Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 24 octobre 2024 - 8 DH - N° 1170
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Crédit du Maroc Une OPV pour booster la liquidité
Remaniement ministériel
La nouvelle composition du gouvernement
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HAUT-COMMISSARIAT AU PLAN Benmoussa face à l’héritage
de Lahlimi ● Vendredi 18 octobre 2024, le Roi a nommé Chakib Benmoussa haut-commissaire au Plan, succédant à Ahmed Lahlimi. ● Il devra relever un défi de taille : préserver l’indépendance de l'institution.
P. 16/17
Maroc-UE Quel avenir pour les échanges commerciaux ?
Marché à terme Les opérateurs prêts à accueillir le premier Future sur indice
Economie mondiale
Vers la fin de l'hégémonie du Dollar ?
P. 18 à 21
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P. 7
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
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JEUDI 24 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
SOMMAIRE
15 ECONOMIE
Editorial
Voyons voir : Macron au Maroc : Vrai tournant ou diplomatie d’apparat ? Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde 3 4 5 3 ACTUALITÉ
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Projet de Loi de Finances 2025 : Des partis de l’op- position relèvent les insuffisances du texte Haut-commissariat au Plan : Benmoussa face à l’héritage de Lahlimi Maroc-UE : Quel avenir pour les échanges commer- ciaux ? Entretien avec Youssef Guerraoui Filali : Coopération, «Le Maroc est la principale destina- tion des investissements espagnols en Afrique» Chômage : Le CESE passe au crible les obstacles à l’insertion professionnelle Industrie navale : Un potentiel sous-exploité face à l'essor industriel Entretien avec Mohamed Ait Elorf : Cloud compu- ting, «Un véritable moteur de la transformation numérique au Maroc» Viandes rouges : Des réserves sur l’autorisation des importations Transport de poissons : Les associations des consommateurs grincent des dents Tourisme : Airbnb, un levier pour renforcer la des- tination Maroc ?
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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Et si chacun jouait sa partition ? Sahara marocain
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n matière de propositions incongrues, pour ne pas dire insensée, celle de «la partition du Sahara» avancée par Staffan de Mistura, envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, se classe probablement dans le haut du panier. Une idée qui fait lever les sourcils non seu- lement à Rabat, mais aussi au sein de la communauté inter- nationale qui, depuis deux décennies, observe ce conflit avec une relative constance. Pour un diplomate, évoquer la «partition» du Sahara, c’est un peu comme tenter de réchauffer un plat déjà mal cuisiné en 2002, lorsqu’un certain James Baker, sur sugges- tion de l'Algérie, avait servi la même recette, rejetée illico par le Maroc. Pour le Royaume, il n'y a pas d'ambiguïté. Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, l'a rappelé avec fermeté : «le Maroc ne négo- cie pas son Sahara». Autrement dit, la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud n'est pas matière à débat. La seule discussion possible concerne un conflit régional fomenté par un voisin qui, lui, préfère jouer au chat et à la souris dans une série de manœuvres diplomatiques plus ou moins désuètes. D’ailleurs, le vrai problème ne réside pas dans cette proposition far- felue. Il se situe plutôt du côté de l'Algérie, qui continue à faire de la politique du siège vide une stratégie en soi. Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité sur le Sahara marocain, Antonio Guterres, SG de l’ONU, a souligné ce point important : l'Algérie refuse toujours d'assumer son rôle dans ce conflit. Pire encore, elle persiste à se présenter comme un simple «observateur», alors même qu’elle en est l’acteur principal, entretenant le statu quo et freinant tout progrès vers une solution durable. Conclusion : elle refuse… de jouer sa partition. Face à cette situation, le Maroc, quant à lui, maintient le cap de sa pro- position d’autonomie sous souveraineté marocaine, soutenue par de nombreux pays à travers le monde. Cette offre, qualifiée de «sérieuse, crédible et réaliste» par la communauté internationale, est la seule issue viable à ce conflit régional. Mais tant que l'Algérie continue de jouer la montre, la solution restera suspendue à la volonté de celui qui préfère complexifier plutôt que clarifier. Alors, la «partition du Sahara» ? Une idée aussi futile qu'une tentative de réécrire l'Histoire. L’heure est maintenant à l’engagement de tous les acteurs, particulièrement ceux qui se cachent derrière le rideau, pour résoudre définitivement ce différend artificiel. Et si certains refusent de jouer leur partition, le temps, lui, finira bien par leur rappe- ler que l’Histoire se construit avec ou sans eux. Finalement, on ne peut que s’étonner de cette valse de propositions. Pendant que certains dansent encore autour d’idées dépassées, le Maroc trace son chemin, fort d'une légitimité reconnue et soutenue à l'international. Le véritable défi n’est pas dans des formules ana- chroniques, mais dans l’ouverture d’un dialogue sincère, où chacun prendrait enfin sa place autour de la table. Et devinez quoi ? Le Maroc est déjà assis. u
Remaniement ministériel : Voici la nouvelle composition du gouvernement marocain 32 POLITIQUE 34 DEVELOPPEMENT DURABLE 32 COP29 : Le Maroc renforce ses ambitions clima- tiques 32
6 6 BOURSE & FINANCES
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Point Bourse Hebdo : Une semaine entre correction et reprise Marché à terme : Les opérateurs prêts à accueillir le premier Future sur indice à la Bourse de Casablanca Sociétés cotées : Des prévisions optimistes pour 2024-2025 Crédit du Maroc : Une OPV pour booster la liquidité PLF 2025 : Les réformes fiscales en marche Economie mondiale : Vers la fin de l'hégémonie du Dollar ? Entretien avec Saïd Atchani : Transformation digi- tale, comment l’IA envahit les directions financières des entreprises
HIGH-TECH
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Fragmentation d'Internet : Quand les régulations divisent le réseau
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L'UNIVERS DES TPME
Entretien avec Othmane Sabih : Geerd, «Notre ambition est de capturer une grande part du mar- ché de l’enseignement supérieur»
• Directeur des rédactions & Développement : David William
• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai
• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine
• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 24 OCTOBRE 2024
VOYONS VOIR
Macron au Maroc
Vrai tournant ou diplomatie d’apparat ?
