BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 24 AVRIL 2025
Conseil de la concurrence Des propositions pour stimuler la dynamique du marché des assurances Dans un avis rendu public à la suite d’une saisine d’office, le Conseil de la concurrence (CC) dresse un diagnostic du marché marocain de l’assurance. Par Y. Seddik
reste dominé par des produits classiques, peu adaptés à l’évolu- tion des besoins des clients. Pour y remédier, le Conseil recom- mande de développer une offre plus inclusive et digitalisée, d’ac- célérer la digitalisation du secteur et de ses canaux de distribution, et de simplifier les démarches d’ap- probation des nouveaux produits par l’ACAPS. Par ailleurs, il pointe un frein majeur au développement du mar- ché : la non-ouverture de l’assu- rance non-vie à la bancassurance. Aujourd’hui réservée à l’assurance vie, cette forme de distribution constitue pourtant un canal effi- cace. En 2021, 30% de la pro- duction d’assurance de personnes provenait de la banque-assurance. Le Conseil plaide donc pour une ouverture progressive de la non- vie aux réseaux bancaires.
4. Régulation du marché : renforcer l’indépendance
Le Conseil de la concurrence formule une série de recommandations pour corriger les déséquilibres du marché de l’assurance.
et protéger le consommateur Dernier axe d’analyse : la gouver- nance du marché et la protection des assurés. Le Conseil s’inter- roge sur la participation active des associations professionnelles aux commissions consultatives de l’ACAPS, estimant que cette proximité soulève un risque de conflit d’intérêts. Il préconise ainsi un encadrement plus strict de leur rôle, afin de préserver l’indépen- dance du régulateur. En parallèle, le Conseil tire la son- nette d’alarme sur la vulnérabi- lité du consommateur, souvent désavantagé par la complexité des contrats et un manque de lisibilité des garanties et exclu- sions. Même les assurés avertis peinent à comprendre leurs droits. Le Conseil recommande de clari- fier les contrats et les conditions de couverture, d’améliorer l’infor- mation donnée aux assurés et de renforcer leur protection juridique dans la relation contractuelle. À travers cet avis structuré, le Conseil de la concurrence formule une «feuille de route» pour un mar- ché plus ouvert, plus transparent et plus favorable à l’innovation et à la concurrence, tout en rééquili- brant la relation entre assureurs et assurés. ◆
L
e chiffre d’affaires global du secteur s’est établi à 57,5 mil- liards de dirhams en 2022, en hausse de 9,7% par rapport à 2021, traduisant une dyna- mique économique solide. Mais derrière ces performances, se cache un marché structurel- lement verrouillé. À fin 2022, 26 compagnies d’assurances opèrent dans le pays, dont 4 sociétés mutuelles, mais six acteurs captent 79% des primes émises, trois sociétés dominent 70% de l’assurance vie, et cinq entreprises concentrent 75% du segment non-vie, notam- ment l’assurance automobile, qui représente, à elle seule, près de la moitié des primes du non vie. Face à cette situation, le Conseil de la concurrence structure son analyse autour de quatre axes, chacun assorti de recomman- dations concrètes destinées à corriger les déséquilibres actuels et à relancer la dyna- mique concurrentielle.
le nombre d’acteurs reste stable, non pas en raison d’une dyna- mique naturelle, mais du fait de rapprochements capitalistiques entre sociétés. Les opérations de fusion-absorption ont contribué à figer le paysage concurrentiel, ren- forçant la concentration existante. Cette configuration empêche l’émergence de nouvelles alterna- tives pour les assurés et confère aux opérateurs historiques une position dominante difficile à chal- lenger, notamment aux assureurs dits «mixtes» (vie et non-vie). Ces derniers bénéficient d’un avantage réglementaire hérité d’avant 2006, année où la spécialisation a été imposée - sans effet rétroactif. Le Conseil appelle donc à corriger cette distorsion concurrentielle par une réforme législative.
1. Accès au marché : un double verrouillage
Le premier axe porte sur les condi- tions d’entrée sur le marché, que le Conseil juge trop restrictives. Il met en évidence un double ver- rouillage : d’une part, les condi- tions de création d’une société d’assurance sont complexes, avec des exigences réglementaires dis- suasives; d’autre part, l’accès au métier d’intermédiaire est entra- vé par des procédures lourdes, notamment l’examen profession- nel obligatoire. Dans cette optique, le Conseil recommande d’assouplir les conditions d’accès pour les nou- veaux acteurs, en allégeant les exigences réglementaires pour les compagnies et en supprimant cer- tains freins administratifs pour les intermédiaires. L’objectif : favoriser une plus grande diversité d’opéra- teurs et stimuler la concurrence. 2. Sortie du marché : une structure figée par les fusions Le Conseil observe par ailleurs que
3. Offre assurantielle : innovation bridée et bancassurance limitée
Troisième axe : la nature de l’offre proposée aux assurés, jugée insuf- fisamment innovante. Le marché
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