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FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 24 AVRIL 2025
pas de dupliquer des modèles européens, mais de bâtir une signature marocaine forte, enracinée dans nos territoires et tournée vers l’international. A travers le label Made in Morocco, nous accom- pagnons aujourd’hui plusieurs initiatives pilotes, en particulier dans le bio, les pro- duits de terroir et les zones de montagne. L’objectif est clair : ne laisser aucun pro- ducteur de qualité en marge de la montée en gamme nationale. En structurant les filières, la labélisation permet de renfor- cer la formalisation et l’organisation en groupements ou en groupement d'intérêt économique (GIE), augmenter la valeur captée localement via la différenciation du produit. Et enfin, stimuler la fierté rurale, en redonnant au métier d’agriculteur la dignité et la reconnaissance qu’il mérite» , affirme-t-il. L’enjeu est de créer une synergie entre la modernisation technologique et la préser- vation de l’authenticité des produits. Une combinaison stratégique qui facilite l’ac- cès aux marchés internationaux. À travers le label Made in Morocco, le Royaume affirme son engagement en faveur d’une amélioration continue de la qualité de sa production agricole pour renforcer dura- blement la compétitivité du secteur. ◆ Les petits producteurs peinent encore à structurer leurs activités et à accéder aux outils technologiques essentiels à leur montée en gamme.
En 2023, 37 produits marocains ont été labellisés, dont 30 indications
géographiques, 5 appellations d’origine et 2 labels agricoles.
ment consommer. Ils veulent comprendre, choisir et s’engager. La traçabilité devient dès lors une exigence démocratique autant qu’un levier économique», précise Lamnini. Pour lui, grâce aux efforts de Morocco Foodex, à l’essor des plateformes digitales agricoles et à l’intégration de QR codes, la traçabilité commence à se démocratiser. Toutefois, il tire la sonnette d’alarme sur les disparités qui persistent. «Nos petits producteurs, souvent porteurs d’une richesse exceptionnelle, peinent encore à formaliser leurs pratiques et à accéder aux outils technologiques nécessaires. C’est ici que l’État, les collectivités et les orga- nisations professionnelles doivent inter- venir. Il est clair que la traçabilité ne doit pas être un luxe d’exportateurs structurés, mais un droit pour tous les producteurs marocains», insiste-t-il. La labellisation est l’arme douce de la montée en gamme. Mais la route vers cela est semée d’embûches. Si la demande est là, les défis techniques et humains restent nombreux. La certification des labels exige des normes rigoureuses, sou- vent difficiles à respecter pour les petits producteurs qui manquent de moyens. «La qualité ne doit pas être l’apanage des
grandes exploitations. Le Maroc regorge de petits producteurs, de coopératives, de familles rurales qui détiennent un savoir- faire unique, souvent transmis par plu- sieurs générations. Le défi est de leur donner les outils, les débouchés et la reconnaissance qu’ils méritent» , explique Lamnini. Et de préciser : «la labélisation, lorsqu’elle est bien accompagnée, permet de trans- former une production agricole en fier- té nationale exportable. Nous l’avons vu avec l’argan, le safran ou encore l’huile d’olive bio. Ces produits, lorsqu’ils sont portés par des labels clairs, justes et visibles, accèdent à des marchés pre- mium et imposent une narration positive du Maroc». «D’ailleurs, au sein de l’Association des marques marocaines, nous croyons fer- mement que le label «Made in Morocco» peut devenir une infrastructure imma- térielle aussi stratégique qu’un port ou qu’un parc industriel. Il fédère, il rassure et il distingue », dixit Lamnini. Le président de l’APMM assure que leur ambition est d’en faire un passeport de qualité pour tous les produits agricoles qui respectent des critères de durabilité, d’éthique et d’authenticité. «Il ne s’agit
La souveraineté agricole passe par la marque
«Nous sommes à l’aube d’un changement profond. Avec le recul des marques internationales dans plusieurs mar- chés, les appels au boycott et la recherche d’alternatives locales dans les pays du Sud, nos produits ont une fenêtre historique d’opportunités pour conquérir les marchés et les cœurs. La souveraineté alimentaire ne se construit pas unique- ment par les volumes ou les subventions. Elle passe aussi par l’image, la confiance et la valeur perçue», précise Adil Lamnini. «Si nous voulons que demain les consommateurs maro- cains et les clients internationaux privilégient nos produits, il faut qu’ils y trouvent du sens, de la fierté et de la qualité. Le Made in Morocco n’est pas un simple slogan. C’est un projet de société, un outil de diplomatie économique et un hymne à notre excellence collective», conclut-il.
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