C est officiel. Emmanuel Macron et son épouse, Brigitte Macron, fouleront bientôt le sol marocain, invités par le Roi Mohammed VI. Une visite d'Etat prévue du 28 au 30 octobre, encadrée de mots soigneusement choisis, avec des expressions comme «par- tenariat enraciné» et «liens multidimension- nels». Un tournant historique dans les rela- tions franco-marocaines ? Peut-être bien. Après tout, les relations entre Paris et Rabat ont connu des jours plus sereins. Des regards froids, des gestes politiques per- çus comme des faux-pas et une distance qui, il y a quelques mois, n'avait échappé à personne. La France, longtemps accu- sée de ne pas prendre position fermement sur le dossier du Sahara marocain, s'était cloisonnée dans la fameuse «zone grise» dont Rabat ne voulait plus entendre parler. Mais, aujourd'hui, Macron arrive avec, sous le bras, un nouveau message clair : le sou- tien clair de la France à la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. Par D. William ’
suivre une tendance mondiale. Les Etats- Unis l'avaient déjà fait sous l'ère Trump, et plusieurs autres pays s’étaient alignés. Mais cette posture de la France a provoqué une onde de choc, pas tant à Rabat, où l’on applaudit des deux mains, mais plutôt à Alger, où l’on fulmine. Et soyons honnêtes, ce n’est pas tous les jours que le président français fait enrager nos voisins algériens avec une telle aisance. Ainsi, cette visite promet-elle d’être une sorte de consolidation d'une relation que beaucoup voyaient vaciller. Le Maroc, puis- sant acteur régional, se montre de plus en plus intransigeant sur les dossiers qui touchent à sa souveraineté. Le Sahara marocain est donc, dans cette visite, le joyau sur lequel Rabat ne transigera jamais. C’est le nouveau point de départ de toute relation bilatérale. Macron l’a bien com- Paris doit montrer qu’elle n’est plus ce «tuteur» nostalgique, mais un véritable partenaire. oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
pris. En clarifiant la position française, il ne fait pas seulement une tape amicale sur l'épaule de son «partenaire de toujours», il redonne aussi du souffle à une relation… qui s’essoufflait. La visite de Macron, c’est aussi une tenta- tive de colmater des brèches ouvertes au fil des années, quand bien même il serait naïf de penser qu’elle va réparer tous les maux. Car ce partenariat d'exception, qu'on se le dise, a parfois été mis à rude épreuve. En effet, Rabat n’a jamais caché son agace- ment face à certaines décisions et prises de position françaises. De même, du côté de Paris, certains estiment que les exigences marocaines sont parfois trop élevées. Entre enjeux politiques, économiques et sociaux et un Maroc de plus en plus courtisé par d'autres puissances, la France se retrouve ainsi dans une position où elle doit rattraper le temps perdu. Aujourd’hui, le Royaume, fort de ses nou- velles alliances et de son poids croissant en Afrique, aspire à une coopération sur des bases renouvelées. De son côté, Paris doit montrer qu’elle n’est plus ce «tuteur» nostal- gique, mais un véritable partenaire. Au-delà des poignées de main et des discours, Macron devra donc prouver que la France peut jouer le jeu d'une égalité respectueuse avec un Maroc en pleine ascension. Alors, à l’issue de la visite du président fran- çais, les relations bilatérales en ressortiront- elles véritablement renforcées ? Une chose est sûre : les regards seront tour- nés vers Rabat. Et cette fois-ci, l'on espère que Macron ne repartira pas simplement avec un thé à la menthe et un caftan en sou- venir, mais avec des engagements clairs, solides et durables tant en ce qui concerne les questions politiques, économiques que sociales. Parce que, soyons francs : entre la diploma- tie d’apparat, avec ses belles promesses qui s'évanouiront dès que les caméras seront éteintes, et celle des actes, Rabat attend désormais beaucoup plus que de simples effusions de bonnes intentions. ◆
Game-changer diplomatique D'aucuns diront que Macron n'a fait que
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ÇA SE PASSE AU MAROC
PLF 2025
14 Mds de DH supplémentaires pour la promotion de l’emploi
L e gouvernement a alloué 14 milliards de dirhams supplémentaires pour la promotion de l'emploi dans le cadre du PLF 2025. Cette stratégie repose sur trois axes principaux : • Investissements créateurs d’emplois stables : 12 milliards de dirhams seront consacrés à soutenir les investissements à forte valeur ajoutée, avec un accent particulier sur les projets créateurs d’emplois stables. Le dispositif d’appui aux TPME, prévu par la charte de l’investissement, sera déployé comme levier straté- gique à partir de 2025.
