FNH N° 1157 (1)

37

FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 27 & VENDREDI 28 JUIN 2024

POLITIQUE

la contribution des immigrés au financement des biens publics purs a représenté un total de 547 milliards USD dans les 25 pays inclus dans l’analyse. Mieux encore, l’Europe vieil- lissante a besoin de cette main- d’œuvre que l’on rejette aujourd’hui à coups de murs et de barbelés. D’autant que l’agence de statistique de l’Union européenne, Eurostat, indique qu’« en 2019, plus d’un cinquième (20,3%) de la population de l’Union des 27 était âgé de 65 ans et plus». De même, d’après les projec- tions de la population cou- vrant la période 2018-2100 établies par Eurostat en juin 2019, «la population de l’UE connaîtrait un important vieil- lissement». Ainsi, «la part de la population de l’UE âgée de 80 ans ou plus serait ainsi plus que doublée entre 2018 et 2070 pour atteindre 12,6% en 2070; la propor- tion des personnes âgées de 65 ans ou plus augmenterait de 9,5 p oints, pour atteindre 29,2%». Et selon l’INSEE (Institut chargé des statistiques en France), «au 1 er janvier 2020, la population française conti- nue de vieillir. Les personnes âgées d’au moins 65 ans représentent 20,5% de la population, contre 20,1% un an auparavant et 19,7% deux ans auparavant. Leur part a progressé de 4,7 points en vingt ans. «Jusqu’en 2040, la proportion des personnes de 65 ans ou plus progresserait fortement : à cette date, plus d’un habi- tant sur quatre aurait 65 ans ou plus» , poursuit-il. Face à ces statistiques, l’ex- trême droite française préfère mettre des œillères et distiller son discours haineux contre les immigrés. Un discours qui, malheureusement, trouve un écho favorable au sein de l’électorat français. ◆

d’immigrés dans leur popu- lation inférieure à 1% sont extrêmement pauvres. Ces statistiques ne représentent toutefois que des corréla- tions et la causalité peut aller dans les deux sens» , indique le Conseil d’analyse écono- mique (CAE) dans une note publiée en novembre 2021. De même, précise le CAE, «les études centrées sur les pays de l’OCDE indiquent que l’immigration ne creuse pas les déficits publics. Suivant les pays et les années, la contribution nette des immi- grés aux finances publiques se situe dans une fourchette comprise entre + 0,5% et – 0,5% du PIB. Les études récentes centrées sur la France arrivent aux mêmes conclusions. Ceci s’explique par le fait que la population immigrée française, bien que sur-représentée parmi les chômeurs et les béné- ficiaires de certaines aides sociales, se concentre dans les tranches d’âge actives qui ont en moyenne une contri- bution nette positive au bud- get de l’État». Dans un document daté d’oc- tobre 2021, l’Organisation de coopération et de dévelop- pement économiques (OCDE) abonde dans le même sens. «Dans les 25 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, en moyenne au cours de la période 2006- 2018, la contribution des immigrés sous la forme d’im- pôts et de cotisations a été supérieure aux dépenses publiques consacrées à leur protection sociale, leur santé et leur éducation» , indique l’Organisation. Et en 2017,

 Pour Jordan Bardella, le droit du sol «ne se justifie plus dans un monde à 8 milliards d'individus… ».

connues: réduire drastique- ment le nombre d'immigrants légaux en limitant le nombre de visas accordés pour des motifs économiques et fami- liaux, renforcer les contrôles aux frontières, expulser sys- tématiquement les immigrés en situation irrégulière, pri- vilégier les Français dans l'accès aux aides sociales et promouvoir une politique d'assimilation stricte. Les communautés immigrées, déjà marginalisées, se retrou- veraient encore plus isolées et plus vulnérables. Avec, de surcroît, un accès aux soins de santé plus restreint, parti- culièrement pour les migrants en situation irrégulière. Lesquels sont plus particuliè-

rement visés par les discours populistes et racistes, cen- trés sur la sécurité nationale et l'identité culturelle, qui ali- mentent les préjugés et les stigmatisations, exacerbant ainsi les tensions sociales et intercommunautaires. Et pourtant… Et pourtant, malgré les contrevérités balancées ici et là par le RN, les statistiques restent têtues. «Dans le débat public, les immigrés sont sou- vent présentés comme un far- deau pour nos économies. Pourtant, les pays avec les plus hauts taux d’immigra- tion au monde sont tous des pays riches. A contrario, les pays qui ont une proportion

Si l’immigration a toujours été au cœur des débats politiques et sociétaux en France, les enjeux semblent désormais atteindre de nouveaux sommets dans ce contexte politique particulier.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker