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COLLÈGE NATIONAL DES CARDIOLOGUES DES HÔPITAUX REVUE D’EXPRESSION DU COLLÈGE NATIONAL DES CARDIOLOGUES DES HÔPITAUX N°70 JUILLET 2025 CARDIO H
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Hypertension artérielle au congrès de l’ESH : des recommandations à la pratique . . . . . . . . . . . . .p.28 Pr Atul PATHAK interviewé par le Dr Walid AMARA Comment mettre en place la télésurveillance de l’insuffisance cardiaque à l’hôpital . . . . . . . . . . . . . p.30 Mr Thibaut SOLER interviewé par le Dr Walid AMARA Comment s’organiser pour réaliser ou faire réaliser une dénervation rénale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.31 Dr Romain BOULESTREAU interviewé par le Dr Alexandru MISCHIE
Editorial du Président . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.3 Régulation des médecins : un grand souk ou chaque décideur à son stand - par le Dr Michel HANSSEN . .p.6 Interview du Dr J. BRIAND & F. HUCHET . . . . . . . . . .p.7 Le rôle du coordinateur dans le parcours de soins en cardiologie interventionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.9 par Mme Alexandra AUDREN Information patient en cardiologie? . . . . . . . . . . . .p.11 Dr Jérôme TAIEB Conduite automobile et prothèses rythmiques cardiaques - Dr Jérôme TAIEB . . . . . . . . . . . . . . . . . p.12 L’avenir de la cardiologie en région Grand Est : défis, constats et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . p.14 Dr Pierre LEDDET L’avenir de la cardiologie en région Bretagne: défis, constats et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . p.17 Dr Regis DELAUNAY Démographie des cardiologues dans les hôpitaux publics - Marie Noëlle GERAIN BREUZARD, . . . . . . p.18 Barbara ZAMPARO, Séverine BUISINE, Simon CATTAN La délégation de tâches en cardiologie : focus sur la responsabilité juridique - Isabelle FILIPPI . . . . . . . . . .p.38 La mangeuse d’huîtres par Jan STEEN (1626-1679) Dr Louis-François GARNIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.40
Des recommandations à la pratique . . . . . . . . . . . . . . p.33 Dr Hasnaa BELGHITI interviewée par le Dr Kamel ABDENNBI
Lésions calcifiées : Prise en charge . . . . . . . . . . . .p.34 Dr Sabrina UHRY interviewée par le Dr Alexandru MISCHIE
Regards croisés sur l’actualité médico légale en 2024 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.36 Pr Yves COTTIN interviewé par le Dr Cédric GAULTIER
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CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
ÉDITORIAL
Comité de rédaction : Redacteur en chef Dr Alexandru Mischie
Past rédacteur en Chef : Dr Jean-Lou Hirsch Coordonnateur section : Dr Pierre Leddet Président – Dr Walid AMARA
GHI Le Raincy-Montfermeil dr.amara.walid@gmail.com Vice-Président Jérôme TAIEB – Aix-en-Provence
Président sortant Franck ALBERT – Chartres Trésorier Michel HANSSEN – Haguenau Organisation du Congrès Jean-Lou HIRSCH – Avignon Présidents honoraires Claude BARNAY - Loïc BELLE - Simon CATTAN Jean-Jacques DUJARDIN - Guy HANANIA Michel HANSSEN - Patrick JOURDAIN Jean-Pierre MONASSIER Conseillers en communication Géraldine GIBAULT GENTIL – Versailles Raphael LASSERRE – Pau Alexandru MISCHIE – Montluçon Conseillers permanents Simon CATTAN - Paris Membres du bureau Responsables de groupes Alain DIBIE – Paris / Alexandru MISCHIE – Montluçon Annabelle JAGU – Paris / Ariane TRUFFIER – Paris Arnaud DELLINGER – Chalon Sur Saône Aurélie VEUGEOIS - Paris ; Bruno PAVY – Machecoul Christophe LAURE – Chartres / Fanny VILLANOVA - Jossigny / Géraldine GIBAULT GENTY – Versailles Grégoire RANGÉ – Chartres / Hadi KHACHAB – Aix-en- Provence / Jean-Jacques DUJARDIN – Douai Jean-Lou HIRSCH – Avignon / Jean-Louis GEORGES – Versailles / Jean-Michel TARTIERE – Toulon Jérôme TAIEB - Aix-en-Provence / Julien ADJED – St- Laurent du Var / Julien MORENO – Villeneuve St Georges Laurence ARTIGUES - Pau / Lionel BONNEVIE – Ville- neuve Sur Marne / Loic BELLE – Annecy Marine QUILLOT – Avignon / Mathieu VALLA – Metz Michel HANSSEN – Haguenau / Olivier NALLET – Mont- fermeil / Pierre LEDDET – Haguenau Pierre SOCIÉ – Chartres / Raphaël LASSERRE – Pau Régis DELAUNAY – Saint-Brieuc / Renaud FOUCHÉ – Belfort-Montélimard / Saida CHEGGOUR – Avignon Sarah LAROCHE – Clermont FERRAND Simon CATTAN – Paris / Stéphane ANDRIEU – Avignon
Thibaud DEMICHELI – Chartres Walid AMARA – Montfermeil Secrétariat Emilie GAY - cnch@sfcardio.fr
Contactez le comité de rédaction : cardioh@cnch.fr Pour toutes idées ou propositions d’articles, veuillez nous contacter.