ONCF
9,8 Mds de DH d’investissements prévus durant la période 2025-2027 L es prévisions du programme d'investissement de l'Office national des chemins de fer (ONCF) pour la période 2025-2027 s'élèvent à 9,78 milliards de dirhams, selon le rapport sur les établissements et entre- prises publics (EEP) accompagnant le projet de Loi de Finances (PLF) de l'année prochaine. Ce programme, qui se compose d'un investissement de 2,97 Mds de DH en 2025, 3,64 Mds de DH en 2026 et 3,17 Mds de DH en 2027, sera dédié principalement à l'acquisi- tion du nouveau matériel roulant, la construction des ate- liers d'entretien et la maintenance des infrastructures. Ledit programme ne tient pas compte du plan de développement ferroviaire à engager dans le cadre de la préparation à l'or- ganisation de la Coupe du monde 2030 pour un coût estimé à 87 Mds de DH, et intégrant plusieurs composantes, notamment l'extension de la ligne à grande vitesse (LGV) de Kénitra vers Marrakech et le développement d'un réseau express régional (RER) au niveau des agglomérations de Casablanca, de Rabat et de Marrakech. A noter que les investissements de l'Office ont atteint plus de 1,13 Md de DH en 2023 et 811 MDH au cours des six premiers mois de 2024. ■
• Maintien de l'emploi rural : Un budget d’un milliard de dirhams sera destiné à soutenir les exploi- tations agricoles, avec des mesures telles que des exonérations fiscales et des subventions pour atténuer les effets des sécheresses. • Amélioration des programmes de promotion de l'emploi : Un autre milliard de dirhams sera consa- cré à l'élargissement des programmes comme «TAEHIL», avec l'objectif d'inclure les non-diplômés et d'atteindre 217.500 bénéficiaires en 2025, ainsi que 100.000 apprentis dans les formations par apprentissage. ■
Inflation
Hausse de 0,8% en septembre sur un an L 'indice des prix à la consommation est resté stable en septembre 2024 par rapport au mois précédent, selon le haut-commissariat au Plan. Cette stabilité résulte d'une baisse de 0,1% des produits alimentaires, compensée par une hausse de 0,1% des produits non alimentaires. Les produits alimentaires les plus en baisse incluent les «Poissons et fruits de mer» (-6,1%) et les «Fruits» (-2,2%), tandis que les «Légumes» ont augmenté de 2,7%. Les produits non alimentaires ont vu une baisse des «Carburants» de 3,2%.
L'indice des prix a varié selon les villes: hausses à Guelmim (+0,6%) et Dakhla (+0,5%), baisses à Al-Hoceima (-2,7%) et Agadir (-0,7%). Comparé à septembre 2023, l'indice a augmenté de 0,8%, avec des hausses de 0,6% pour les produits alimen- taires et de 1% pour les produits non alimen- taires. L'inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils, a progressé de 0,3% sur un mois et de 2,4% sur un an en septembre 2024. ■
Un programme d'investissement prévisionnel de plus de 137 Mds de DH en 2025
EEP :
L e programme d'investissement prévisionnel des établissements et entreprises publics (EEP) pour 2025 est estimé à 137,7 milliards de dirhams, en hausse de 4% par rapport à 2024, selon le rapport accompagnant le projet de Loi de Finances. Parmi ces investissements, 103,2 Mds de DH concernent les EEP du périmètre de l'Agence nationale de gestion straté- gique des participations de l'Etat (ANGSPE). Les principaux contributeurs sont le groupe OCP (45 Mds de DH), l'ONEE (13,79 Mds de DH), les acadé- mies régionales (7,51 Mds de DH), Al Omrane (6,43 Mds
pour 2026 s'élèvent à 141,61 Mds de DH, avant une baisse à 122,3 Mds de DH en 2027. Par ailleurs, l'analyse de la répartition régionale fait res- sortir que Fès-Meknès et Drâa-Tafilalet devraient enre- gistrer, par rapport à 2024, une progression de 1,5 point de leur part d'investissement, soit respectivement 5,8% et 6,2% en 2025, suivies de Casablanca-Settat (+0,3 point à 32%). La part d'investissement de la région de l'Oriental accuserait, en revanche, une régression de 1,6 point à 4,7%, tandis que les autres régions auraient des variations ne dépassant pas 1 point. ■
de DH) et la CDG (4,89 Mds de DH). Ces entités tota- lisent 61% des investissements prévus. Les projections
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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE
Royaume-Uni
Economie mondiale
Chine
Nouveau dérapage du déficit à quelques jours de la présentation du budget
Le FMI abaisse sa prévision de croissance sur fond de crise de l'immobilier L e Fonds monétaire internatio- nal (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la Chine en 2024, les ramenant à 4,8%, en avertissant que le ralen- tissement persistant du secteur immobilier risquait de s'aggraver. Le gouvernement chinois vise une croissance « d'environ 5% » cette année. Un objectif rendu compli- qué par la faiblesse de la consom- mation des ménages et par une crise dans l'immobilier, avec des promoteurs endettés et une chute des prix. La Chine a annoncé la semaine dernière sa croissance tri- mestrielle la plus faible depuis un an et demi et a reconnu que de « nouveaux problèmes » entravaient l'activité économique. ■
