FNH N° 1170 (1)

38

FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 24 OCTOBRE 2024

L'UNIVERS DES TPME

Depuis 2018, la startup marocaine Geerd propose des solutions pour transformer le secteur éducatif. Dans cet entretien, Othmane Sabih, cofondateur de Geerd, revient sur les défis rencontrés et les ambitions de la startup, qui vise non seulement à accélérer la digitalisation de l'éducation au Maroc, mais aussi à s'étendre sur le continent africain. «Notre ambition est de capturer une grande part du marché de l’enseignement supérieur» Geerd

marché marocain demeure assez petit pour supporter une forte crois- sance. Il faudrait peut-être mettre en place un programme pour faciliter l’accès des startups aux autres mar- chés, africains notamment, surtout pour les solutions digitales déma- térialisées, qui sont plus facilement exportables et sujettes à moins de réglementation. F.N.H. : Quels sont vos objec- tifs à court et long terme pour Geerd, en termes d’ex- pansion ou de nouveaux produits et comment voyez- vous l’avenir de la ED-tech au Maroc et en Afrique dans les 10 prochaines années ? O. S. : Cette année, nous avons commencé à commercialiser un produit SaaS (Software as a Service) à des écoles supérieures privées renommées, qui leur permet de digi- taliser un grand nombre de leurs process, comme les admissions, la gestion de la scolarité, les cours en ligne, les examens, la facturation et d’autres services. Notre ambition est de capturer une grande part du marché de l’enseignement supé- rieur avec ce produit pour pouvoir viser le reste de l’Afrique, et pour- quoi pas s’allier à un investisseur pour assurer une croissance rapide. En tant que secteur, la Edtech est un important levier de développe- ment pour les pays émergents, car l’éducation est le moteur principal de la croissance de toute société. Aussi, la digitalisation du secteur de l’éducation et l’exploitation des possibilités offertes par l’IA peuvent contribuer à démocratiser l’accès au savoir et à réduire les inégali- tés. Avec une population des plus jeunes du monde, beaucoup d’in- vestisseurs prisent la destination Afrique. Cela va sans doute profi- ter au secteur de la Edtech qui va continuer à croître dans les années à venir, car l’Afrique a besoin d’une jeunesse qualifiée pour faire face aux défis du monde de demain. ◆

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

Finances News Hebdo : Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter la mission princi- pale de Geerd et ce qui vous a motivé à créer une startup spécialisée dans la Ed-tech ? Othmane Sabih : Depuis notre création en 2018, Geerd se consacre exclusivement au secteur de l'Ed-tech au Maroc. Notre mis- sion est précisément d'aborder et de surmonter les défis spécifiques de l'éducation numérique dans notre pays. Nous avons collaboré étroitement avec des dirigeants de grandes universités et écoles maro- caines, en exploitant les opportuni- tés offertes par le numérique pour transformer le paysage éducatif marocain. Nous croyons fermement que toute partie prenante du système édu- catif marocain peut, grâce à des solutions innovantes, réduire le coût d'accès au savoir, créer des expériences d'apprentissage plus engageantes et ainsi contribuer à l'élévation de la société marocaine par l’éducation et la formation. Notre proposition repose sur la conception, le développement et le déploiement de solutions éduca- tives numériques innovantes ainsi que sur des solutions existantes, développées in-house, par des talents marocains, scalables et déjà mises en production sur le marché marocain, tout cela dans le but de : • Accélérer la transformation numé- rique du système éducatif maro- cain.

solide pour s’attaquer au marché et proposer nos solutions Edtech. Jusqu’à ce jour, nous avons tou- jours fonctionné en fonds propres. Néanmoins, étant installés au Technopark de Casablanca, nous bénéficions d’un écosystème dyna- mique qui nous permet de présenter nos solutions à plusieurs acteurs, et ainsi renforcer la visibilité de nos produits ainsi que notre position sur le marché. F.N.H. : Quelle est votre ana- lyse de l’évolution de l’éco- système entrepreneurial au Maroc ces dernières années et quels sont, selon vous, les principaux manques à com- bler pour permettre aux star- tups marocaines de mieux se développer ? O. S. : Ces dernières années, l’éco- système entrepreneurial a beaucoup changé, positivement. Nous remar- quons la naissance de plusieurs pépites nationales dans plusieurs secteurs, dont beaucoup ont reçu des financements de fonds maro- cains. Cela est rassurant et crée un élan de positivité chez les jeunes entrepreneurs en quête de finance- ment. Toutefois, nous constatons toujours des difficultés à accéder à la commande publique, qui favorise les entreprises ayant une certaine séniorité et taille d’effectif, chose qui n’est pas forcément un gage de qualité de la solution ou du service. Startup est souvent synonyme de croissance exponentielle. Or, le

• Améliorer la maîtrise des appren- tissages fondamentaux. • Réduire la déperdition scolaire et contribuer à l'épanouissement des élèves. F.N.H. : Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés lors de la création de Geerd ? Avez- vous bénéficié de soutiens ou de programmes d’accom- pagnement spécifiques ? O. S. : Notre premier client a été l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), qui a cru en notre première solution de test d’ad- missions en ligne et qui l’a utilisé sur plusieurs éditions des concours des différentes écoles et facultés de l’université. C’était un soutien de taille, car le premier client est sou- vent le plus difficile à avoir, et cela nous a permis d’avoir une référence

AVEC LA PARTICIPATION DE TAMWILCOM

Made with FlippingBook flipbook maker