Dr Walid AMARA (Président du CNCH)
Dr Alexandru MISCHIE (Chef de Service Cardiologie CH Châteauroux)
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2020 - 2022 : Franck Albert (Chartres)
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1998 - 2001 : Jean-Jacques Dujardin (Douai)
2010 - 2012 : Michel Hanssen (Haguenau)
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1991 - 1997 : Guy Hanania (Aulnay-Sous-Bois)
2006 - 2009 : Claude Barnay (Aix-En-Provence)
2016 : Patrick Jourdain (Pontoise)
Jean-Lou Hirsch (Avignon)
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1985 - 1991 : Jean-Louis Medvedowsky (Aix-En-Provence)
SOMMAIRE CARDIO H REVUE D’EXPRESSION DU COLLÈGE NATIONAL DES CARDIOLOGUES DES HÔPITAUX
CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
N°70 JUILLET 2025
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6 Régulation des médecins : un grand souk ou chaque décideur à son stand Par le Dr Michel HANSSEN 12 Conduite automobile et prothèses rythmiques cardiaques Dr Jérôme TAIEB 28 Hypertension artérielle au congrès de l’ESH : des recommandations à la pratique
7 Interview du Dr J. BRIAND & F. HUCHET
9 Le rôle du coordinateur dans le parcours de soins en cardiologie interventionnelle Mme Alexandra AUDREN 17 L’avenir de la cardiologie en région Bretagne : défis, constats et perspectives Dr Regis DELAUNAY 31 Comment s’organiser
Editorial du Président
11 Information patient en cardiologie Dr Jérôme TAIEB
14 L’avenir de la cardiologie en région Grand Est : défis, constats et perspectives Dr Pierre LEDDET 30 Comment mettre en place la télésurveillance de l’insuffisance cardiaque à l’hôpital Mr Thibaut SOLER,
18 Démographie des cardiologues dans les hôpitaux publics Marie Noëlle GERAIN BREUZARD,
pour réaliser ou faire réaliser une
dénervation rénale ? Dr Romain BOULESTREAU, interviewé par le Dr Alexandru MISCHIE
Pr Atul PATHAK interviewé par le Dr Walid AMARA
Barbara ZAMPARO, Séverine BUISINE, Simon CATTAN
interviewé par le Dr Walid AMARA
33 Des recommandations à la pratique Dr Hasnaa BELGHITI, interviewée par Dr Kamel ABDENNBI
34 Lésions calcifiées : Prise en charge Dr Sabrina UHRY interviewée par le Dr Alexandru MISCHIE
36 Regards croisés sur l’actualité médico légale en 2024
Pr Yves COTTIN interviewé par le Dr Cédric GAULTIER
40 La mangeuse d’huîtres par Jan STEEN (1626-1679) Dr Louis-François GARNIER
38 La délégation de tâches en cardiologie : focus sur la responsabilité juridique Par Isabelle FILIPPI
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BREVES DE COMPTOIR
CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
RÉGULATION DES MÉDECINS : UN GRAND SOUK OU CHAQUE DÉCIDEUR À SON STAND Dr Michel HANSSEN 1 1. CH d’Haguenau, Past-Président CNCH
Parmi les nombreux feuilletons de ce printemps (et la pé- riode est riche), on peut mettre en exergue celui concer- nant la régulation de l’installation des médecins. Fin mars, une proposition de loi transpartisane a été dépo- sée par le Député G. GAROT 1 . La Commission des Affaires Sociale de l’Assemblée Nationale a rejeté de justesse 2 ce mécanisme de régulation tout en retenant la restauration d’une obligation de Permanence des Soins Ambulatoire pour l’ensemble des médecins (merci à J.F MATTEI, aboli- tionniste en 2002). Début avril, toutefois, la Chambre Nationale des Dépu- tés vote en faveur de la proposition de loi « visant à lutter contre les désordres médicaux » (à titre personnel, cette expression ne me semble pas opportune) 3 . Mais le reste de l’examen de la loi est suspendu avec un report à début mai en raison de l’agenda. A noter que pendant cette phase, les Syndicats de Médecins Libéraux (y compris les jeunes), le Conseil Nationale de l’Ordre et le Gouvernement affichent une opposition claire à cette loi ; bien qu’il faille garder à l’esprit que, sur une cartographie nationale, 90 % du territoire a été retenu en zone sous dotée et devant donc bénéficier d’une régulation. Fin avril, le Gouvernement trouvant les mesures proposées par la loi trop radicales, propose un principe de solida- rité territoriale 4 avec des consultations avancées dans les « zones rouges » 5 et une permanence des soins généralisée. Il est évoqué des contres parties financières : pour qui ? La question de l’implication des hôpitaux publics dans ce dis- positif est évoquée : la réponse est oui : les établissements de santé porteront aussi « la solidarité nationale » avec des consultations hors les murs des médecins spécialistes dans les territoires les plus en tension. Une interrogation : les hôpitaux ayant encore une démographie en spécialistes doivent déjà venir en soutien des autres hôpitaux qui n’en sont plus pourvu et, une contrainte supplémentaire sera vraisemblablement très mal vécue en attractivité avec une fiche de poste bien fournie ! Dans le même temps, la proposition de loi, temporaire- ment suspendu, était votée définitivement et dans son en- semble par les Députés 6 . À ce stade, le « chemin » sera encore long : passage au Sé- nat avec à l’évidence des amendements significatifs, puis Commission Paritaire Députés/Sénateurs, puis nouveau
vote des Députés, donc encore une grande place pour un travail des lobbys. Et si la loi était définitivement adoptée, il faudrait la publication des décrets d’application et enfin une mise en œuvre par les technocrates. En miroir de toutes ces démarches, les Syndicats poursui- vaient évidemment leur manifestation d’opposition 7,8 que je soumets à votre propre réflexion.
