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FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 24 AVRIL 2025
éleveurs, car il représente une forme de reconnaissance pour ce métier exigeant, tout en leur apportant un soutien moral et une motivation précieuse pour maintenir et développer l’activité d’élevage. F.N.H. : Dans ce contexte, quelles actions mène l’ANOC pour relever les défis liés à la gestion de l’eau dans l’élevage ovin et caprin ? Existe-t-il des initiatives spécifiques pour promouvoir des pratiques d’élevage plus durables et résilientes face aux défis climatiques ? S. Ch. : La majorité des sys- tèmes de production classiques reposent essentiellement sur les parcours naturels et les pluies, avec peu de maîtrise technique, une productivité globale assez moyenne et une forte vulnérabilité face aux aléas climatiques. Il est désormais nécessaire d’évo- luer vers des systèmes de produc- tion plus modernes, plus intensifs, moins dépendant du climat, avec une meilleure maîtrise technique pour améliorer significativement la productivité du cheptel natio- nale et réduire les risques. Nous avons des marges de manœuvre importantes pour améliorer les paramètres de la reproduction (fertilité et prolificité), réduire les pertes (avortement, mortalité) et optimiser les cycles de produc- tion, par exemple, passer d’une naissance en 1 an, à 3 naissances en 2 ans. La maîtrise de ces aspects peut améliorer la produc- tivité numérique de notre cheptel, actuellement de l’ordre de 80% vers 130%. L’ANOC peut contribuer active- ment à cet objectif à travers l’ac- compagnement sur le terrain des éleveurs pour la modernisation de leurs pratiques d’élevage. Dans ce cadre, nous avons été appro- chés récemment par le ministère de l’Agriculture pour justement mettre en place un programme national d’encadrement tech- nique des éleveurs.
Optimiser les cycles de production, en passant d’une naissance par an à trois naissances en deux ans, permettrait d’augmenter la productivité numérique du cheptel de 80% à 130%.
F.N.H. : Quels sont les objectifs de l’ANOC à moyen et long terme pour améliorer la compétitivité des exploitations sur le marché national ? S. Ch. : L’inflation est un phé- nomène mondial qui a touché la majorité de nos pays voisins. Ainsi, malgré la hausse significa- tive des coûts de production des petits ruminants, nos exploita- tions d’élevage demeurent com- pétitives. La preuve : la quasi- totalité des importations d’ovins de l’étranger a été rendue pos- sible grâce à la subvention de 500 DH. Mais dès que cette sub- vention est levée, les importations cessent. Néanmoins, étant donné que le cheptel national a été impacté par les différentes crises, il est essen- tiel d’intervenir pour permettre sa reconstitution et renforcer sa rési- lience face aux aléas. À court terme, l’État, à travers le ministère de l’Agriculture, déploie d’importants efforts, notamment via la subvention de l’alimentation et les campagnes de prophylaxie sanitaire. Mais à moyen et long terme, nous sommes appelés à faire évoluer nos systèmes d’élevage tradition-
nels vers des modèles plus per- formants.
tialement destinés au sacrifice permettra d’approvisionner pro- gressivement le marché de la viande. F.N.H. : Comment l’ANOC envisage-t-elle son rôle dans la modernisation du secteur et l’accompagne- ment des éleveurs vers des pratiques plus inno- vantes ? S. Ch. : L’ANOC est une asso- ciation professionnelle à but non lucratif, reconnue d’utili- té publique, qui œuvre dans le secteur de l’élevage depuis les années 1980. Elle a ainsi déve- loppé une expertise solide dans le domaine des ovins et des caprins au Maroc. Aujourd’hui, l’ANOC dispose d’un staff technique de plus de 200 salariés, dont 75% sont des techniciens d’élevage déployés à l’échelle nationale, en plus d’une douzaine de cadres hautement qualifiés (ingénieurs, docteurs vétérinaires et titulaires de PhD). Ces acquis renforcent la capacité de l’ANOC à jouer un rôle central dans la conjonc- ture actuelle, en accompagnant la modernisation du secteur dans le cadre d’un partenariat avec le ministère de tutelle. ◆
F.N.H. : Quel regard por- tez-vous sur l’importation des ovins comme solution pour réduire le déficit en viandes rouges ? S. Ch. : L’importation a consti- tué une solution ponctuelle pour soulager le cheptel national et renforcer l’offre en viandes rouges. Toutefois, elle ne peut représenter une solution durable. La crise du Covid-19 et les ten- sions géopolitiques récentes ont bien montré les limites de la dépendance à l’importation, surtout pour un produit aussi essentiel pour les Marocains que la viande rouge. Il est donc important de miser sur la pro- duction nationale. Par ailleurs, avec l’annulation du sacrifice cette année, nous esti- mons qu’il n’est plus nécessaire d’importer des petits ruminants, car le stock de moutons ini-
Un programme national d’encadrement technique des éleveurs est actuellement à l’étude avec le ministère de l’Agriculture.
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