Finances News Heebdo N° 1057

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FOCUS AGRICOLE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 MARS 2022

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De retour vers Casablanca, une visite dans une pépinière à Sidi Moussa Benali, dans la province de Mohammédia, montre également que l’effet de la sécheresse est par- tout visible. Ne dépendant pas directement de la pluie, cette activité est plus des- tinée à la production des produits d’horticulture et des plantes de type arbres frui- tiers. Noureddine Sahraoui, propriétaire du site, souligne que «nous avons enregistré une baisse conséquente de la demande, surtout pour les plantes dédiées aux projets conventionnés lancés dans le cadre de «Generation Green». Les investisseurs ont différé leurs projets en attendant d’avoir plus de visibilité» . Pour ce qui de l’alimentation en eau de la pépinière, Sahraoui a assuré qu’ «elle se fait à partir d’un puits creusé. Sa profondeur n’a cessé d’augmenter ces dernières années sous l’effet de la baisse du niveau d’eau de la nappe phréatique». ◆

professionnelle en ville, il a préféré investir dans la terre de ses ancêtres. Adepte de l’agriculture nouvelle géné- ration, il a bénéficié des sub- ventions de l’Etat dans le cadre du Plan Maroc Vert. Il a lancé un projet d’arboricul- ture fruitière (oliviers, grena- diers, pruniers…) doté d’un système d’irrigation per- formant (goutte à goutte et pompage solaire). En paral- lèle, il a également investi dans l’élevage d’ovins et de vaches laitières. «En mettant un terme à mon activité d’élevage, j’ai pris une décision radicale qui était difficile pour moi et ma famille sur le plan moral. Je dépensais en moyenne pas moins de 500 DH/jour, alors que les recettes ne sui- vaient pas pour couvrir les charges qui montaient en flèche. Je ne pouvais plus continuer dans cette aven- ture. Je compte vendre toute l’exploitation et quitter défi- nitivement la campagne» , affirme-t-il amèrement.

périodes difficiles, mais nous n’avons pas le choix. Nous sommes habitués à ce genre de situation» , ajoute-t-il. Adieu verdure ! Plus loin, dans les environs du barrage Oued El Maleh, une zone relevant de la pro- vince de Benslimane à une vingtaine de kilomètres d’El Gara, c’est un environne- ment estival qui prédomine à l’horizon, bien que ce soit le début du printemps. A la place des champs ver- doyants, on note la présence d’espaces pauvres en végé- tation dominés par un jaunis- sement des petites plantes à peine visibles. L’atmosphère est marquée par une hausse de la température supérieure à la normale. Sur place, une rencontre avec Redouane, un quadra- génaire, nous donne une idée de la situation. Cet homme qui n’a pas le profil d’un fellah ordinaire, a fait des études universitaires. Au lieu d’opter pour une carrière

tion de bétail ont connu une flambée sans précédent, à commencer par l’orge qui est offerte à 4-5 DH/kg, contre 2-3 DH/kg auparavant. Le son, qui est était à 2,5 DH/kg, est actuellement à 3,5 DH/ kg, tandis que le maïs, qui était proposé à 3 DH/kg, est à plus de 4 DH/kg. Pour leur part, les betteraves séchées sont à plus de 4 DH/kg, soit une hausse de plus de 30%. L’aliment composé n’a pas échappé à cette hausse des prix du fait qu’il regroupe essentiellement des produits importés comme le colza, le soja ou autres oléagineux. Il culmine à plus de 3 DH/kilo. Face à ce constat, plusieurs éleveurs ont préféré se débarrasser totalement de leur cheptel, ou du moins réduire le nombre de bêtes pour pouvoir en supporter les charges. « Je possède une centaine d’ovins et une dizaine de bovins. Actuellement, je n’ai gardé que deux vaches et quelques brebis. Le cheptel écoulé m’a permis d’épon- ger mes dettes. Je conserve le restant du produit de la vente pour subsister et assu- rer les frais de scolarité de mes trois enfants en atten- dant des jours meilleurs», témoigne Achraf Ahlafi, éle- veur présent au souk. S’agissant des mesures de soutien annoncées par le gouvernement, il a sou- ligné que «pour le moment rien n’est encore percep- tible. Certes, cette subven- tion des prix est insuffisante pour combler le manque à gagner, mais elle devrait atténuer quelque peu les effets de la sécheresse. De toutes les façons, les exploi- tants doivent se débrouiller pour diversifier leurs reve- nus. Je compte travailler comme aide commerçant ou dans d’autres activités. Nous sommes confrontés à des

Bien que les mesures de soutien de l’Etat soient insuffisantes pour combler le manque à gagner des exploitants, elles vont atténuer un tant soit peu les effets de la sécheresse.

Le déficit hydrique du barrage Oued El Maleh se creuse

A l’instar des tous les barrages du Royaume, celui de Oued El Maleh a perdu une bonne partie de ses réserves en eau. D'après le rap- port quotidien de la Direction générale de l’eau, les réserves de cet ouvrage ont accumu- lé, au 3mars, 14,1milliards dem 3 , soit un taux de remplissage de 37,7%. À la même date de l’année écoulée, ses retenues avaient atteint 18,8 milliards de m 3 , d’où un taux de remplis- sage de 50,3%. Son bassin versant, d’une superficie de 1.800 km 2 , assure l’irrigationde quelques centaines d’hectares. Avec ce déficit hydrique, le débit d’approvisionnement en eau de l’aval du bar- rage connaît une baisse progressive. Au niveau écologique, le recul du niveau des réserves du lac artificiel présente une menace sérieuse pour la faune et la flore, dont certaines espèces sont réperto- riées comme rares. Toutefois, il faut noter que le site présente des atouts

touristiques indéniables. Plusieurs paysans de la région profitent du beau paysage pour offrir des ser- vices de restauration à caractère populaire aux visi- teurs, qui viennent en masse lors des week-ends. La proximité du site avec Mohammédia et Casablanca lui a permis d’attirer beaucoup de personnes à la recherche d’évasion et de dépaysement.

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