Face aux risques persistants, le FMI reste prudent
L e Fonds monétaire interna- tional (FMI) a révisé en légère baisse sa prévision de crois- sance de l'économie mondiale pour 2025, attendue à présent à 3,2% comme en 2024, du fait d'un ralentissement attendu pour les principaux pays émergents, au premier rang desquels Chine, Russie ou Mexique. A l'occasion de la publication de son rapport annuel sur l'écono- mie mondiale (WEO), le FMI s'est également inquiété d'une hausse de l'incertitude au niveau mondial, du fait d'une multiplication des
risques, tant géopolitiques qu'éco- nomiques, parmi lesquels la possi- bilité de voir l'activité économique chinoise montrer des signes sup- plémentaires de faiblesse. « Cela intègre les risques d'esca- lade des conflits régionaux, en particulier au Proche-Orient, qui pourraient peser fortement sur les marchés de l'énergie. Mais égale- ment un virage marqué en termes de politique industrielle ou de flux commerciaux, qui pourraient abaisser les prévisions », a averti le chef économiste du FMI, Pierre- Olivier Gourinchas. ■
L e déficit budgétaire a de nou- veau dépassé les prévisions officielles en septembre au Royaume-Uni, selon des données publiées à quelques jours de la présentation du premier budget du gouvernement travailliste, déjà annoncé comme difficile en raison de finances publiques serrées. Le «Labour» est arrivé au pouvoir début juillet après une campagne axée sur une « discipline budgé- taire de fer », alors que les finances publiques du pays sont plombées par les aides distribuées pendant la pandémie de Covid et la crise de l'énergie. La ministre des Finances, Rachel Reeves, présentera le bud- get le 30 octobre. Très attendu par les Britanniques, redouté par les entreprises, il devrait combiner hausses d'impôts et resserrement des dépenses, mais les travaillistes ont promis de ne pas alourdir les taxes pour ceux qui travaillent. ■
Notation souveraine
A près avoir été épargnée par Fitch, la France échappera-t- elle aux foudres de Moody's ? L'agence de notation internationale doit livrer vendredi son verdict sur l'économie française, fragilisée par la forte détérioration des comptes publics, en plein débat budgétaire à l'Assemblée nationale. Alors que le gouvernement prévoit un effort de «60 milliards d'euros» en 2025 dans son projet de bud- get, entre réductions des dépenses publiques et alourdissement de la fiscalité, la décision de Moody's sur la note souveraine française sera scrutée de près. Un abaissement n'est pas exclu. Moody's note actuellement la France «Aa2» (l'équivalent de 18 sur une échelle de 20 niveaux de notation), un cran au-dessus des autres agences, Fitch et S&P, et pourrait s'aligner sur celles-ci mal- gré une perspective actuellement «stable». ■ Après Fitch, la France attend le verdict de Moody's
USA
Washington prépare de nouvelles sanctions contre la Russie
W ashington imposera la semaine prochaine une nou- velle salve de sanctions contre la Russie, ciblant des « intermédiaires dans les pays tiers qui fournissent à la Russie des pièces essentielles pour son armée », a annoncé la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.
« Dès la semaine prochaine, nous dévoilerons de nouvelles sanctions sévères visant ceux qui facilitent la machine de guerre du Kremlin, notamment les intermédiaires dans les pays tiers qui fournissent à la Russie des pièces essentielles pour son armée », a annoncé la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden, lors d'une conférence de presse organisée pendant les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. « Nous continuons de lutter contre le contournement des sanctions par la Russie », a-t-elle ajouté. ■
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BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo Une semaine entre correction et reprise
Evolution de l'indice Masi depuis début octobre 2023
I Cette semaine, le marché actions a pu neutraliser sa dynamique baissière grâce à un retour en force des acheteurs. Récapitulatif. court terme. Ce sursaut d’or- gueil, soutenu par des volumes solides, a permis de contenir les pertes de la semaine à un modeste recul de 0,15%. Par Y . Seddik
l aura fallu cinq séances de baisse consécutives pour que le Masi cède enfin sous la pression des baissiers. Le fameux support des 14.000 points, tant défendu ces dernières semaines, a finale- ment craqué mardi dernier. Une première victoire qui aurait pu annoncer une véritable déroute, mais c’était sans compter sur la réactivité des haussiers, qui ne se sont pas laissé impressionner. La semaine avait pourtant mal commencé. Le Masi, dépourvu de soutien, a glissé sous les 14.000 points, atteignant 13.834 points mercredi, son plus bas niveau depuis la mi-août. Le scénario semblait tout tracé : un marché sous pression, des investisseurs prudents et une absence de catalyseurs pour redresser la barre. Mais voilà, jeudi a marqué un retournement inattendu. Après cinq jours de baisse, le camp des acheteurs a frappé fort, avec une hausse de plus de 2%, propulsant l’indice à 14.101 points et neutralisant ainsi la dynamique baissière à
