FNH N° 1193

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FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 24 AVRIL 2025

SPÉCIAL AGRICULTURE

a sécheresse persis- tante, les températures extrêmes et la raréfac- tion des ressources hydriques menacent la sécurité alimentaire et la stabilité économique du Maroc. Face à cette situation, la question se pose : faut-il adapter les pratiques agricoles exis- tantes ou opérer une transformation radicale du secteur ?​ Agriculture et changement climatique Adaptation ou révolution ? Le Maroc, pays à vocation agricole, est confronté à une crise climatique sans précédent. Par A. H. L  Le Maroc est l'un des pays les plus touchés par le stress hydrique.

touchés par le stress hydrique. L'agriculture consomme environ 80% des ressources en eau du pays. La dépendance à l'égard de l'irrigation est particulièrement marquée, avec seulement 20 à 25% des terres agri- coles irriguées, mais représentant près de 65% de la valeur monétaire des cultures produites.​ La diminution des précipitations et l'épuisement des nappes phréatiques exacerbent la situation. Les barrages étaient jusqu’à février 2025 à des niveaux historiquement bas, et les sources d'eau traditionnelles ne suf- fisent plus à répondre aux besoins du secteur agricole.​ Face à ces défis, le gouvernement a mis en place plusieurs programmes visant à renforcer la résilience du sec- teur agricole. En décembre 2024, la Banque mondiale a approuvé un finan- cement de 250 millions de dollars pour le Programme de transformation des systèmes agroalimentaires au Maroc. Ce programme vise à promouvoir des pratiques agricoles climato-intelli- gentes, améliorer la gestion de l'eau et des sols, et renforcer la sécurité alimentaire.​ Par ailleurs, des techniques telles que le semis direct, l'agriculture de conser- vation et l'utilisation de cépages moins gourmands en eau sont encouragées pour faire face aux nouvelles condi- tions climatiques. Cette transformation pourrait inclure une diversification des cultures, une réduction de la dépendance à l'égard des cultures gourmandes en eau et une meilleure intégration des techno- logies numériques pour optimiser les ressources.​ Selon les experts, le changement cli- matique impose au Maroc un choix crucial : continuer à adapter progres- sivement ses pratiques agricoles ou entreprendre une révolution structu- relle du secteur. Les initiatives actuelles montrent une volonté de changement, mais l'ampleur des défis nécessite des actions plus audacieuses et coordon- nées. L'avenir de l'agriculture maro- caine dépendra de la capacité du pays à innover, à investir dans des solutions durables et à mobiliser l'ensemble des acteurs autour d'une vision commune pour un développement résilient et équitable. ◆

L'agriculture représente environ 15% du produit intérieur brut (PIB) du Royaume et emploie près de 40% de la population active. Cependant, ce secteur est extrêmement vulné- rable aux aléas climatiques. En 2023, le pays a connu sa sixième année consécutive de sécheresse, avec des précipitations inférieures de 55% à la moyenne annuelle. Cette situation a entraîné une baisse significative des rendements agricoles.​ La superficie semée en céréales majeures a dimi- nué de 33%, passant de 3,67 millions d'hectares à seulement 2,47 millions d'hectares. Cette réduction a eu un impact direct sur la production, met- tant en péril la sécurité alimentaire nationale. Des ressources en eau en diminution Le Maroc est l'un des pays les plus

La dépendance à l'égard de l'irrigation est particuliè- rement marquée, avec seu- lement 20 à 25% des terres agricoles irriguées.

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