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ECONOMIE
JEUDI 6 MAI 2021 FINANCES NEWS HEBDO
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pandémie a été une occasion pour un nouveau type de jour- naliste, souvent sans expérience aucune, muni d’un diplôme fraî- chement obtenu, un appareil photo à la main et un micro avec un sigle, partant à la pêche à l’info, souvent sans profondeur, sans recoupements, sans véri- fications et sans qualité. C’est
l’ère du temps qui veut que des personnes souvent sans compé- tence rejoignent la corporation des journalistes et font dans le travail bâclé et sans teneur, au détriment d’une presse respon- sable, profonde, exigeante, assise sur l’expérience et le métier. Entre nouveaux médias, médio- crité ambiante, recyclage des
compétences, changement de métier, salaires très bas, souvent sans être déclarés et sans cou- verture sociale, les journalistes marocains souffrent de plusieurs maux qui se sont aggravés avec la crise du coronavirus. Et tous les indicateurs nous montrent que cette situation n’est pas prête de changer. ◆
choisi de ne plus jamais retra- vailler dans une rédaction, où les anciens comme moi n’ont plus de place», explique ce journaliste qui a dirigé de nombreuses rédac- tions et qui a été traité par sa direction comme un simple sta- giaire que l’on pousse à la sortie après la fin de sa période d’essai. Les exemples de ce type sont légion. Avec la pandémie, les journaux ont beaucoup souffert de la chute des recettes publi- citaires, mais des aussi ventes. Cela a gravement impacté le niveau de vie d’un grand nombre de journalistes qui n’ont eu que deux choix : accepter les cou- pures dans le salaire ou aller voir ailleurs. Certaines rédactions ont donné dans le pragmatisme le plus inhumain en licenciant plusieurs journalistes du jour ou lendemain. Raison invoquée : manque d’argent et manque de visibilité. Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que de nombreux journalistes for- cés à partir ne poursuivent même pas en justice les journaux qui les ont mis à la porte ou forcé à quitter leur poste, par manque de moyens. Ou par crainte de se faire une mauvaise réputation et de ne plus pouvoir trouver un poste dans une autre rédaction qui aura déjà eu vent du litige l’opposant à ses patrons. Ceci pour les journalistes profession- nels qui ont passé de longues années au sein des rédactions et qui ont une expérience solide, bâtie sur d’autres manières de travailler (disons à l’ancienne), avec une maîtrise de la langue et des rouages de la presse. Mais il y a aussi les journalistes freelance qui ont dû composer avec la pandémie et accepter de revoir à la baisse leurs rému- nérations, puisque les journaux traversent une grande période de crise et ne peuvent plus faire appel à ces journalistes payés à la pige, préférant se conten- ter des journalistes déclarés pour réduire les charges et maintenir l’entreprise à flot. Il faut aussi souligner que cette
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