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JEUDI 24 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
ECONOMIE
u cours des 25 dernières années, le secteur industriel marocain a connu un essor remarquable. Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce, a présenté, à l'oc- casion de la 2 ème édition de la Journée nationale de l’indus- trie (16 octobre), des chiffres qui illustrent cette dynamique. Le nombre d'emplois a dou- blé, le nombre d'entreprises a triplé et le chiffre d'affaires du secteur a quadruplé, passant de 185 milliards de dirhams en 1999 à 800 milliards de DH en 2023. Les exportations, elles, ont explosé, enregistrant un bond de 61 milliards à 377 mil- Un potentiel sous-exploité face à l'essor industriel Par Désy M. A Industrie navale liards de dirhams sur la même période. Ce dynamisme est porté par des secteurs phares comme l'automobile, l'aéro- nautique, les phosphates ou encore le textile. Pourtant, un secteur reste en marge de cette croissance : l'industrie navale. Le dernier rapport du Conseil économique, social et envi- ronnemental (CESE) met en lumière le potentiel de l'indus- trie navale, un secteur que le Maroc ambitionne de déve- lopper pour devenir un acteur majeur de l'économie bleue. Mais cette ambition ne se réa- lisera que si l'industrie navale se hisse au niveau de com- pétitivité requis, en intégrant un transfert de technologie et de savoir-faire pour réduire la dépendance aux chantiers navals étrangers, tant pour la réparation que pour l'acquisi- tion de navires. Avec ses 3.500 km de côtes et une zone économique exclusive (ZEE) de 1,2 mil- lion de km², le Maroc dispose d'atouts naturels indéniables pour développer une industrie navale robuste. Le pays béné- ficie également d'un réseau portuaire en pleine expan- sion, avec 43 ports, dont 14 ouverts au commerce exté- Alors que le secteur industriel marocain affiche une croissance spectaculaire ces deux dernières décennies, l'industrie navale peine à suivre le rythme. Le rapport annuel du CESE souligne les freins à son développement et propose des pistes pour un redressement durable.
rieur, et des chantiers navals stratégiquement situés à Tan- Tan, Agadir et Casablanca. En outre, la compétitivité de la main-d'œuvre marocaine, ren- forcée par des synergies avec les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique, place le Royaume dans une position favorable pour faire décoller ce secteur. Malgré ces avantages, l'indus- trie navale marocaine peine à sortir de l'ombre. Ahmed Réda Chami, président du CESE et qui vient d’être nommé ambas- sadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, a souligné lors de la JNI que le secteur reste à un stade embryon- naire. Entre 2013 et 2022, il n'a généré qu'un chiffre d'af- faires annuel de 500 millions de dirhams, concentré sur la réparation et la construc- tion de petites embarcations, essentiellement des bateaux de pêche. Sa contribution à l'économie demeure modeste, représentant à peine 0,01% du PIB et 0,10% de la valeur ajou- tée de l'industrie de transfor- mation. Le secteur a créé seu- lement 700 emplois sur la der- nière décennie, tandis que le nombre d'entreprises a chuté de 40 à 10, témoignant d'une régression préoccupante. Selon le rapport du CESE, cette faiblesse résulte d'une intégration industrielle limitée et d'une forte dépendance aux importations, la majorité des intrants étant achetés à l'étran- ger. Entre 2002 et 2022, le Maroc a importé pour 14 mil- liards de dirhams de services maritimes, soit une moyenne de 660 millions de dirhams par an. À cela s'ajoute un déficit de 21,1 milliards de dirhams dans la balance des services de transport maritime, révélant une vulnérabilité notable face aux armateurs étrangers. Des initiatives publiques encore timides Pour relancer le secteur, les autorités marocaines ont lancé
La contribution du secteur naval à l'économie ne représente que 0,01% du PIB et 0,10% de la valeur ajoutée de l'industrie de transformation.
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