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JEUDI 24 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Haut-commissariat au Plan

Benmoussa face à l’héritage de Lahlimi Vendredi 18 octobre 2024, le Roi Mohammed VI a nommé Chakib Benmoussa haut-commissaire au Plan, succédant à Ahmed Lahlimi.

près 21 ans de bons et loyaux services, Ahmed Lahlimi tire sa révérence, laissant derrière lui une institution consolidée, crédible, mais non sans cica- trices laissées par les affron- tements permanents avec les différents gouvernements. L’ère Chakib Benmoussa commence, quant à elle, avec deux interrogations : saura- t-il maintenir l’indépendance de l’institution, à l’instar de son prédécesseur ? Ou suc- combera-t-il aux influences d’un gouvernement dont il fut, il y a peu encore, l’un des piliers ? Il devra relever un défi de taille : préserver l’indépendance du HCP face aux pressions politiques, tout en restant fidèle à la rigueur statistique qui fait la renommée de l’institution. Par D. William A

homme de gauche et écono- miste chevronné a pris les rênes d’une institution alors en quête de crédibilité, per- çue comme un simple outil d’évaluation statistique. Très vite, il l’a transformée en une référence incontestée en termes de production statis- tique, tant au niveau natio- nal qu’international, et s’est surtout évertué à en faire un modèle d’indépendance et de rigueur. Sous sa direc- tion, le HCP est devenu un partenaire de choix pour des institutions internationales de renom comme la Banque mondiale ou encore le Fonds monétaire international. Ces partenariats, ainsi que l’appli- cation rigoureuse des stan- dards internationaux, ont valu au HCP le respect et la crédibilité qui le placent aujourd'hui comme un acteur

incontournable de la scène économique marocaine. Mais cette quête d’autono- mie lui a également attiré de nombreuses inimitiés, cer- tains accusant même le HCP de faire preuve de «manque de patriotisme». En effet, les relations entre Lahlimi et les différents gou- vernements marocains n’ont jamais été des plus sereines. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il a toujours insisté sur l'indépendance du HCP et s'est souvent retrouvé en désaccord avec les chiffres avancés par l'exécutif. Début 2014, une vive polémique avait d’ailleurs éclaté à ce sujet, à la faveur d’une sor- tie au vitriol du ministre des Affaires générales et de la Gouvernance de l’époque, Mohamed El Ouafa, irrité par les prévisions de crois-

sance du HCP, en décalage avec celles du ministère de l’Economie et des Finances. El Ouafa avait alors utilisé des mots forts, qualifiant les chiffres de l’institution de «faux» et estimant ainsi que Lahlimi «s'attaque à l'image du pays», tout en affirmant que seule la voix du gou- vernement devait faire foi en matière de prévisions écono- miques. Certes, ce type de diver- gences est inévitable dans toute démocratie. Mais elles sont aussi le signe que le HCP fait son travail sans se laisser guider par les agendas politiques. A raison d’ailleurs, car ses chiffres se sont révé- lés justes à maintes reprises, confirmant la solidité de ses méthodes alignées sur les normes internationales. De fait, malgré ces attaques

Lahlimi, l’indépendance du HCP, son combat Pour comprendre les enjeux de ce changement à la tête du HCP, il faut revenir sur le parcours de Lahlimi. Nommé en 2003 à la tête du HCP, cet

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