FNH N° 1193

SANTÉ

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 24 AVRIL 2025

Groupements sanitaires territoriaux «Une rupture profonde avec l’ancien système de santé»

deur des changements prévus à plusieurs niveaux soulèvent naturellement des incompré- hensions, des craintes et donc des possibilités de résistances aux changements. Par ailleurs, la perte d’une part importante de la patientèle a naturellement pesé sur les résultats des GST. Les GST de Casablanca- Settat, de Souss-Massa, de Marrakech-Safi et de Drâa- Tafilalet se trouvent ainsi à des niveaux inférieurs par rap- port aux huit autres régions, malgré une viabilité financière confirmée sur les 5 prochaines années. Des décalages dans la tarification nationale de réfé- rence (TNR) de certains actes et dans la nomenclature ont bien été identifiés. Celles-ci nécessiteront des révisions adéquates, mais qui doivent rester prudentes pour sauve- garder les équilibres financiers des GST. De même, des adap- tations des paniers de soins et des niveaux de remboursement seront nécessaires pour inciter la population à revenir vers le secteur public, tout en assu- rant une maîtrise des coûts globaux. Heureusement, des potentiels significatifs d’opti- misation et d’amélioration de la productivité, ainsi que des leviers concrets ont bien été identifiés lors des travaux pour la définition des programmes médicaux régionaux (PMR). F.N.H. : Le rapport sou- ligne une perte de patien- tèle au profit du secteur privé, notamment depuis la transition du Ramed vers l’AMO Tadamon. En quoi ce phénomène fragilise-t-il le secteur public, et comment les GST peuvent-ils inverser cette tendance ? A. B. : Effectivement, une par- tie de la patientèle du sec-

La mise en place des 12 Groupements sanitaires territoriaux marque un tournant décisif dans la réforme

du système de santé marocain. En instaurant une autonomie

managériale régionale et une refonte ambitieuse des ressources humaines, le Maroc amorce une décentralisation inédite de son offre de soins. Entretien avec Abdelmadjid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique, analyste des marchés pharmaceutiques et membre de la société marocaine de l’économie des produits de santé.

Propos recueillis par Ibtissam Z.

F.N.H. : Les business plans réalisés sur quatre régions ont confirmé la viabilité financière des GST sur les cinq pro- chaines années, mais à des niveaux inférieurs aux projections ini- tiales. Comment inter- prétez-vous cet écart et quelles sont les pistes pour renforcer leur équi- libre financier à moyen terme ? A. B. : Les écarts constatés par rapport aux projections initiales s’expliquent par plu- sieurs facteurs, et notamment par les retards dans l’opé- rationnalisation de ces GST, auquel s’ajoute un manque fla- grant de la communication offi- cielle. L’ampleur et la profon-

nification régionale de l’offre de santés sachant que les besoins en soins varient quali- tativement et quantitativement d’un territoire à un autre. Ces GST impliquent une refonte totale de la politique des res- sources humaines avec des changements de statuts du personnel, des réaffectations des ressources humaines et la mise en place d’un système de rémunération variable. Chaque GST disposera d’équipements médicaux, de processus d’ac- cueil et de prise de contact et d’urgences, en mesure de booster son efficience opéra- tionnelle. Enfin, chaque GST sera doté d’un système de gestion et de facturation natio- nal ainsi que d’un système informatique intégré.

Finances News Hebdo : Depuis mars 2022, plu- sieurs travaux ont été engagés pour concevoir et opérationnaliser les 12 Groupements sani- taires territoriaux (GST). Pouvez-vous nous expli- quer en quoi consiste cette nouveauté et ce qu’elle transforme concrètement dans l’or- ganisation du système de santé au niveau régional ? Abdelmadjid Belaïche : Le nouveau système des 12 grou- pements sanitaires territoriaux (GST) proposé dans le cadre de la refonte du système de santé représente une rupture profonde avec l’ancien sys- tème centralisé représenté par le ministère de la Santé et ses différentes directions provin- ciales et régionales et direc- tions des centres hospitaliers universitaires (CHU). Dans le nouveau système, les GST disposent d’une autonomie managériale forte et d’une pla-

Dans le nouveau système, les GST disposent d’une autonomie managériale forte et d’une planification régionale de l’offre de santé.

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