BOURSE & FINANCES
8
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 24 AVRIL 2025
Assurance La fin des vieilles routines
complémentaires santé, doivent adapter leur offre, leurs outils et leurs processus. Selon des esti- mations, les assureurs pourraient perdre jusqu'à 4 milliards de dirhams de primes, tandis que les courtiers verraient leurs commis- sions amputées de 400 millions de dirhams. «Nous passons d’un rôle central à un rôle complémentaire. C’est une évolution majeure dans notre modèle. Il va falloir repen- ser nos produits, nos parcours de gestion, et surtout notre valeur ajoutée pour l’assuré» , souligne notre interlocuteur qui insiste sur la nécessité de renforcer la coordina- tion avec la CNSS afin de garantir une transition fluide. «Le risque, c’est l’enchevêtrement administra- tif. L’assuré ne doit pas être péna- lisé par une double gestion mal synchronisée», note-t-il. D’ailleurs, la Fédération marocaine de l’as- surance a souligné l’urgence de renforcer la coordination avec les institutions publiques afin d’assu- rer une transition fluide, tant sur le plan administratif que contractuel. Enfin, les compagnies ne sauraient faire l’impasse sur la probléma- tique persistante de la fraude à l’assurance, en particulier dans la branche automobile. Plusieurs assureurs ont renforcé leurs dis- positifs de contrôle interne, mis en place des cellules spécialisées et mobilisé des technologies avan- cées d’analyse comportementale, basées notamment sur l’intel- ligence artificielle et le machine learning. «Les technologies de data mining nous permettent aujourd’hui de détecter des anomalies en amont, là où auparavant on n’intervenait qu’après le sinistre. Les outils sont là, mais ce sont les données qui manquent parfois. Il nous faut une mutualisation des signaux faibles au niveau sectoriel, sinon l’effort restera dispersé», estime Kaitouni. Le secteur ne manque donc pas de défis, mais il semble s’y atta- quer avec méthode, porté par une volonté collective de modernisa- tion. Mais comme le rappelle Nabil Idrissi Kaitouni, «la technologie seule ne résoudra pas tout. C’est la capacité à coopérer, à simplifier et à anticiper les ruptures qui fera la différence» . ◆
gestion, de sécuriser les flux et d’adapter leurs offres à des clien- tèles aux usages numériques de plus en plus diversifiés. L Le secteur des assurances enchaîne les chantiers d’envergure : digitalisation accélérée, réforme des pratiques tarifaires et passage au régime universel de santé (AMO)... Objectif : gagner en équité, en efficacité et en proximité avec les assurés. Par Y. Seddik Barème d’indemnisation et tarification
e secteur des assurances est en pleine mue. L’un des projets les plus avancés est la dématé- rialisation de l’attestation d’assu- rance automobile. Ce document, jusqu’ici délivré au format papier, sera bientôt remplacé par une version numérique. L’initiative, fruit d’une étroite concertation entre l’ACAPS et les compagnies d’assurances, vise une simplifica- tion administrative pour les assu- rés, une meilleure efficacité des contrôles routiers et également une réduction des coûts liés à la logistique documentaire. «La dématérialisation de l’attestation d’assurance automobile est l’un des projets les plus aboutis actuel- lement. Elle marque la fin d’un symbole administratif et ouvre la voie à une meilleure transparence des données pour les contrôles sur la voie publique», estime Nabil Idrissi Kaitouni, consultant en audit et conformité pour les assureurs. Cette réforme, attendue pour le second semestre 2025, s’inspire des meilleures pratiques interna- tionales, y compris sur le continent
africain. Elle fait écho à une volonté plus large du secteur de conjuguer performance opérationnelle et ser- vice client. En parallèle, un autre chantier numérique d’envergure arrive à maturité : la digitalisation des paiements des primes d’assurance automobile. Une plateforme multi- canale est en cours de finalisation afin de permettre aux assurés de s’acquitter de leurs cotisations via des moyens variés : en agence, en ligne, par mobile ou à travers des terminaux bancaires, tout en garantissant la sécurité des tran- sactions. «Ici, l’objectif est de nous caler sur les standards de la banque, avec une expérience fluide et sécurisée, quel que soit le canal utilisé. La technologie est prête, mais c’est surtout sur l’ac- compagnement des assurés que tout va se jouer» , confie l’expert. Cette évolution répond à une double exigence : améliorer l’ac- cessibilité aux services d’assu- rance et soutenir l’inclusion finan- cière. Elle permet également aux assureurs de réduire les coûts de
Au-delà du numérique, le secteur s’attaque aussi à des probléma- tiques structurelles, à commencer par la révision du barème d’indem- nisation en assurance automobile. Figé depuis 1984, ce barème obso- lète ne reflète plus la réalité médi- cale et juridique des dommages corporels d’aujourd’hui. Sa mise à jour, bien que techniquement complexe, est devenue inévitable. «Nous sommes face à une équa- tion délicate qui est de garantir des indemnisations justes et soute- nables, sans pour autant provoquer un choc tarifaire pour les assurés. Aujourd’hui, deux conducteurs avec des comportements radica- lement différents paient parfois la même prime. Ce n’est plus sou- tenable techniquement, ni défen- dable commercialement», précise Idrissi Kaitouni. Parallèlement, une refonte des cri- tères tarifaires est à l’étude pour permettre une tarification plus fine, davantage centrée sur les pro- fils de risque. L’objectif : renfor- cer l’équité entre assurés tout en assurant la viabilité technique du modèle économique des compa- gnies. AMO : Une nouvelle position à trouver Autre mutation d’ampleur : le basculement des assurés vers le régime universel d’Assurance maladie obligatoire (AMO), piloté par la CNSS. Les assureurs privés, désormais «cantonnés » au rôle de
Entre refonte des barèmes, virage numérique et repositionnement face à l’AMO universelle, les lignes bougent vite chez les assureurs.
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker