Finances News Heebdo N° 1057

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 MARS 2022

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initiatives louables méritant d’être saluées. Un fait pour le moins paradoxal mérite toute- fois d’être signalé. Il s’agit du manque d’in- térêt patent des entreprises pour la Bourse en dépit de toutes les réformes et incitations mises en place par les pouvoirs publics. Concernant les sociétés cotées en Bourse, leur nombre n’a pour ainsi dire pas varié depuis les réformes majeures de 1993.Il est également important de relever au niveau des sociétés cotées que leur recours au mar-

ché des capitaux pour le financement de leurs investissements est réduit à une peau de chagrin. Or, comme cha- cun le sait, une économie de marchés financiers se caractérise par la mise en relation des agents à excédent de financement (les ménages) avec ceux à besoin de financements (les entreprises). Dans ce mode de finance

La Bourse de Casablanca a connu une moyenne d’une IPO par an pendant la dernière décen- nie.

directe ou désintermédiée,la fonction pre- mière et stratégique du marché financier est d’abord et avant tout une fonction de finan- cement des entreprises et de l’économie. Cette situation pour le moins préoccu- pante interpelle et impose de rechercher et d’identifier les facteurs bloquants ou rédhi- bitoires justifiant ce manque d’intérêt pour la Bourse de la part des chefs d’entreprise. Les réponses sont à rechercher d’abord au niveau de l’entreprise. Le frein à la crois- sance des fonds propres est souvent dû, comme évoqué plus haut, au souci des diri- geants de ne pas devoir partager le pouvoir avec un tiers et de ne pas perdre le contrôle de leur capital. Par ailleurs, le déficit de compétences managériales chez certains dirigeants de PME en phase de dévelop- pement ne leur facilite pas une réflexion structurée autour de leur vision, de l’élabo- ration de leur stratégie, de la définition de leur business model, de l’investissement dans des ressources humaines, techniques, organisationnelles et financières adaptées, de la mise en place d’un dispositif de pilo- tage stratégique et opérationnel, de l’in- novation, de la veille concurrentielle…. Il est malheureux de constater que certains entrepreneurs sont les premiers freins à la croissance de leur entreprise. Les causes du plafond de verre rencontrées par les entreprises marocaines dans leur processus de développement sont éga- lement à rechercher du côté de l’envi- ronnement économique dans lequel elles agissent. Les relations entre les PME maro- caines et les grands donneurs d’ordre sont souvent caractérisées par un rapport de force déséquilibré. Dans un même ordre d’idées, les initiatives de partenariats entre grands groupes et PME sous la forme d’al-

liances contractuelles (pôles de compétiti- vité, groupement d’entreprises, sous-trai- tance, développement commun entre four- nisseurs et clients, missions communes à l’export,clusters…) ne génèrent pas toujours les synergies recherchées et ne permettent pas aux PME marocaines d’atteindre une masse critique pour mieux peser sur leur marché et acquérir une plus grande force de pénétration. A cela, il convient d’ajouter les freins d’ordre administratif, réglementaire, le sujet des délais de paiement, le déficit de compétences consécutif à un système éducatif déconnecté des besoins de l’entre- prise…. F.N.H. : Tout récemment, l’Associa- tion marocaine des entreprises fai- sant appel public à l’épargne, pré- sidée par Mohamed Horani, a vu le jour. Que peut-elle apporter de plus à l’écosystème ? R. B. : L’initiative récente de la création de l’Association des entreprises faisant appel public à l’épargne (APE) avec l’appui de la CGEM et de la Bourse de Casablanca et le soutien de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) est importante, néces- saire et originale à plus d’un titre. Il s’agit tout d’abord d’une association qui est ouverte aux entreprises faisant appel public à l’épargne, mais également à toutes celles qui ont l’intention d’intégrer la Bourse des valeurs dans un futur proche. Le fait de regrouper des entreprises inscrites à la cote permet d’abor- der les sujets avec le prisme, l’objectivité et le recul de l’émetteur grâce à une connais- sance et un vécu de l’intérieur des véritables

défis, enjeux et difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises cotées. Ensuite, il s’agit d’une association de dirigeants d’entre- prise qui constitue un espace d’échanges, de débats et de partage d’expériences entre pairs pour une réflexion collective autour du rôle central de l’entreprise en tant que prin- cipal facteur de création de richesse et de développement économique et social dans notre pays. De plus, le fait d’y associer des dirigeants d’entreprises potentiellement «cotables» permet leur mentoring par des dirigeants de sociétés cotées au moyen d’ac- tions d’accompagnement et de soutien pour les aider à développer leur capacité à iden- tifier des opportunités et à développer une vision cohérente de leur projet. Comme le rappelle le président Mohamed Horani, l’APE «a pour mission de mener toute action en mesure de contribuer à l’améliora- tion de l’environnement général de l’entre- prise, notamment, celui de l’appel public à l’épargne et d’augmenter son éligibilité à recourir à ce mode de financement... Tel est le principal objectif de notre association: favoriser et promouvoir l’appel au marché des capitaux pour financer l’économie maro- caine». La réalisation des objectifs ambitieux prévus à l’horizon 2035 dans le NMD (capitalisation boursière portée à 70% du PIB, 300 sociétés cotées, internationalisation de la Bourse…) suppose un changement de paradigme. Ce challenge, qui est de première importance, implique une mobilisation sans faille de toutes les parties prenantes. C’est l’affaire de tous. Il y a là une responsabilité collective à laquelle on ne saurait se soustraire. ◆

Le frein à la croissance des fonds propres est souvent dû au souci des dirigeants de ne pas devoir partager le pouvoir avec un tiers et de ne pas perdre le contrôle de leur capital.

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