Sur le plan sectoriel, les distri- buteurs ont été les grands per- dants de la semaine, avec un recul de 4,46%. Les sociétés de financement et la sylviculture ne s’en sortent guère mieux, enre- gistrant des baisses respectives de 3,05% et 2,95%. En revanche, certaines valeurs ont su tirer leur épingle du jeu, à commencer par la chimie qui a progressé de 3,43%, suivie par les secteurs de la santé (+1,49%) et des mines (+1,3%). Le volume des échanges a atteint 1,16 milliard de dirhams, principalement sur le marché central. Les transactions ont été dominées par Marsa Maroc (14,46% des échanges), Douja Prom Addoha (11,2%) et BCP (9,25%). Techniquement, ce rebond pour- rait bien se muer en une impul- sion haussière durable. Le seuil
TOP Performances
FLOP Performances
CDM Réalisations mécaniques Eqdom
-8,57%
+10,36% +6,11%
Jet Contractors AtlantaSanad SNEP
-7,6%
-7,35%
+3,7%
des 14.150 points reste à sur- veiller de près. En cas de fran- chissement, une sortie de biseau de continuation haussière serait validée, ouvrant la voie à de nou- veaux sommets. Mais prudence, la volatilité reste de mise, et les investisseurs guettent le moindre signal pour ajuster leurs posi- tions. Au final, la semaine s’est jouée sur un fil, entre correction et reprise. Si les baissiers ont réussi à marquer
des points en cassant temporai- rement le seuil des 14.000 points, les haussiers ont su faire preuve de résilience et reprendre la main. Ce duel laisse entrevoir un mar- ché toujours sur le qui-vive, à l’affût du moindre signal. Le sup- port a tenu, mais pour combien de temps encore ? La cassure des 14.150 points pourrait tout autant bien faire pencher la balance et relancer les espoirs d’une véri- table reprise haussière. ◆
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BOURSE & FINANCES
Marché à terme
Amélioration de la liquidité et réduction des spreads Le premier produit dérivé du mar- ché boursier marocain sera donc un Future sur indice. Amine Maamri, président de l’APSB, estime que le marché à terme contribuera à résoudre plusieurs problématiques du marché financier marocain. « Ce marché améliorera la profondeur des carnets d’ordres et réduira les spreads bid-ask . Les études sur d'autres marchés montrent que ces spreads peuvent diminuer de 15 à 20%, ce qui améliorera la rentabilité des transactions», a-t-il expliqué. Selon lui, ces produits permettront également une meilleure gestion de la volatilité, tout en donnant aux investisseurs davantage d’opportu- nités d’exprimer leurs anticipations. Cela réduira aussi la dépendance financière des sociétés de Bourse aux périodes de fort flux. Les futurs brokers et membres compensateurs doivent désormais déposer leurs dossiers d'agrément auprès de l'AMMC pour être opéra- tionnels dès le lancement du mar- ché. Le marché à terme marocain devien- drait ainsi le deuxième du continent africain après celui de l’Afrique du Sud. Ce projet est perçu comme un levier majeur pour attirer les inves- tisseurs étrangers et renforcer la position du Maroc en tant que hub financier régional. Mohamed Filali, vice-président de l'Association des salles de mar- chés, a relevé plusieurs conditions essentielles pour assurer le décol- lage de ce marché : une fiscalité adaptée pour attirer les investis- seurs, des efforts accrus d’édu- cation financière et une chambre de compensation apte à gérer les produits dérivés de gré à gré afin de renforcer la confiance des acteurs. Ces évolutions seront intégrées dans l'amendement de la loi sur le marché à terme, qui prendra également en compte le traitement des produits étrangers et les ins- truments de couverture comme les CDS et les swaps de crédit, tout en renforçant la protection des inves- tisseurs. Les textes réglementaires sont finalisés, et l'AMMC a entamé le processus de validation. ◆
La Bourse de Casablanca a réuni les acteurs du marché récemment, lors d’un symposium dédié à ce lancement imminent. Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), a insisté sur l’importance d’une mobilisation continue des acteurs financiers durant cette phase finale, en vue du lancement officiel prévu prochainement. Les opérateurs prêts à accueillir le premier Future sur indice à la Bourse de Casablanca
Par A. Hlimi
Les expériences internationales présentées lors du symposium ont mis en avant l’importance de la formation, tant pour les professionnels que pour les particuliers.
