompagné d’une répartition beaucoup plus logique vers les régions et dans le cadre d’une adéquation besoin-demande- offre, serait inutile. F.N.H. : Quel constat tirez-vous des coûts de soins ? J. H. : Notre étude a montré un parcours de soin erratique et illogique qui fait beaucoup dépenser aux citoyens, et qui ne fait rien gagner à l’Etat. Je rappelle que le premier contributeur au système de santé au Maroc est le citoyen et non le ministère de la Santé. Ce dernier ne participe qu’à hauteur de 27% des dépenses au moment où le citoyen contribue pour 63% (50,7% de contribution directe et 12,6% de contribution à la couverture médi- cale de base). Nous sommes l’un des premiers pays au monde où les dépenses de santé sont en grande partie supportées par les citoyens. Il est à rappeler que l’OMS considère comme dépenses de santé «catastrophiques» une contribution des ménages à 25% et plus. Il faut faire en sorte que l’organisation de finan- cement de notre système de santé connaisse une plus grande part contributive de l’Etat et des régions (collectivités locales) et que la complémentarité vienne des ménages (impôts ou assurances privées complémentaires) pour qu’ils ne soient pas le principal contributeur. Ce que nous avons aussi relevé comme inco- hérence, c’est que le soin pour certaines pathologies coûte plus cher dans le secteur public que dans le privé. Le second constat est que les gens du secteur public dépensent plus que les salariés du privé pour les mêmes pathologies, avec un écart dans certains cas de 300%. L’autre précision est que des dépenses comme le séjour et le médicament, qui sont des postes extrêmement importants dans le secteur privé, sont totalement en inadéquation avec ce qui est observé dans le secteur public, alors qu’il ne devrait pas y avoir de grands écarts. Nous remarquons aussi que les personnes qui ont une couverture médicale ou une assurance maladie, qu’elle soit AMO ou privée, font dans 90% des cas le choix de se faire soigner dans le privé. Cela impacte la poche du citoyen car il est plus cher de se faire soigner dans le privé
que dans le public. Le dernier constat est qu’à peu près 26% des Ramedistes se font soigner dans le privé, et c’est là la double peine de ce parcours de soin. F.N.H. : Comment le partenariat public- privé pourrait-il contribuer à l'amélio- ration du parcours des patients ? J. H. : Dans la santé, le partenariat public- privé est essentiel, et nous l’avons vu dans le cadre de la Covid-19 dans la première phase de la pandémie. Heureusement que le secteur privé était présent aux côtés du secteur public pour contribuer à la prise en charge des malades. Par ailleurs, je vois ce partenariat public-privé dans la réponse à des pathologies et dans l’investissement dans les systèmes de santé quand l’Etat n’en a pas les moyens. Par exemple, dans le cadre de l’hémodialyse, le privé a pris en charge beaucoup de patients et c’est l’Etat marocain qui payait pour ces gens là. Je vois aussi ce partenariat en biologie, en radiologie et dans différentes disciplines, mais à condition qu’il soit «win-win», pas que dans sa composante financière, mais aussi humaine et de transferts de valeur ajoutée. Cependant, le partenariat public-privé n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen pour mettre en commun les compétences et les outils de chacun pour un objectif unique, améliorer la santé des citoyens. Même si ce partenariat doit se conceptualiser au niveau national, il doit être pensé sur le plan régional. F.N.H. : Comment rendre efficace la couverture sanitaire universelle selon-vous ? J. H. : Il est extrêmement important d’élargir la couverture sanitaire universelle, mais dans une autre perspective. Nous pouvons imagi- ner qu’au niveau des régions, les assurances privées et les collectivités locales contribuent à la mise en place d’un fonds de sécurité sociale qui puisse bénéficier aux personnes n’ayant pas accès aux services de santé. A ce moment-là, il faut définir le paquet de soins minimum au niveau de chaque région et mettre en place des mécanismes pour avoir une équité de traitement des patients. Pour des services supplémentaires, ils paieront un ticket modérateur, que ce soit à partir d’une assurance complémentaire du privé ou sous une autre forme de cotisation. Mais le plus important est que la couverture sanitaire universelle ait sa dimension universelle, car l’accès actuellement est partiel et non total aux citoyens. En réfléchissant à un partenariat public-privé plus structurant et plus pérenne en matière de couverture sanitaire universelle,
F.N.H. : Afin d'avoir un système de santé résilient et efficace, à com- bien pourrait-on évaluer le besoin en termes de budget ? Et vers quels types de besoins irait-il ? J. H. : Il est évident que le budget consa- cré à la santé doit être revu à la hausse. Nous pouvons procéder à son amélioration par étape, en le ramenant dans un premier temps à 8% du budget général de l’Etat, puis à 10% d’ici cinq ans par exemple. La crise de la Covid-19 nous a montré l’importance de relever le budget de la santé pour le porter à un niveau acceptable. Mais l’enjeu sera bien évidemment la répartition de ce bud- get. Nous devons aussi axer l’effort dans la prévention sur les maladies chroniques (78% des décès au Maroc) qui coûtent aujourd’hui cher à l'État, ainsi que dans les ressources humaines et les infrastructures dans le cadre du partenariat public-privé, tout en faisant participer les collectivités locales. Une refonte du système de santé demandée par Sa Majesté depuis 2018 nécessite de ne pas persister dans les mêmes erreurs de gouvernance, de changer de paradigme en matière de politiques publiques sanitaires et sociales. ◆
Comme incohérence, nous avons constaté que le soin pour certaines pathologies coûte plus cher dans le secteur public que dans le privé.
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