Un dernier mot d’humeur
Comme l’Académie de Médecine, l’Ordre des Médecins re- met en question la volonté du Gouvernement de former plus de médecins, estimant que le pays en comptera 30 % de plus en 2040, alors que la population, elle, n’augmentera plus 9 . On pourrait néanmoins rappeler d’autres arguments, à savoir une population de personnes âgées nettement augmentée, des situations complexes et une chronicité. L’évolution des classes générationnelles avec un rapport au travail différent notamment dans l’équilibre vie privée/pro- fessionnelle ; une nette féminisation avec 70 % en 2030 ; une quotité de travail évalué à 2,3 fois moins en nombre d’heures en regard des ainées ; etc. Cela rappelle d’anciennes positions (le temps du Numérus Clausus) 10 : « en claire, la profession s’est historiquement organisée pour garantir des revenus aux médecins en ten- tant de limiter leur nombre ». On en voit, à postériori, le prix élevé toutes ces dernières années. Serait-ce un retour vers le passé pour un « gâteau à partager » ?
(1) APM NEWS Mardi 25 mars 2025 (2) APM NEWS Mercredi 26 mars 2025 (3) HOSPIMEDIA du 03/04/25
(4) POLITIQUE DE SANTE du 25/04/25 (5) APM NEWS Vendredi 25 avril 2025 (6) LCP du jeudi 8 mai 2025 (7) APM NEWS Jeudi 24 avril 2025 (8) Communiqué de presse de M. BAYROU le 06/05/25
(9) What’s Up Doc ? du 22 avril 2025 (10) Magcentre.fr du 22 avril 2024
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CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
Interview Dr J. BRIAND & F. HUCHET
Dr Jean Briand, Cardiologue, Praticien Hospita- lier, Chef du service de Cardiologie et Dr François HUCHET, Cardiologue interventionnel, respon- sable médical au sein du GCS d’Angio-Corona- rographie, tous deux au Centre Hospitalier de SAINT NAZAIRE, région des Pays-de-Loire.
A date, l’offre de soins locale, qui était quasiment absente en secteur public en 2018, a donc été totalement restructurée. Elle permet au Centre Hospitalier d’être l’acteur majeur de la prise en charge des patients de notre territoire, avec une offre quasiment exhaustive d’une cardiologie moderne et de proximité immédiate. Dans ce contexte, nous avons également recréé un partena- riat particulièrement fort à la fois avec les acteurs libéraux de notre région (référencement et suivi des patients), mais également avec le CHU de Nantes dans le cadre d’une fé- dération départementale de cardiologie (ayant permis d’établir de solides filières de prise en charge chirurgicale, en cardiologie interventionnelle structurelle pour les TAVI notamment, pour les ablations complexes et pour la prise en charge des cardiomyopathies). Nous participons à quasiment l’ensemble des staffs du CHU dans le cadre des Heart-team et certains de nos praticiens réalisent au CHU les procédures non effectuées sur Saint Nazaire (notamment les TAVI et ablations complexes). Le Centre Hospitalier, les besoins de santé de la région : Le Centre Hospitalier est un bâtiment relativement moderne (construit il y a une dizaine d’années), dont les locaux sont partagés avec la clinique mutualiste de l’Estuaire (groupe Harmonie) au sein d’un GCS (GCS Cité Sanitaire). Dans le cadre de ce partenariat, l’offre de soins et les spécialités sont réparties entre les 2 entités du GCS. Le secteur public regroupe le service des urgences, une large majorité des spécialités médicales (cardiologie, pneumo- logie, neurologie, néphrologie, hépato-gastroentérologie), plusieurs unités de médecine polyvalente (incluant l’endo- crinologie, l’infectiologie et plusieurs unités de