C
ette rencontre, organisée en colla- boration avec la World Federation of Exchanges, a rassemblé différents acteurs de l’écosystème financier national : régulateurs, associations professionnelles et institutions du secteur, pour peaufiner les derniers détails opérationnels. La plateforme de trading multi-actifs, qui accueillera ces nouveaux pro- duits, est opérationnelle depuis plu- sieurs mois. De même, la contre- partie centrale (CCP), gérée par la Bourse de Casablanca, est en place pour garantir la gestion des risques de crédit sur toutes les transactions. Cette structure clé est au cœur du fonctionnement du marché à terme. C'est la plaque tournante du marché à terme. Des tests grandeur nature ont été menés avec succès de bout en bout, selon Adel Elaroussi, directeur du pôle Service aux investisseurs chez
CDG Capital, avec deux opérations impliquant deux sociétés de Bourse. Selon l'AMMC, la majorité des textes réglementaires ont été publiés, et le cadre prudentiel est en cours d’ajustement pour renforcer la soli- dité de l’infrastructure. «Aujourd’hui, la plupart des textes d’application sont disponibles au Bulletin officiel. Il reste quelques ajustements et tests à finaliser», a précisé Bassil Zekri, chef du département des marchés à l’AMMC et membre de l’ICAMT (Instance de coordination du marché à terme), composée de l'AMMC et de Bank Al-Maghrib. Sur le plan opérationnel, il reste à homologuer les produits à négo- cier et à délivrer les agréments aux opérateurs, notamment aux socié- tés de Bourse. Cinq à six d’entre elles devraient être prêtes à opé- rer dès le lancement. Les respon- sables ont souligné l’importance de
débuter avec des produits simples, comme les contrats sur indices, avant de diversifier l’offre avec des instruments plus complexes. Cette approche permettra au marché de développer progressivement exper- tise et liquidité. «Nous avons adopté une approche progressive en matière de déploiement des marchés, afin de renforcer progressivement l’exper- tise et la connaissance», a confirmé Bassil Zekri. Les expériences internationales pré- sentées lors du symposium ont mis en avant l’importance de la forma- tion, tant pour les professionnels que pour les particuliers, à travers des initiatives d’éducation financière. La Bourse de Casablanca, en collabo- ration avec les associations profes- sionnelles, s’est engagée à accom- pagner les acteurs du marché et les investisseurs avec des programmes dédiés.
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BOURSE & FINANCES
Sociétés cotées
révisée à la baisse par rapport aux premières estimations (+13,7%). Sur le marché boursier, les pers- pectives pour 2024 s'annoncent attractives pour les investisseurs. BKGR prévoit un Price Earnings Ratio (PER) de 20,9x pour les 40 principales valeurs suivies par le cabinet, principalement en rai- son de la hausse attendue des cours boursiers et des bénéfices. Toutefois, le PER global du mar- ché devrait rester plus compétitif, autour de 18,5x. En 2025, une correction est anti- cipée avec une baisse du PER à 17,1x, soit un niveau inférieur à la moyenne observée au cours des cinq dernières années. Cette diminution ouvrirait la voie à des opportunités d’investissement intéressantes, notamment pour ceux qui recherchent des valeurs sous-évaluées, prêtes à tirer parti d’un cycle de croissance renou- velé. Perspectives 2025 : une accé- lération de la dynamique L'année 2025 devrait marquer une nouvelle étape dans la reprise éco- nomique, avec une progression de +7% de l'activité commerciale, pour atteindre 294,2 Mds de DH. Le secteur industriel, particuliè- rement dynamique, devrait enre- gistrer une croissance de +7,6%, tandis que le secteur financier ver- rait son produit net bancaire (PNB) augmenter de +5,2% à 71,6 Mds de DH. La capacité bénéficiaire des entreprises devrait également poursuivre sa progression, avec une hausse de +8,4% à 36 Mds de DH. Cette performance solide résulte des efforts de rationalisa- tion des coûts et de l'amélioration continue des marges, permettant aux entreprises de renforcer leur résilience face aux aléas écono- miques externes. Au final, pour les investisseurs, les niveaux actuels de valorisation laissent entrevoir des opportunités intéressantes, notamment à par- tir de 2025, avec une correction des multiples boursiers qui pour- rait favoriser une nouvelle phase d’investissement sur le marché des actions. ◆
Des prévisions optimistes pour 2024-2025
BMCE Capital Global Research (BKGR) vient de dévoiler ses prévisions financières pour les entreprises cotées en 2024-2025, et les perspectives s'annoncent prometteuses. Détails.
Par Y. Seddik
Les prévisions de BKGR pour 2024 et 2025 sont largement positives, soutenues par une reprise économique qui semble se consolider.
S
elon les analystes de BKGR, une dynamique positive se profile avec une hausse attendue de l'activité commerciale, une amélioration des marges opérationnelles et une capacité bénéficiaire au plus haut niveau depuis dix ans en 2024. Ces prévisions s'inscrivent dans un contexte de reprise écono- mique post-pandémique et d'atté- nuation progressive des pressions inflationnistes. Pour l'année 2024, BKGR pré- voit une croissance de +5,9% du chiffre d'affaires des sociétés cotées, atteignant 275 milliards de DH. Cette reprise devrait bénéfi- cier à tous les secteurs, avec des hausses attendues de +6,1% pour les entreprises financières, +5,7% pour les industries, et +6,5% pour les compagnies d’assurances. Ce regain d’activité reflète une sta- bilisation des conditions macroé-
