CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025
Dr MISCHIE : Qu’est-ce que tu utilises ? IVUS ? OCT ? Quels sont les cri- tères qui t’amène à mieux préparer la lésion avant la pose de stent et contrôler après ? Dr UHRY : Dans mon expérience personnelle, j’utilise l’IVUS et l’OCT avec un petit faible pour l’OCT, puisque l’OCT permet d’analyser un peu mieux l’épaisseur de ta plaque calcifiée. Je n’utiliserais pas l’OCT si le patient a une insuffisance rénale, pour éviter d’injecter de l’iode. Donc dans ce cas-là, ce sera plutôt l’IVUS. Et puis sur un os- tium de coronaire droite, l’OCT ne pourra pas te permettre d’analyser la lésion puisque tu ne pourras pas opacifier correctement la coronaire. Donc, plutôt l’OCT mais l’IVUS reste tout à fait indiqué. D’ailleurs, les dernières recommanda- tions européennes de 2024 classent en Ia l’utili- sation de l’imagerie intra coronaire pour traiter les lésions complexes. Après j’utilise les algorithmes « MLD-MAX » pour l’OCT avant de stratifier mon angioplastie. Ce sont des algorithmes assez simples à utiliser. En pré-angioplastie, « MLD » : « M » pour Morphologie, analyser finalement la lésion : là ça sera du calcaire ; ensuite « L » pour la Longueur et « D » pour le Diamètre. Après ça, j’utilise des scores. Tu as le score OCT et le score IVUS. Je ne te cache pas que j’ai affiché ces deux scores sur mes placards parce que c’est difficile de se souvenir de tout. Quand le score OCT est très élevé, supérieur à 3, ou quand le score IVUS est au moins supérieur à 2, dans les algorithmes ré- cents de prise en charge des lésions calcaires, on dit « il vaut mieux » ou « c’est recommandé » d’utiliser un outil spécifique pour préparer ton calcaire auparavant plutôt que de partir d’emblée avec un ballon non compliant qui risque de ne pas être efficace. Dr MISCHIE : C’est en effet très utile de poster ces classifications, les avoir à côté, puisqu’effectivement on doit se concentrer sur la procédure et on n’a pas peut-être pas tout le temps tous les critères. Il y a trois critères je pense ? Dr UHRY : Absolument. Tu as l’arc calcaire, l’étendue de l’arc calcaire. Si tu as un rond calcaire 360°, à priori tu passes d’emblée dans des scores rapidement beaucoup plus élevés. Il y a la longueur de ta lésion calcifiée plus de 5 mm pour l’OCT et l’épaisseur de ta plaque calcaire plus de 0,5 mm. Quand tu as ces scores élevés, on propose l’utilisation d’un ou- til spécifique du calcaire, qui est soit l’athérectomie ro- tative (Rotablator) soit l’athérectomie orbitale ou bien la lithotritie intra coronaire (le Shockwave).
Dr MISCHIE : Bien sûr chaque procédure a ses spécificités. Peux-tu nom- mer certaines indications plus spécifiques pour chaque procédure ou chaque outil ? Quelle est la lésion où on pourra idéalement utiliser le Rotablator, le Shockwave ? Dr UHRY : Par exemple, sur du calcium superficiel intimal, une sté- nose assez longue calcifiée on va plutôt utiliser l’athérec- tomie rotative ou orbitale. Je dirais que dans mon expé- rience personnelle, si tu sens que ça va être difficile de franchir la lésion parce qu’elle est très très serrée, il vaut mieux partir d’emblée sur du Rotablator pour franchir. Si tu as une lésion calcifiée longue superficielle avec une petite tortuosité ou un ostium par exemple, ça peut être intéressant aussi, peut-être plutôt de l’orbital pour diffé- rencier les deux techniques d’athérectomie rotative. Pour ce qui est du Shockwave, j’ai plutôt tendance à l’uti- liser sur du calcium profond, focal ou alors sur un bour- geon calcaire. Après, il n’y a pas encore vraiment d’algo- rithme pour dire dans telle situation on utilise tel outil, je pense que ce sont des choses à mettre en œuvre. Après, il ne faut pas s’interdire de combiner les outils. Une fois qu’on est parti sur un outil, on refait un run d’imagerie intra coronaire pour voir com- ment la lésion a réagi à ta préparation du cal- caire. Tu seras plutôt satisfait si tu vois les traits de fracture du calcaire et si tu vois que ta surface intraluminale a bien augmenté. À ce moment-là, tu vas pouvoir stenter après avoir encore gon- flé un ballon non compliant. En revanche, si tu n’as pas ces deux critères, la préparation est insuffisante et il faut éventuellement partir sur un autre outil. Donc ne pas hésiter à combiner les outils, même s’il y a un certain coût. Faire par exemple du Rotablator et puis finalement se rendre compte que ce n’est pas bien fracturé, partir sur un Shockwave, faire de la rotatripsie pour vraiment essayer d’avoir le meilleur résul- tat à la fin. Dr MISCHIE : On a préparé la lésion, on a posé le stent. Est-ce qu’il y a des critères pour analyser la bonne apposition ou est-ce qu’il y a des complications après ? Qu’est-ce que tu utilises habituellement ? Dr UHRY : J’utilise les critères qui sont aussi affichés dans mon ca- thlab, ce sera donc le 3 ème run d’imagerie une fois que tu as posé ton stent : 1 er run pré angioplastie, 2 ème run après l’outil et 3 ème run à la fin normalement de ton stenting. Tu as les critères de MLD-MAX qui sont très intéressants. En post angioplastie, tu as l’acronyme MAX. « M » pour Medial dissection, « A » pour Apposition et « X » pour
35
Made with FlippingBook. PDF to flipbook with ease