FNH N° 1157 (1)

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JEUDI 27 & VENDREDI 28 JUIN 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

est une vérité incontestable : la multiplication des intermé- diaires dans la chaîne de dis- tribution des fruits et légumes affecte considérablement le prix proposé au consomma- teur final. L’influence prédo- minante de ces intervenants, servant régulièrement de cour- tiers entre les agriculteurs et les commerçants, conduit sou- vent à des iniquités et perturbe l'équilibre des marchés. Récemment, le Conseil de gou- vernement a adopté le projet de décret n°2.23.920 qui, visi- blement, pourrait contribuer à Autorisant les agrégateurs agricoles à vendre directement leurs produits sans passer par les marchés de gros, le projet de décret n°2.23.920, nouvellement adopté par l’Exécutif, pourrait remédier à la prédominance des intermédiaires dans les circuits de distribution et de commercialisation. Quel impact sur les prix ? Par M. Ait Ouaanna C Commercialisation directe des fruits et légumes ’

réduire les intervenants, mais il est primordial d’exiger la déli- vrance de la facture au client tel que spécifié dans la loi n° 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur, qui oblige tous les profession- nels et fournisseurs à remettre un document justifiant la tran- saction commerciale. Cela per- met de garantir la vérification du processus et le respect du circuit» , explique-t-il. «Ce nouveau décret pourrait potentiellement éliminer les intermédiaires des marchés de gros, mais certains opéra- teurs agissent en dehors de ces marchés et restent libres de leurs actions. Il est donc crucial de sécuriser l'ensemble du processus de facturation afin d'assurer une réelle baisse des prix» , insiste-t-il. S’exprimant autour de ce nouveau projet de décret, le ministre délégué chargé des Relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a indiqué lors d’un point de presse que ce nouveau décret «vise à assurer l'ouverture de ce secteur à titre exceptionnel afin de réformer, réglementer et réhabiliter les marchés de gros». Et de poursuivre que l'ouver- ture de ce secteur sera réali- sée sous certaines conditions, dont la mise en place d'une commission centrale regrou- pant nombre de ministères, notamment le ministère de l'In- térieur, le ministère de l'Agri- culture, de la Pêche maritime, du Développement rural, et des Eaux et Forêts, et le ministère de l'Industrie et du Commerce, qui s'attellera à l'examen des demandes déposées. «Une fois l'approbation accor- dée, les commissions régio- nales procéderont au contrôle de la qualité des produits et de leur conformité aux conditions édictées par le décret. Les licences seront, par la suite, prorogées ou retirées confor- mément aux délais impartis» , conclut le responsable gouver- nemental. ◆

remédier à cette problématique tant décriée par les défenseurs du droit des consommateurs. Mais dans quelle mesure cette solution peut-elle être efficace? Présenté par le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, ce décret est, en effet, une application de la loi n° 37.21 qui met en place des dispositions spéci- fiques concernant la commer- cialisation directe des fruits et légumes produits dans le cadre de l’agrégation agricole. En vertu de cette nouvelle régle- mentation, les agrégateurs sont autorisés à vendre directement leurs produits sans passer par les marchés de gros, sous réserve de l'obtention d'une autorisation préalable. Ce projet prévoit en outre la

création d'un comité technique auprès de l'autorité gouverne- mentale chargée de l'Agricul- ture, pour formuler un avis sur les demandes d'octroi et de renouvellement de cette autori- sation, ainsi que son retrait. En éliminant l'obligation de passer par le marché de gros pour la distribution des fruits et légumes, le circuit est raccour- ci, réduisant ainsi le nombre d'intermédiaires. Toutefois, est-ce que cela entraînera vrai- ment une diminution des prix pour le consommateur final ? Pour Ouadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consomma- teur (FNAC), cette nouvelle est certes réjouissante, mais « elle ne peut se concrétiser que si nous verrouillons tout le cir- cuit» . «Cette mesure va assurément

Cette mesure pourrait potentiellement éliminer les intermédiaires des marchés de gros, mais certains opérateurs agissent en dehors de ces marchés, d’où la néces- sité de sécuriser l'ensemble du processus de facturation.

 Ce nouveau décret fixe les

modalités de délivrance, de renouvellement et de retrait de l’autorisation pour commercialiser directement des fruits et légumes, sans passer par les marchés de gros.

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