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JEUDI 6 MAI 2021 FINANCES NEWS HEBDO
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◆ L’Inde, le pays d'1,3 milliard d'habitants, a connu une 3 ème vague ravageuse qui a ébranlé son système de santé. ◆ Elle enregistre chaque jour entre 300 et 400 mille nouveaux cas de covid-19. ◆ Le Professeur Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, commente les faits marquants de cette catastrophe épidémiologique. Il revient également sur le variant indien et sa présence sur le territoire national. «Le Maroc est dans l’obligation de surveiller les différents variants» Coronavirus
Propos recueillis par Ibtissam. Z.
Finances News Hebdo : On assiste de plus en plus à l’apparition de nouveaux variants du coronavirus dans le monde, malgré les cam- pagnes de vaccination. Que pou- vez-vous nous dire à ce propos ? Pr Azeddine Ibrahimi : Tout d’abord, il faut expliquer comment naissent ces variants. En se multipliant, le virus va com- mettre des erreurs. C’est ce qu’on appelle des mutations qui, des fois, n’ont aucun impact sur les caractéristiques du virus. Il arrive parfois qu’une mutation atteigne un certain niveau de la structure du génome du virus qui va entraîner l’apparition de quelques caractéristiques. J’en cite quatre. Primo, est-ce qu’on arrive toujours à détec- ter le virus, donc le diagnostic marche. Secundo, voir si le virus circule de la même manière ou plus ou moins plus rapidement. Tertio, voir la pathogénicité, c’est-à-dire si le variant entraîne une augmentation de la sévérité de la pathologie. Et la dernière caractéristique, c’est son effet sur l’immunité. D’une part, est-ce que le variant va infecter les gens qui ont déjà été porteur du virus et qui ont développé une immunité naturelle, ou est-ce qu’il échappe à cette immunité acquise grâce à la vaccination ? Ces 4 points doivent être consultés chaque fois qu’on aura un variant. Je rappelle que le variant britannique est apparu dès le mois de décembre, mais je pense qu’il était déjà présent bien avant en Grande-Bretagne. Ce variant B117 a la caractéristique de circuler plus rapidement, alors qu’il ne touche ni la gravité de la pathologie ni l’échappement
En ce qui concerne la pathogénicité du variant indien, il n’y a hélas pas beaucoup d’études qui déterminent s’il donne des cas sévères pour les per- sonnes infec- tées.
immunitaire, et on arrive à le diagnostiquer. Dès le mois de janvier, on savait que ce variant sera dominant à travers le monde, et en particulier au Maroc. F.N.H. : Le Maroc a fermé ses frontières avec l'Inde le 24 avril. N’empêche que deux cas du variant indien ont été détectés dans le Royaume. Finalement, fermer les frontières, est-ce la bonne méthode ? Pr A. I. : Le Maroc a toujours été fidèle à son approche anticipative, et chaque fois qu’il y a un pays qui développe un variant, on ferme les frontières par précaution. Bien évidemment, la fermeture des frontières est une décision difficile, tant sur les plans social qu’économique. Mais cette démarche est nécessaire pour limiter l’arrivée des
variants. C’est la même décision qu’a prise le Royaume envers la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud ou encore le Brésil. Le Maroc a fermé ses frontières avec pas moins de 50 pays, dont récemment l’Inde. Je rappelle que le variant indien existe dans plusieurs pays (18, dont le Maroc; ndlr). Malgré toutes les précautions prises, on vient de détecter lundi 3 avril deux cas atteints du variant indien au niveau de Casablanca. Le premier est enregistré chez une personne venant de l’étranger et l’autre provenant de ses contacts. Le risque zéro n’existe pas. La vigilance, le respect des restrictions sanitaires et les gestes barrières sont importants. Le Maroc revoit chaque semaine les pays avec lesquels il doit fermer ses frontières pour minimiser les risques et éviter une dégradation de la situation épidé- miologique.
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