gériatrie), plusieurs unités de chirurgie (orthopédie, ophtalmologie et ORL), la pédiatrie, la gynécologie-obstétrique et la mater- nité. Il dispose également de sites secondaires pour la psy- chiatrie, l’HAD et des services de médecine et SSR déportés regroupés sous une direction commune (à Savenay et Gué- rande). La clinique mutualiste intègre quant à elle l’oncologie mé- dicale, la radiothérapie et médecine nucléaire, des unités de chirurgie (vasculaire, urologie et hépato-gastroentéro- logique, endocrinienne, bariatrique), et plusieurs unités de SSR. Le bloc opératoire ainsi que l’équipe d’anesthésie sont parta- gés entre les 2 entités du GCS Cité-Sanitaire. Notre région s’étend sur l’ensemble de la presqu’ile guéran- daise et ses diverses cités balnéaires (La Baule, Pornichet, Pornic, Le Croisic…) jusqu’à la limite du Morbihan au Nord,
Leurs parcours professionnels : Nous sommes issus de la même promotion de la faculté de Médecine de Nantes, ayant passé le concours des ECN en 2011. A l’issue de ce concours nous avons effectué nos inter- nats de spécialité respectivement à Rennes et Nantes, puis nos post-internats à Vannes et au CHU de Nantes. A l’issue de notre parcours académique en 2018, nous avons été sollicités par le directeur du Centre Hospitalier de Saint Nazaire (Monsieur Julien COUVREUR), récemment nom- mé dans le cadre d’une situation budgétaire particulièrement critique dans cet hôpital (dette structurelle s’élevant à plus de 20 M€), afin de contribuer à la restructuration du service de cardiologie qui s’était effondré dans les mois précédant son arrivée, suite au départ de l’ensemble des membres de l’équipe (en conflit avec la direction précédente). L’objectif étant de reconstruire une équipe cardiologique cohérente incluant toutes les sous spécialités de la cardiologie (non in- vasif / cardiologie interventionnelle / rythmologie). Leurs fonctions et responsabilités au sein du service de car- diologie, la présentation du service et son offre de soins : Le Dr BRIAND assume les responsabilités de Chef du Ser- vice et le Dr HUCHET la responsabilité médicale au sein du GCS d’Angio-Coronarographie (au sein d’un groupement avec les angioplasticiens de la clinique privée co-titulaire de l’autorisation de coronarographie). Notre équipe actuelle comporte 8 cardiologues (pour 7.2 ETP) et une médecin urgentiste répartie à mi-temps entre notre service et les urgences du Centre Hospitalier, dans le cadre de son post-internat. Notre service est composé de 10 lits d’USIC, 23 lits de soins conventionnels, 6 lits d’HDS et 6 lits d’HDJ cardiologique. Notre plateau interventionnel dispose d’une salle de corona- rographie (où nous effectuons également les fermetures de FOP et des actes interventionnels artériels tels que les an- gioplasties d’artères rénales) et d’une salle de rythmologie (implantation de pacemaker, défibrillateurs, CRT, radiofré- quences de flutter et voies accessoires). Nous sommes actuel- lement en cours d’installation d’une salle dédiée à la réalisa- tion d’ablation de FA au sein du bloc opératoire (mutualisé avec notre partenaire de la clinique mutualiste au sein d’un second GCS). Notre plateau de cardiologie non-invasive permet la réalisation de l’ensemble des actes diagnostiques usuels (consultations, ETT, onco-cardiologie, examens d’ef- fort et de stress, scintigraphies). Nous avons également dé- veloppé un partenariat avec le service d’imagerie médicale pour la réalisation des IRM myocardiques et scanners car- diologiques (coronaires et pré-TAVI notamment).
