CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
- Premièrement, le bon patient c’est celui qui a une vraie hypertension artérielle confirmée en ambu- latoire et donc les MAPA ou les automesures sont indispensables pour sélectionner les bons malades et éviter les HTA « blouse blanche », - Deuxièmement, il ne faut pas dénerver des HTA secondaires, puisque s’il y a une cause bien définie à l’hypertension artérielle, la dénervation rénale ne va pas traiter cette cause et le patient ne répon- dra pas. Donc il faut absolument avoir un patient qui a été exploré proprement et qui n’a pas d’HTA à secondaire. - Ensuite, il faut un patient avec des artères ré- nales qui soient saines pour que le geste ne soit pas risqué. On rappelle qu’on traite l’hypertension artérielle avec un geste invasif et donc interdiction d’aller se lancer dans des procédures risquées. - Enfin, il faut que quelqu’un qui a de l’expertise puisse dire : « je valide, c’est une vraie HTA essen- tielle, pas secondaire, sans risque et on peut y aller ». Dans ces cas-là les patients seront probablement les mieux répondeurs. D’ailleurs, maintenant que l’on fait ça, nous avons des réponses qui sont bien meilleures à la technique. Dr MISCHIE : Quel est le seuil de procédures minimales pour pouvoir avoir l’expérience nécessaire ? Dr BOULESTREAU : L’ESC, recommande que les centres qui font de la dénerva- tion rénale soient des centres à moyen ou haut volume, sans donner tellement de chiffre. Cela signifie que l’on ne peut pas faire une dénervation rénale par an, parce que sinon comme tous les gestes interventionnels, on ne les fera pas forcément très bien. On a eu récemment les données du CH de Pau, qui est probablement le plus gros centre français, avec 60 dénervations rénales en 4 ans, c’est donc probable- ment le centre à plus haut volume français. Cela nous donne une idée un peu chiffrée. Je pense que ce n’est pas un geste très compliqué pour les angioplasticiens et les coronarogra- phistes, mais qu’il faut savoir un peu le faire. Donc à la volée, entre 5 et 10 par an, ce serait bien. Dr MISCHIE : En pratique comment s’organiser ? Dr BOULESTREAU : Soit on est nous-même cardiologue interventionnel et on peut faire la procédure si on est formé aux différents cathé-
ters, puisqu’il y en a plusieurs, et formé si possible au sten- ting des artères rénales parce qu’il faut parfois traiter une dissection. Soit nous ne sommes pas coronarographiste et il faut trouver les bons correspondants. Pour le coronarogra- phiste, il faut trouver le spécialiste en hypertension artérielle qui fera le bilan et qui donnera le bon patient ; et pour le non-invasif, il faut trouver le coronarographiste qui fera bien le geste. Pour cela c’est très simple : d’abord sur le site de la société française d’hypertension artérielle (SFHTA), il y a la liste de tous les centres d’expertise Blood Pressure Clinics, centres d’excellence qui peuvent faire le bilan d’HTA secon- daire, valider que le patient sera probablement bon répon- deur et si vous le souhaitez faire la dénervation rénale ou pas puisque la dénervation ensuite peut être faite par n’importe qui tant qu’il est formé et pas forcément dans un centre d’ex- cellence. Si vous êtes trop loin d’un centre d’expertise, vous avez maintenant la télé-expertise : vous pouvez aller soit sur OMNIDOC chercher Atul PATHAK, la fondation de recherche en hypertension artérielle pour faire valider que votre patient est un bon candidat pour la dénervation ré- nale, ou envoyer un mail directement à la SFHTA et on vous rapprochera de quelqu’un. Ça c’est pour la partie expertise. Vous pouvez aussi décider que votre centre peut devenir centre d’expertise et valider vous-même les indications. Pour ça, vous pouvez à nouveau vous rapprocher de nous, si vous avez des néphrologues, des médecins vasculaires autour de vous qui sont intéressés. Beaucoup de centres français ont monté leur « bloc Pressure Clinics » comme à Annecy (Loic BELLE), Chartres (Franck ALBERT). Beaucoup de centres se sont lancés en cumulant les forces présentes dans leur éta- blissement. Pour répondre précisément à ta question, tous les cardiologues peuvent identifier des patients rele- vant de la dénervation rénale. Puis il faut trouver le centre de référence qui va faire le bilan proprement et confirmer que c’est un bon candidat, Société Française d’Hypertension Artérielle, télé expertise. Puis il faut trouver l’angioplasticien qui fera le geste : à nouveau Société Française d’Hypertension Arté- rielle, on vous donnera la personne la plus proche. Avec ça, c’est assez facile. Derrière, charge au car- diologue qui a adressé le patient d’inclure le pa- tient dans le registre France dénervation rénale et de suivre à la fois la procédure créatininémie artère rénale et l’efficacité de la procédure avec la baisse de pression artérielle adaptée avec les mé- dicaments. Si l’on fait ça c’est extrêmement simple.
Dr MISCHIE : Un grand merci Romain BOULESTREAU.
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