FNH N° 1022

P OLITIQUE

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JEUDI 6 MAI 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Loi sur le cannabis

◆ Le projet de loi relatif aux usages licites du cannabis accentue les divergences au sein du PJD. ◆ Les islamistes l’appréhendent exclusivement sous le prisme politique et idéologique. ◆ Ce texte met-il en danger cette formation politique à 4 mois des législatives ? La mauvaise herbe dans la maison PJD

tique : le PJD qui, avec les autres partis de la majorité, l’a pourtant validé et adopté avant qu’il n’entame son par- cours législatif. En réalité, c’est le sujet du cannabis en soi qui dérange les islamistes. Il pose d’abord un problème moral et d’image. Car même si ça rime bien, cannabis et islamistes ne font pas bon ménage. Et le fait que ce soit le PJD et sa majorité qui portent cette loi, irrite davantage certains ténors de ce parti comme l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui s’érige en rempart contre toute action ou décision suscep- tible de corrompre les valeurs et les références idéologiques de la formation politique. Et il l’a signifié de manière cin- glante, dès l’adoption du pro- jet de loi sur le cannabis en Conseil de gouvernement, en décidant de couper les ponts avec ses «camarades» de parti, en l’occurrence Saad Eddine El Otmani, les ministres Mustapha Ramid, Abdelaziz Rebbah et Mohamed Amekraz, et l’ancien ministre Lahcen Daoudi. Il a aussi gelé son appartenance à cette forma- tion politique. Même s’il est revenu à de meilleurs senti- ments quelques jours plus tard, acceptant, après conciliations, de reconsidérer sa décision de rompre ses relations avec les personnes précitées, il garde toujours ses distances avec le parti. Le cannabis pose ensuite un

Cette loi sur le can- nabis a davantage fragilisé le SG du PJD et chef du gou- vernement, Saad Eddine El Otmani, vivement critiqué par son camp.

soit la terminologie utilisée, il semble y avoir un seul parti que ce projet de loi indis- pose très sérieusement en ce moment : le Parti de la justice et du développement (PJD). D’ailleurs, au moment où tous les autres groupes parlemen- taires saluaient l’esprit de ce projet de loi, qui va permettre d’ouvrir de nouvelles perspec- tives pour la région du Rif et d’améliorer les conditions de vie de la population locale, les parlementaires du PJD, eux, ont été particulièrement véhé- ments à son égard. Paradoxal, quand on sait que c’est cette formation politique qui est aux affaires, et que c’est sous la houlette de son secrétaire général, et également chef de gouvernement, Saad Eddine El Otmani, que le projet de loi portant usages licites du can-

nabis a été adopté le 11 mars dernier, en Conseil de gouver- nement. Suffisant pour que le groupe Authenticité et Modernité et le groupe istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme critiquent vertement le PJD, l’appelant à accorder ses violons. «Il adopte avec sa majorité un projet de loi et les parlemen- taires de ce même parti ne veulent pas voter ce qui a été adopté par leur formation poli- tique en Conseil de gouver- nement», dénoncent-ils, nar- quois, au cours de cette réu- nion où les échanges auront été particulièrement virulents. Le PJD mal à l’aise A y regarder de près, la polé- mique autour du projet de loi sur le cannabis est entretenue par une seule formation poli-

L e projet de loi rela- tif aux usages licites du cannabis a enta- mé son parcours au sein de l’hémicycle. C’est dans ce cadre qu’il a été examiné la semaine der- nière par la Commission de l'intérieur, des collectivités ter- ritoriales, de l'habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants. Et ce, en présence du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, qui a tenu d’emblée à appor- ter une précision afin que l’on ne se trompe pas de débat : il ne s’agit pas de légaliser le cannabis, mais plutôt d’en permettre ses usages licites, notamment dans les domaines médical, industriel et pharma- ceutique. Mais, quelle que Par D. William

Le sujet du cannabis dérange les islamistes et pose un pro- blème moral et d’image. Car, même si ça rime bien, cannabis et islamistes ne font pas bon ménage.

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