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CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
la frontière Vendéenne au Sud et certains patients nous sont référés jusque depuis la large périphérie nantaise à l’Est. En hiver, le bassin de population regroupe une population d’en- viron 300 à 400 000 personnes, et s’élève à plus d’un million de personnes en été en lien avec le tourisme important sur nos côtes. On comprend alors aisément les tensions capacitaires et en termes d’effectifs soignants générés par les fluctuations sai- sonnières d’activité (alors même que l’activité hivernale né- cessite chaque année le déclenchement du plan blanc durant de longs mois en raison d’une saturation capacitaire). Par ailleurs, et alors même que notre région n’est pas consi- dérée au niveau de l’Etat comme sous-dotée médicalement, plus de 30% de nos patients n’arrivent pas à trouver de médecin traitant, et le délai moyen d’accès à une première consultation libérale de cardiologie non urgente est drama- tique (4 à 6 mois dans le meilleur des cas) malgré la bonne volonté et le dynamisme de nos confrères libéraux. A ce titre, au sud de la Loire, la situation est encore plus problématique avec uniquement 2 cardiologues libéraux en activité pour quasiment la moitié de notre territoire géographique. Votre point de vue, points forts et points faibles de l’exercice de la cardiologie dans les CH ? Les points forts de notre activité sont multiples. Parmi les plus importants nous estimons qu’il faut citer au premier plan : l’exercice professionnel au sein d’une équipe unie, l’interaction et les partenariats avec les autres spécialités de l’hôpital, l’accès à un matériel de pointe et à un plateau technique performant, l’accès aux techniques d’innovation thérapeutique via le partenariat avec le CHU, l’accès à la recherche clinique, et surtout la pratique d’une activité gé- nérale de cardiologie (incluant à la fois la prise en charge hospitalière, les actes techniques et le suivi des patients en consultation, permettant ainsi une prise en charge globale du patient). Bien évidemment, le principal point faible réside dans la pénibilité associée à la permanence des soins, avec les contraintes qui y sont liées. Celle-ci, bien qu’inhérente à notre spécialité, est un vecteur de découragement et d’épui- sement pour un certain nombre de praticiens. Les pénuries démographiques médicales actuelles rendent ceci d’autant plus questionnant à l’heure où l’Etat souhaite obliger certains praticiens à s’installer dans des zones soi-disant sous-dotées ou imposer une quotité de temps mensuelle dans ces mêmes zones pour ceux déjà en place, alors même que les centres actuels sont pour beaucoup eux aussi en souffrance d’effec- tif. Par ailleurs, la multiplication des centres d’exercice nous semble tout à fait ridicule alors même que nos journées né- cessitent d’ores et déjà d’effectuer des doubles voire triples tâches (consultation + CV ; bloc + avis…). Enfin, la pratique au sein de l’hôpital publique est parfois décourageante, tant les empilements de commissions et de décideurs plus ou moins légitimes peuvent décourager les bonnes volontés. Idées ou propositions pour rendre plus attractif l’exercice de la cardiologie dans les Centres Hospitaliers Publics ? Une simplification des process décisionnels au sein de nos structures nous parait véritablement indispensable pour ac- célérer la mise en place des projets. Au plan local, il nous a fallu 2 ans, X réunions et encore plus d’interlocuteurs à
éduquer et convaincre pour ouvrir notre HDJ de cardiologie alors qu’il est d’une évidence absolue que ce type de struc- ture est à la fois indispensable pour les patients, mais sur- tout financièrement rentable pour l’hôpital. L’ouverture de l’activité d’ablation de FA nécessite actuellement un parcours identique, pouvant épuiser les bonnes volontés qui la porte, alors même qu’encore une fois l’ouverture de cette activité ne se discute pas (tant pour le recrutement de praticiens ryth- mologues que pour l’offre de soins de proximité). Concernant l’organisation de la permanence des soins et sa lourdeur, il serait hautement préférable de limiter les lignes à l’échelle du territoire et de regrouper les praticiens plutôt que d’autoriser des ouvertures d’USIC sans certitude sur les équipes pouvant assurer l’offre ultérieure de soins, ou re- grouper au sein des plus grosses structures différentes pe- tites équipes. La charge en gardes et astreintes pourrait par exemple être plafonnée ou donner lieu à des contreparties (temporelles ou financières) actuellement insuffisantes. Enfin, la rémunération devra être largement évoquée dans le cadre des perspectives d’amélioration de l’attractivité hospi- talière. Si l’activité libérale permet à certains PH d’améliorer significativement leur salaire, les grilles actuelles de rémuné- ration des PH restent largement inférieures aux revenus des médecins libéraux, témoignant d’une franche inadéquation entre la pénibilité et la rétribution. Point de vue sur le rôle et la place du CNCH dans le paysage de la cardiologie ? Le CNCH permet à nos structures et à nos équipes de mieux se connaitre et d’échanger. Il regroupe une très large majorité silencieuse des cardiologues publics, dévoués aux soins de leurs patients, au plus près d’eux. Au travers des évènements qu’il organise, les liens créés entre nous permettent de partager nos expériences, améliorer nos pratiques et structurer nos projets. Ensemble, nous devons peser afin que l’offre de soins pu- blique reste pragmatique, et pas uniquement définie par les praticiens de CHU qui s’ils restent indispensables, ne pra- tiquent pas strictement la même médecine que la nôtre. Et si c’était à refaire ? L’opportunité pour de jeunes cardiologues de refonder to- talement un service de cardiologie moderne, au sein d’un hôpital volontaire et dynamique, en partenariat fiable avec notre centre de référence, est une expérience fabuleuse. Un bref regard sur le chemin parcouru en quelques années, la croissance de notre activité et les excellents retours tant des patients que de la part de nos confrères libéraux nous permettent de savourer le travail effectué et motivent pro- fondément l’équipe à poursuivre notre développement afin d’offrir à nos patients l’offre de soins la plus complète et la plus performante possible, à proximité immédiate de leur domicile. Tout ceci n’aurait pas été possible sans une dynamique col- lective forte, un état d’esprit solidaire et travailleur, une exi- gence permanente que nous cultivons au quotidien à l’hô- pital et en dehors. Un doux mélange entre rigueur et bonne humeur permettant d’avancer sereinement et d’essayer de construire chaque jour le service de demain.