conomiques, aussi bien au niveau national qu'international, permet- tant aux entreprises marocaines de consolider leur position après une période d’incertitudes prolon- gées. Les entreprises semblent profi- ter d'un contexte économique plus stable, où la confiance des consommateurs et des investis- seurs se rétablit progressivement. Cela dit, il convient de garder à l’esprit que cette reprise pourrait être influencée par des facteurs externes, tels que l'évolution de la conjoncture géopolitique et les politiques monétaires adoptées par les grandes économies. Capacité bénéficiaire au plus haut depuis en 2024 Sur le plan de la rentabilité, les marges des entreprises cotées devraient connaître une amélio-
ration modérée. BKGR estime une progression de 0,5 point des marges opérationnelles, qui atteindraient ainsi 17,5% en 2024. Cette hausse serait en partie due à une légère baisse des prix des matières premières et des coûts énergétiques, consécutive à la détente des pressions inflation- nistes. L’un des aspects les plus frap- pants du rapport de BKGR est la prévision d'une augmentation de +13,4% des bénéfices des socié- tés cotées, pour atteindre 33,2 Mds de DH en 2024. Ce chiffre représenterait le plus haut niveau de capacité bénéficiaire enregistré au cours des dix dernières années, un indicateur clé de la résilience des entreprises cotées dans un environnement encore marqué par certaines incertitudes. Pourtant, cette prévision a été légèrement
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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 24 OCTOBRE 2024
BOURSE & FINANCES
brut d’exploitation. La banque ambi- tionne d’atteindre 68 milliards de dirhams en dépôts d'ici 2026, tout en maintenant des ratios de solvabi- lité conformes aux exigences régle- mentaires : un ratio Tier 1 de 11% et une solvabilité globale de 13%. À plus court terme, Crédit du Maroc table sur une hausse de 33,3% de ses bénéfices en 2024, attei- gnant ainsi 664 millions de dirhams. Lamiae Kendili, DGA de Holmarcom Finance Company (HFC), estime que la faible liquidité du titre en Bourse ne reflète pas correctement ses per- formances. La mise sur le marché de davantage de titres devrait per- mettre aux investisseurs d'accéder plus facilement à cette valeur. Une OPV pour renforcer la liqui- dité et la visibilité en Bourse L’opération publique de vente (OPV) est de grande envergure et s’appa- rente à une introduction en Bourse, avec une offre d’un milliard de dirhams d'actions Crédit du Maroc. Cette opération concerne 1.229.577 actions, accessibles aux investis- seurs institutionnels, au grand public et au personnel de la banque à des conditions préférentielles. Les actions seront proposées à 850 dirhams, avec un prix réduit à 680 dirhams pour les salariés, alors que le titre se négocie actuellement à 930 dirhams sur le marché. Cette offre sera portée par un syndicat de placement composé de banques et de sociétés de Bourse. Suite à l’opération, le flottant de Crédit du Maroc en Bourse atteindra près de 22%, augmentant ainsi la visibilité du titre auprès des OPCVM et des investisseurs institutionnels. Cette opération vise à céder au public et aux salariés éligibles du groupe 1.229.577 actions, représen- tant 11,3% du capital et des droits de vote de CDM. À l'issue de l'OPV, la participation de HFC dans CDM passera à 54,61%, contre 65,91% actuellement. Le flottant passera de 10,54% à 21,84% et les autres actionnaires institutionnels maintien- dront leur niveau de participation. A savoir AtlantaSanad 12,82% et Wafa Assurance 10,74%. Ensemble, Holmarcom et AtlantaSanad conti- nueront de former un bloc de contrôle avec 67,43% du capital. ◆
Le plan stratégique CDM Boost vise à pro- pulser la banque vers une croissance durable.
Crédit du Maroc
epuis par Holmarcom, Crédit du Maroc a tra- versé une phase de transition de 18 mois, achevée en juin dernier. Le groupe bancaire, presque cente- naire, s’inscrit désormais dans une nouvelle dynamique de développe- ment grâce au programme CDM Boost. L’objectif est clair : devenir plus autonome, diversifié et ren- table, avec des ambitions définies jusqu’en 2028, comme le souligne Ali Benkirane, président du Directoire. Le groupe Holmarcom met en vente un peu plus d'un million d'actions Crédit du Maroc, au moment où la banque amorce une nouvelle phase de croissance. Par A. Hlimi D son acquisition plète en matière d'expertise, de sys- tèmes informatiques et de proces- sus internes. L’objectif désormais est de positionner Crédit du Maroc comme un acteur moderne et dyna- mique, engagé dans le développe- ment économique national. Le plan CDM Boost et les impacts attendus Le plan stratégique CDM Boost vise à propulser la banque vers une croissance durable, avec quatre axes majeurs : processus. Des plateformes comme MyCDM sont mises à jour pour répondre aux standards du mar- ché, optimisant ainsi l'efficacité et la réactivité face aux besoins des clients. Une OPV pour booster la liquidité
• Renforcement de la gouvernance et de la gestion des risques En adoptant les meilleures pratiques en matière de contrôle et de gestion des risques, la banque s’aligne sur les standards internationaux. Elle s'engage à garantir stabilité et trans- parence tout en renforçant sa ges- tion des risques de conformité. • Mobilisation du capital humain Crédit du Maroc mise sur l'engage- ment de ses collaborateurs à travers des programmes de formation et de développement. Le personnel, considéré comme un levier essen- tiel de performance, est activement impliqué dans cette phase de crois- sance et d'innovation. Le plan CDM Boost prévoit une croissance annuelle moyenne de 8% du produit net bancaire (PNB) et une progression de 14% du résultat
Un repositionnement stratégique sous l’égide de Holmarcom
