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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 24 OCTOBRE 2024
ECONOMIE
et environnemental (CESE), ou encore ambassadeur du Maroc en France. Jusqu'à sa nomination, il occupait le poste de ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports. Une fonction hautement stra- tégique, avec un passage à l’Education nationale marqué par la mise en œuvre d’une profonde réforme du système éducatif, mais également par des tensions extrêmes avec les syndicats des ensei- gnants très vindicatifs. Mais l’une de ses missions les plus marquantes reste probablement celle qu’il a menée en tant que président de la Commission spéciale sur le modèle de développe- ment, mise en place en 2019. Une mission confiée par le Roi pour repenser le futur du Maroc, dans un contexte de transformations écono- miques et sociales profondes. Dans ce cadre, Benmoussa a su faire preuve d’écoute, de pragmatisme et de vision à long terme dans cette entre- prise. C’est dire, au regard de tout ce qui précède, qu’il jouit donc d’une légitimité certaine pour succéder à Lahlimi. Cependant, maintenant qu’il dirige le HCP, il fait face à un nouveau défi : celui de préser- ver l'indépendance de l'insti- tution dans un contexte où les pressions politiques sont omniprésentes. Certes, il a l’expérience et la stature pour cette mission, mais sa proxi- mité avec le Rassemblement national des indépendants (RNI), parti dont il arbore les couleurs, pourrait soulever des interrogations. Parviendra-t-il à garder le HCP à l'abri de l’arithmétique politicienne ? Parviendra-t- il à maintenir le HCP hors de l’influence d’une majorité gouvernementale dont il a fait partie ? Cette proximité pour- rait-elle influencer ses prises de position à la tête d’une ins- titution censée être neutre et
objective? Comment concilier une position institutionnelle aussi stratégique avec une indépendance totale vis-à-vis de l'exécutif ? L'enjeu pour Chakib Benmoussa sera donc de taille : continuer à produire des statistiques fiables, conformes à la réalité éco- nomique du pays, sans céder aux tentations d’une «politi- sation» des chiffres. Le HCP est une institution publique certes, mais elle se doit de rester une instance indépen- dante. Il en va de la crédibilité du Maroc sur la scène inter- nationale, mais aussi de la confiance des citoyens dans les statistiques économiques qui leur sont présentées. Pour autant, si l’étiquette politique de Benmoussa sou- lève légitimement des doutes, son parcours exemplaire et son attachement aux valeurs de rigueur et de transparence pourraient tout autant être des garanties pour l’avenir de l’institution. En tout cas, il a toutes les cartes en main pour bien s’acquitter de sa mission. Et à l’heure où le Maroc fait face à des défis économiques de taille, de la croissance à la gestion des inégalités sociales, l’indépendance du HCP sera plus que jamais essentielle pour éclairer les décisions des politiques publiques. Cette institution doit donc rester ce phare de la vérité statistique, loin des vagues partisanes. C’est dire que Chakib Benmoussa devra donc navi- guer dans des eaux troubles : s’il reste fidèle à l’héritage de Lahlimi, il pourrait s’exposer à des remontrances de l’Exé- cutif, tout comme son prédé- cesseur. Mais s’il cède aux sirènes politiques, il risque de compromettre l’indépendance de l’institution et de ternir une réputation bâtie durant deux décennies. C’est là tout l’en- jeu de sa mission. ◆
Le Roi Mohammed VI a reçu, vendredi 18 octobre au palais royal à Rabat, Chakib Benmoussa, qu’il a nommé haut-commissaire au Plan.
répétées, Lahlimi a tenu bon, soutenu par la confiance du Roi, qui ne lui a jamais deman- dé de comptes. En effet, il se plait à rappeler que, durant ses 21 ans à la tête du HCP, le Souverain ne lui a jamais imposé une quelconque ligne de conduite ou méthode de travail. Mieux encore, le Roi a toujours insisté sur l’indépen- dance de l’institution, garan- tissant ainsi que les chiffres produits reflétaient la réalité économique du pays, sans ingérence politique. C’est probablement cette «protection royale» qui a per- mis à Lahlimi de rester en poste aussi longtemps, mal- gré les nombreuses tenta- tives des gouvernements qui se sont succédé de l’écarter. A 85 ans, il s’en va avec le sentiment du devoir accom- pli. Il part surtout la tête
haute, décoré par le Roi du Grand Cordon du Wissam Al Arch.
Benmoussa prend la relève
C’est dans ce contexte particulier que Chakib Benmoussa prend les rênes du HCP. Son parcours est celui d’un homme d’Etat habitué aux challenges. Polytechnicien, ingénieur formé au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Benmoussa a toujours été un grand serviteur de l’Etat, que ce soit en tant que ministre de l’Intérieur, président du Conseil économique, social
Lahlimi a toujours bénéficié de la confiance du Roi malgré les nombreuses tentatives des gouvernements qui se sont succédé de l’écarter.
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