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CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
LE RÔLE DU COORDINATEUR DANS LE PARCOURS DE SOINS EN CARDIOLOGIE INTERVENTIONNELLE Alexandra AUDREN 1 1. Infirmière de coordination parcours de soins en cardiologie interventionnelle au CHU de Rennes.
INTRODUCTION Suite aux recommandations européennes de 2021 1 concer- nant le traitement des sténoses aortiques, et avec l’allon- gement de l’espérance de vie, le nombre de procédure d’implantation percutanée de prothèse valvulaire aortique (procédure TAVI) ne cesse d’augmenter. Dans ce contexte, l’optimisation des parcours de soins, comme recomman- dée par l’HAS 2 , est devenue indispensable. L’optimisation permet une réduction des délais de prise en soins ainsi que les sorties à domicile, avec une confiance et une autonomie optimisée des patients, sans transiger sur la sécurité des procédures. Un des leviers garantissant cette optimisation est le rôle du clinical valve coordinator (CVC) TAVI 3,4 qui assure la coordination du parcours de soins patients, au sein de l’équipe multidisciplinaire TAVI. LES MISSIONS DE L’IDEC : L’EXPERIENCE REN- NAISE (CHU DE RENNES) Au CHU de Rennes, le CVC est un poste occupé par une infirmière diplômée d’état de coordination (IDEC) de- puis sa création en 2021(actuellement, une IDEC à temps plein). En 2024, nous avons réalisé 551 procédures TAVI. Après la réalisation du bilan pré TAVI (examens principaux : ETT, scanner puis +/- coronarographie) tous les dossiers sont discutés via la plateforme OMNIDOC, dont le bon fonc- tionnement est assuré par l’IDEC, et qui permet de tracer toutes les décisions de staff dans le dossier patient infor- matisé (DPI). Du staff, découle ensuite la prise en soins des patients, selon le degré d’urgence établi médicalement. Tous les patients sont ensuite vus en consultation par un cardiologue interventionnel (ou un chirurgien), environ 1 mois en amont de la procédure. L’IDEC réalise ensuite un entretien téléphonique avec le patient, et concrétise la pro- grammation et l’organisation du parcours patient. Les missions de l’IDEC peuvent classées en 3 catégories : Gestion de la file active de patients Tous les patients éligibles à une procédure TAVI à la suite de la réunion collégiale pluridisciplinaire (RCP) hebdoma- daire sont répertoriés sur un tableau dédié. De plus, le suivi de la cohorte de ces patients en attente de la réalisation de la procédure TAVI est assuré, implémenté des nouveaux éléments médicaux ou personnels.
Les 2 éléments essentiels qui facilitent cette mission sont : - La présence de l’IDEC à la RCP, à laquelle assistent les cardiologues interventionnels, les chirurgiens cardiaques, les cardiologues imageurs, le gériatre, les internes, etc. - La présentation de tous les dossiers de patients en RCP (environ 800 dossiers discutés en 2024). Optimiser le parcours de soins La programmation du « bon patient, au bon moment et au bon endroit » est effectué selon plusieurs critères : - Le degré d’urgence de la procédure TAVI établi médi- calement lors de la RCP avec des codes couleurs (Rouge= urgent, programmation dans la semaine ; orange= semi ur- gent programmation dans les 3-4 semaines; vert= non-ur- gent programmation entre 1 et 2 mois). - Le risque de troubles conductifs au décours de la pro- cédure TAVI, en évitant de programmer les patients à haut risque de bloc atrio-ventriculaire le vendredi ou veille de férié. - Les éléments impactant d’ordre médical (réalisation d’examens complémentaires en amont), par exemple, consultation dentaire, avis spécialisé, angioplastie coro- naire.... ou personnels (organisation pour les aidants prin- Il faut aller plus loin que la simple information, en partant de ce que le patient connait, en s’adaptant à son vocabu- laire, en répondant à toutes ses interrogations et en s’assu- rant de sa bonne compréhension : - Faire du lien entre le bilan préalable/les symptômes/la procédure TAVI. - Dérouler toute l’hospitalisation : date d’entrée et de sortie, lever précoce (H 4-6), temps de procédure, échocar- diographie post-procédure... - Revenir sur les risques et les bénéfices attendus liés à la procédure qui ont été détaillés lors de la consultation avec l’opérateur. - Anticiper le post procédure (au CHU de Rennes, le re- tour à domicile est possible pour 98 % des patients ; 50 % à J1, 30 % à J2) : pansement à gérer par l’infirmière libérale, cipaux, indisponibilité personnelle, etc.). L’éducation aux patients et leur famille