• Accélération de la dynamique commerciale La banque cible désormais davan- tage la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises (PME). L'objectif est d’améliorer l'expé- rience client à travers une offre res- tructurée, plus compétitive et une plus grande proximité relationnelle. • Transformation pour l’excellence opérationnelle Crédit du Maroc investit dans la modernisation de ses infrastruc- tures digitales et la révision de ses
Fondée en 1929 comme filiale du Crédit Lyonnais, Crédit du Maroc a été gérée pendant plusieurs décen- nies par le groupe Crédit Agricole France. Le tournant décisif est intervenu en décembre 2022, avec la prise de contrôle par le groupe Holmarcom. Ce changement d’ac- tionnariat vise à renforcer l’auto- nomie de la banque et à lui ouvrir de nouvelles perspectives de crois- sance. L’opération de transition a permis une autonomisation com-
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JEUDI 24 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
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Stimulation de l'emploi et réforme du foncier Les réformes fiscales en marche À travers le PLF 2025, le gouvernement entend alléger la pression fiscale sur les ménages, stimuler l'emploi, moderniser les pratiques administratives et renforcer la compétitivité des entreprises via des exonérations ciblées et des ajustements de droits de douane. Tour d’horizon des principales mesures proposées. Par Y. Seddik L PLF 2025
tives. Actuellement, ces revenus sont soumis aux taux du barème progressif, avec une retenue à la source de 15% non libératoire. Cette mesure vise à alléger et à simplifier les démarches fiscales des propriétaires. Mesures douanières Dans le cadre du soutien à l'éco- nomie agricole, une autre mesure notable du PLF 2025 concerne l’exonération temporaire de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur certains produits agricoles et ani- maux vivants. Cette initiative, qui sera valable pour l’année 2025, vise à stabiliser les prix sur le marché local, notamment dans un contexte de hausse des coûts de production et de pénurie de certains produits due à la séche- resse. Les produits concernés incluent des viandes bovines, ovines et caprines, ainsi que cer- tains intrants agricoles essentiels comme le riz et l'huile d'olive. Le PLF 2025 introduit également des réformes en matière de déma- térialisation des procédures fis- cales. Il est proposé d’instaurer une amende de 10.000 DH pour les professionnels tels que les notaires et les comptables qui ne respecteraient pas l’obligation de dématérialiser les enregistrements fiscaux. Cette mesure s'inscrit dans une démarche de moderni- sation et de transparence, en ligne avec les orientations de l'adminis- tration fiscale. Enfin, le secteur des entreprises est aussi concerné par plusieurs ajustements. Les sociétés en par- ticipation (SEP) comptant plus de cinq associés ou incluant une per- sonne morale seront désormais soumises à l’impôt sur les socié- tés (IS), une mesure visant à ren- forcer l’équité fiscale. Parallèlement, pour soutenir la production locale, des réductions de droits de douane sont pré- vues sur certains intrants indus- triels, tels que les composants pour pompes immergées ou les onduleurs solaires. Ces baisses tarifaires visent à encourager des secteurs stratégiques comme l’in- dustrie et les énergies renouve- lables. ◆
e projet de Loi de Finances (PLF) pour l’année 2025 dévoile un ensemble de mesures fiscales dont l'objectif principal est d'al- léger la pression fiscale sur les contribuables, stimuler l'emploi et renforcer la compétitivité des entreprises marocaines. Ces pro- positions, qui touchent plusieurs aspects du système fiscal, visent également à répondre aux défis économiques et sociaux actuels, tout en modernisant les pratiques administratives. Tout d'abord, une réforme majeure concerne l'impôt sur le revenu (IR). Le seuil d'exonération de l'IR sera relevé, passant de 30.000 à 40.000 DH de revenu annuel net. Cette mesure permettra d’exo- nérer complètement les revenus mensuels inférieurs à 6.000 DH, offrant ainsi un soulagement signi- ficatif aux ménages à faible reve- nu. Simultanément, les tranches
du barème progressif seront élar- gies, accompagnées d'une réduc- tion des taux pouvant atteindre 50% dans certains cas. Cette révi- sion du barème a pour objectif de mieux cibler la classe moyenne. Par ailleurs, le taux marginal de l'IR sera abaissé de 38% à 37%, allé- geant légèrement la charge fiscale des contribuables les plus aisés. Dans la même logique, le PLF propose un renforcement des sou- tiens fiscaux aux familles. Le mon- tant de la réduction d’impôt par personne à charge passera de 360 DH à 500 DH, tandis que le pla- fond global de cette réduction sera fixé à 3.000 DH pour les familles comptant jusqu'à six personnes à charge. Ce dispositif permet de mieux prendre en compte les charges familiales dans le calcul de l'impôt et offre un soutien financier aux foyers concernés.
En ce qui concerne l'emploi, le gouvernement mise également sur une série de mesures pour stimu- ler l’insertion des jeunes dans le marché du travail. Le PLF prévoit une exonération fiscale pour les stagiaires percevant jusqu’à 6.000 DH d’indemnité mensuelle, et ce pour une période de 12 mois. En outre, les entreprises embauchant un stagiaire en contrat à durée indéterminée (CDI) bénéficieront d'une exonération de l'impôt sur le revenu pour les salaires plafonnés à 10.000 DH, durant la première année suivant l’embauche. Parallèlement, des réformes sont prévues pour le régime d’impo- sition des revenus fonciers. Les contribuables pourront désormais opter pour un taux d'imposition libératoire de 20%, simplifiant ainsi leurs obligations déclara-
Le PLF 2025 introduit une refonte du barème de l’IR, avec une hausse du seuil d’exonération et des réductions ciblées pour alléger la charge fiscale des ménages.
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