Qu’est-ce qui vous a poussé à envisager un projet de jardinage solidaire et de réinser- tion au sein de l’un de vos établissements ? L’établissement concerné accueille des per- sonnes, souvent jeunes, souffrant de troubles psychopathologiques importants. Les projets destinés à cette population sont donc diffé - rents de ceux que l’on connaît dans les EMS destinés à nos aîné·es, les objectifs thérapeu- tiques étant différents. Nous avons constaté que de nombreux résident·es, n’ayant pas encore atteint l’âge de la retraite et souffrant de psychopathologies invalidantes altérant leur capacité de jugement, suivent des trai- tements lourds. Ces traitements peuvent en- traîner une prise de poids et une sédentarité accrue. Nous souhaitons leur proposer une activité favorisant le mouvement, l’interaction sociale, l’autonomie et la réinsertion. Le jar- dinage apparaît comme une solution idéale, car il allie exercice physique, lien social et valorisation personnelle. Comment envisagez-vous la mise en place concrète du projet et quels bénéfices en attendez-vous ? Nous prévoyons de créer un potager en par- tenariat avec des professionnel·les externes à l’établissement, afin d’offrir aux résident·es une activité encadrée et enrichissante. L’idée est qu’ils puissent non seulement cultiver des produits, mais aussi en fonction de leur capacité, participer à leur livraison à vélo et,
à terme, à leur vente. Cela leur permettrait de retrouver une certaine autonomie et d’in- teragir avec l’extérieur. Les revenus générés seraient réinvestis dans l’achat de graines et d’équipements et permettraient de rémuné- rer le travail réalisé par les résident·es. Au-delà des bénéfices physiques et sociaux, nous souhaitons également valoriser l’enga- gement des participant·es en leur offrant une reconnaissance de leurs accomplissements. Cela peut prendre la forme d’une attestation d’engagement au sein du projet. Pour ceux qui possèdent des aptitudes, cette recon- naissance peut également inclure l’obtention d’une Attestation fédérale de formation pro- fessionnelle (AFP). Cette reconnaissance officielle des compé - tences acquises renforcerait leur confiance en eux et pourrait les aider à envisager une réinsertion progressive dans le monde du travail. Pensez-vous que ce projet pourrait être développé par d’autres EMS ? Ce projet nous a appris qu’il faut oser inno- ver, tester, ajuster si besoin… L’important est de toujours se poser la question : En quoi le projet crée du lien ? Chaque initiative, même petite, peut transformer le quotidien des résident·es et de la communauté.
Philippe Rougemont EMS «Les Résidences»
© Jonathan Kemper - Unsplash
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