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reprise d’activité, suivi par le cardiologue traitant, prescrip- tion médicale de transport ou entente préalable de trans- port à anticiper pour une sortie précoce... - organiser les pré requis : bilan biologique, consignes et arrêt des traitements, consentement, jeun pré opératoire, dépilation.... LES INTERACTIONS AVEC LES DIFFERENTS AC- TEURS DU PARCOURS DE SOINS Au-delà de ces missions, l’IDEC doit également interagir avec tous les différents acteurs de la prise en charge du patient durant les 3 phases pré/per/post TAVI. Cela per- met de fluidifier et d’anticiper au maximum le parcours de soins, et d’être la référente et l’interlocutrice privilégiée via une plateforme dédiée (OMNIDOC au CHU de Rennes), mails, fax ou appels téléphoniques. Les centres périphériques : 60 % des bilans pré TAVI sont effectués dans les centres hospitaliers généraux. L’IDEC correspond avec les secrétaires, les paramédicaux et les médecins de ces centres afin d’échanger/collaborer sur les dossiers, les données des patients, récupérer les examens réalisés (scanner, coronarographie)... La famille/aidants principaux : ils sont une ressource in- dispensable pour le patient, et une aide précieuse tout au long du parcours en pré et post procédure. Nous encou- rageons la présence d’une proche lors de la consultation avec le médecin opérateur référent. De plus, la famille et le patient peuvent joindre l’IDEC pour toutes questions. Les acteurs de soins (médecin traitant/pharmacie/Infir- mière diplômée d’état à domicile/laboratoire ) : ils sont sollicités par l’IDEC afin de récupérer les traitements, en- voyer les convocations/ordonnances, organiser les pré re- quis, récupérer les bilans biologiques, etc. Ils permettent d’assurer la continuité des soins et la collaboration ville/ hôpital. Les paramédicaux de salle : l’IDEC leur communique, via le commentaire de la mise au programme sur informatisée, les valves ou matériels spécifiques pour la procédure, le traitement anti thrombotique des patients, les précautions spécifiques pour l’installation, les informations médicales pertinentes (allergies, troubles du rythme, etc.) ainsi que le service d’orientation au décours de la procédure. Les secrétaires du service : collaboration pour la date de consultation pré TAVI, la numérisation les documents dans le dossier patient informatisé (dont le bilan biologique pré opératoire), la récupération des différents éléments man- quants du dossier. Les paramédicaux des différents services : l’IDEC notifie, via la feuille de programmation dans le logiciel dédié, la date d’entrée et sortie attendue, la date de l’échocardiogra- phie post TAVI programmée, le service et le lit d’accueil du patient, réalise une annonce aux soins intensifs si transfert envisagé au décours de la procédure. Tout le parcours pa-
tient est tracé dans le dossier patient informatisé, ainsi que l’entretien téléphonique réalisé. Les cardiologues interventionnels : afin d’organiser une programmation optimum selon la disponibilité des salles, la présence des cardiologues interventionnels et la file ac- tive des patients, l’IDEC communique et échange quoti- diennement sur tous les aspects du parcours de soins. LES PLUS VALUES DE L’IDEC Au CHU de Rennes, l’IDEC coordonne le parcours pa- tient et le parcours de soins, en étant la référente pour le patient et sa famille, et ainsi que toutes les équipes. Elle a une vision globale de la programmation et de la gestion de l’organisationnel en collaborant avec tous les acteurs de la prise en charge du patient. Elle permet un gain de temps médical tout en garantissant l’anticipation et le bon dérou- lement de chaque parcours, en proposant une programma- tion du TAVI adapté au patient. Chacun réalise ce qu’il sait faire, cela permet au médecin de ne plus faire que du soin, et limite à des cas exceptionnels la perte d’un créneau de structurel. CONCLUSION L’IDE de coordination est un nouveau poste, pour lequel il existe, entre autre, un DU non spécifique à la cardiolo- gie (Encadrement et pilotage de l’organisation des soins à l’université de Créteil) et des missions différentes selon l’établissement où elle exerce. Au CHU de Rennes, la mise en commun des compétences médicales et paramédicales au sein de la heart team TAVI, a permis, à moyens constants entre 2021 et 2024, d’augmenter l’activité TAVI de 35 %, de diminuer la durée moyenne de séjour à 3,2 jours (médiane 2 jours) avec une sortie standard à domicile à J1 pour 50 % de nos patients, sans sacrifier la qualité des procédures et la sécurité des patients. RÉFÉRENCES 1. Alec Vahanian, Friedhelm Beyersdorf, Fabien Praz, Milan Milojevic, Stéphane Baldus, Johann Bauersachs, Davide Capo- danno, Lénard Conradi, Michele De Bonis, Ruggero De Paulis, Victoria Delgado, Nick Freemantle, Martine Gilard, Kristina H Haugaa, Anders Jeppsson, Peter Juni, Luc Piérard, Bernard D Prendergast J Rafael Sádaba, Christophe Tribouilloy, Wojtek Wojakowski ; Groupe de documentation scientifique ESC/EACTS Scientific Document Group. 2021 ESC/EACTS Guidelines for the management of valvular heart disease. Eur Heart J.2022 Feb 12;43(7) :561-632. doi : 10.1093/eurheartj/ehab395. Erratum in : Eur Heart J.2022 Jun 1 ;43(21) :202. doi :10.1093/eurheartj/ ehac051.PMID : 34453165 2. https://www.has-sante.fr/jcms/p – 3403886/fr/criteres-d-eligi- bilite-des-centres-implantant-des-tavis-evaluation-de-2023 3. Lauck SB, McCalmont G, Smith A, et al. Setting a Benchmark for Quality of Care: Update on Best Practices in Transcatheter Aortic Valve Replacement Programs. Crit Care Nurs Clin North Am. 2022;34(2):215-231. 4. Lauck SB, Lewis KB, Borregaard B, de Sousa I. «What Is the Right Decision for Me?» Integrating Patient Perspectives Through Shared Decision-Making for Valvular Heart Disease Therapy. Can J Cardiol. 2021;37(7):1054-1063
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Information patient en cardiologie Dr Jérôme TAIEB 1 1. CH Aix en Provence.
