Finances News Heebdo N° 1057

S OCIÉTÉ

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JEUDI 10 MARS 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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◆ Le professeur Intissar Haddiya, médecin-néphrologue et romancière, aborde avec justesse plusieurs aspects de la société marocaine, notamment les discriminations dont est victime la femme. ◆ Pour elle, l’auteur a un rôle à jouer dans la société à laquelle il appartient. Entretien. «J’essaie de cultiver une approche sereine vis-à-vis de notre réalité sociale» Journée internationale des droits des femmes VISIONNEZ CETTE VIDEO

Propos recueillis par Ibtissam. Z.

Finances News Hebdo : Vous abor- dez plusieurs thématiques, mais la femme est toujours au cœur de vos écrits, à l’image de votre roman «L'inconnue». S’agit-il d’une révolte personnelle ou vous considérez- vous comme une porte-parole des femmes opprimées ? Pr Intissar Haddiya : Pas du tout. Je ne me définis pas comme une personne révoltée. Bien au contraire, j’essaie de cultiver une approche sereine vis-à-vis de notre réa- lité sociale. Mes écrits, c’est une manière d’inviter à réfléchir sur des thèmes relatifs à notre marocanité commune, tels la place de la femme dans la famille, la société, les injustices, les inégalités et les contraintes des moins nanties, qui n’ont pas les outils nécessaires ni la capacité de porter leur voix. Le choix d’écrire sur la condition féminine dans notre pays émane du constat que cette thématique n’est pas représentée à sa juste valeur dans le paysage culturel maro- cain. Force est de constater la paucité des ouvrages construits autour de cette cause, tout comme il existe peu de femmes roman- cières sous nos cieux. Aussi, j’estime que l’auteur a un rôle à jouer dans la société à laquelle il appartient. Il ne peut feindre l’indifférence en fermant les yeux sur ce qui l’entoure. D’ailleurs, la littérature a cela de merveilleux qu’elle offre une immersion dans des dimensions variées, avec la possibilité de s’identifier aux personnages et d’envisager des voies, des ouvertures inédites, voire inattendues. Et c’est par ce biais précisément que la lecture d’un roman contribue à muscler

Le choix d’écrire sur la condition féminine dans notre pays émane du constat que cette thé- matique n’est pas repré- sentée à sa juste valeur dans le pay- sage culturel marocain.

à ces notions de parité et d’égalité dans le contexte marocain. Certes, beaucoup de chemin a été parcouru. Le Maroc a connu à travers la Moudawana une réforme sans précédent qui a pour but de consa- crer l’égalité homme-femme et améliorer le droit des femmes au sein de la cellule familiale. Une réforme qui connaît cepen- dant quelques résistances essentiellement culturelles pour sa mise en application au sein de la société. En effet, les femmes ont acquis un certain nombre de droits, intégré plusieurs secteurs, obtiennent de plus en

l’imaginaire, élargir les horizons et les pers- pectives du lecteur. Pour ce qui est d’écrire, c’est un véritable enchantement. C’est l’oc- casion de créer, de s’interroger, se réinven- ter, s’indigner et inviter à faire de même. F.N.H. : Partant de l’idée que la femme est l’élément princi- pal du développement d’une nation, comment situeriez-vous la femme marocaine dans la société d’au- jourd’hui ? Pr I. H. : Je suis très sensible bien entendu

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