POURQUOI INFORMER NOS PATIENTS ? L’article L.1111-2 du code de la santé publique stipule que « Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investiga- tions, traitements ou actions de prévention qui sont propo- sés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus. » « Seules l’urgence ou l’impossibilité d’informer peuvent l’en dispenser. Cette information est délivrée au cours d’un entre- tien individuel. » La loi exige donc sans ambiguïté que le patient ait compris suite à un entretien individuel quel acte programmé va être réalisé, son intérêt et les risques de sa réalisation. Outre cet aspect légal, nos patients appartiennent à la géné- ration internet et sont de plus en plus demandeurs d’expli- cations complémentaires. Cet accès à la toile est également générateur de stress et parfois de désinformation qu’il faut pouvoir corriger lors de la consultation. Inversement, une bonne information du patient augmente la confiance du pa- tient dans le corps médical et sa compliance. POURQUOI DES OUTILS D’INFORMATIONS ? Bien informer le patient doit être compatible avec la durée de nos consultations. Des supports adaptés ont été développés pour délivrer rapidement l’information en se servant d’ico- nographie et de texte officiels sans tomber dans le piège de la surinformation. Par exemple, l’objectif sera d’expliquer pour- quoi et comment se déroule une ablation de fibrillation atriale ou une coronarographie mais pas d’expliquer l’électrocardio- gramme. QUELS OUTILS SONT DISPONIBLES ? Consentements patients : Documents officiels de la société française de cardiologie (SFC) : ils expliquent les motifs et modalités des examens et décrivent les risques avec un espace pour la signature du pa- tient. Ils devraient être remis avant chaque examen. - Documents de consentements en rythmologie sur le site du groupe de rythmologie : - Documents de consentements sur le cathétérisme inter- ventionnel hémodynamique et autres informations sur les actes et la prise en charge cardiologique : Brochures illustrées : La Fédération Française de Cardiologie (FFC) édite de nom- breuses brochures d’information et les fournie sur demande : 2 livrets rédigés par les groupes de rythmologie de la SFC et du CNCH sont particulièrement utiles lors de l’implantation de pacemaker et défibrillateur. Ils répondent aux questions des patient sur la période pré, per et post implantation et sur
la vie avec la prothèse. Ces documents peuvent y être com- mandés ou directement téléchargés. Stimulateurs : Défibrillateurs implantables : Les sites internet Le site INFOCONSULT ( ) est le seul site dédié spécifiquement à l’information en consultation de rythmologie (fig1). En accès libre, Il offre schémas et vidéo animées de durée limitée inferieure à 30 secondes destinés à illustrer les commentaires du médecin. Aucun texte ni fichier audio n’y est associé. Le médecin commente les images pen- dant la consultation. Il remplace avantageusement le croquis.
Figure 1
Le site permet d’envoyer par mail depuis un serveur sécuri- sé le document officiel de la société française de cardiologie correspondant. L’horodatage du document envoyé peut po- tentiellement présenter un intérêt pour démontrer qu’une in- formation a été délivrée en cas de litige. La partie rythmologique a été évaluée par 6 centres hospita- liers français dans un questionnaire patient. Il avait été conclu à une clarté de l’information dans 100% des cas et une aide à l’acceptation de l’examen dans 88% des cas. La société MEDUVIP propose des films pédagogiques avec animation et commentaire texte et audio. Ces films de 5 mn environ sont très didactiques de grandes qualité. Ils dérivent les examens de rythmologie, d’interventionnel coronaire et de structurel. Ces films sont payants pour les centres qui sou- haitent en faire bénéficier leurs patients : Autres : Il existe également divers sites utiles à l’usage du pa- tient tels que la liste mise à jour des médicaments contre indi- qués dans le syndrome de brugada CONCLUSION L’information sur les actes interventionnels programmés n’est pas une option. Il fait partie intégrante de la consultation d’an- nonce. Des outils modernes sont disponibles pour faciliter et améliorer cette information pour le bénéfice de nos patients.
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