CARDIOH70

CARDIO H - N°70 / JUILLET 2025

la frontière Vendéenne au Sud et certains patients nous sont référés jusque depuis la large périphérie nantaise à l’Est. En hiver, le bassin de population regroupe une population d’en- viron 300 à 400 000 personnes, et s’élève à plus d’un million de personnes en été en lien avec le tourisme important sur nos côtes. On comprend alors aisément les tensions capacitaires et en termes d’effectifs soignants générés par les fluctuations sai- sonnières d’activité (alors même que l’activité hivernale né- cessite chaque année le déclenchement du plan blanc durant de longs mois en raison d’une saturation capacitaire). Par ailleurs, et alors même que notre région n’est pas consi- dérée au niveau de l’Etat comme sous-dotée médicalement, plus de 30% de nos patients n’arrivent pas à trouver de médecin traitant, et le délai moyen d’accès à une première consultation libérale de cardiologie non urgente est drama- tique (4 à 6 mois dans le meilleur des cas) malgré la bonne volonté et le dynamisme de nos confrères libéraux. A ce titre, au sud de la Loire, la situation est encore plus problématique avec uniquement 2 cardiologues libéraux en activité pour quasiment la moitié de notre territoire géographique. Votre point de vue, points forts et points faibles de l’exercice de la cardiologie dans les CH ? Les points forts de notre activité sont multiples. Parmi les plus importants nous estimons qu’il faut citer au premier plan : l’exercice professionnel au sein d’une équipe unie, l’interaction et les partenariats avec les autres spécialités de l’hôpital, l’accès à un matériel de pointe et à un plateau technique performant, l’accès aux techniques d’innovation thérapeutique via le partenariat avec le CHU, l’accès à la recherche clinique, et surtout la pratique d’une activité gé- nérale de cardiologie (incluant à la fois la prise en charge hospitalière, les actes techniques et le suivi des patients en consultation, permettant ainsi une prise en charge globale du patient). Bien évidemment, le principal point faible réside dans la pénibilité associée à la permanence des soins, avec les contraintes qui y sont liées. Celle-ci, bien qu’inhérente à notre spécialité, est un vecteur de découragement et d’épui- sement pour un certain nombre de praticiens. Les pénuries démographiques médicales actuelles rendent ceci d’autant plus questionnant à l’heure où l’Etat souhaite obliger certains praticiens à s’installer dans des zones soi-disant sous-dotées ou imposer une quotité de temps mensuelle dans ces mêmes zones pour ceux déjà en place, alors même que les centres actuels sont pour beaucoup eux aussi en souffrance d’effec- tif. Par ailleurs, la multiplication des centres d’exercice nous semble tout à fait ridicule alors même que nos journées né- cessitent d’ores et déjà d’effectuer des doubles voire triples tâches (consultation + CV ; bloc + avis…). Enfin, la pratique au sein de l’hôpital publique est parfois décourageante, tant les empilements de commissions et de décideurs plus ou moins légitimes peuvent décourager les bonnes volontés. Idées ou propositions pour rendre plus attractif l’exercice de la cardiologie dans les Centres Hospitaliers Publics ? Une simplification des process décisionnels au sein de nos structures nous parait véritablement indispensable pour ac- célérer la mise en place des projets. Au plan local, il nous a fallu 2 ans, X réunions et encore plus d’interlocuteurs à

éduquer et convaincre pour ouvrir notre HDJ de cardiologie alors qu’il est d’une évidence absolue que ce type de struc- ture est à la fois indispensable pour les patients, mais sur- tout financièrement rentable pour l’hôpital. L’ouverture de l’activité d’ablation de FA nécessite actuellement un parcours identique, pouvant épuiser les bonnes volontés qui la porte, alors même qu’encore une fois l’ouverture de cette activité ne se discute pas (tant pour le recrutement de praticiens ryth- mologues que pour l’offre de soins de proximité). Concernant l’organisation de la permanence des soins et sa lourdeur, il serait hautement préférable de limiter les lignes à l’échelle du territoire et de regrouper les praticiens plutôt que d’autoriser des ouvertures d’USIC sans certitude sur les équipes pouvant assurer l’offre ultérieure de soins, ou re- grouper au sein des plus grosses structures différentes pe- tites équipes. La charge en gardes et astreintes pourrait par exemple être plafonnée ou donner lieu à des contreparties (temporelles ou financières) actuellement insuffisantes. Enfin, la rémunération devra être largement évoquée dans le cadre des perspectives d’amélioration de l’attractivité hospi- talière. Si l’activité libérale permet à certains PH d’améliorer significativement leur salaire, les grilles actuelles de rémuné- ration des PH restent largement inférieures aux revenus des médecins libéraux, témoignant d’une franche inadéquation entre la pénibilité et la rétribution. Point de vue sur le rôle et la place du CNCH dans le paysage de la cardiologie ? Le CNCH permet à nos structures et à nos équipes de mieux se connaitre et d’échanger. Il regroupe une très large majorité silencieuse des cardiologues publics, dévoués aux soins de leurs patients, au plus près d’eux. Au travers des évènements qu’il organise, les liens créés entre nous permettent de partager nos expériences, améliorer nos pratiques et structurer nos projets. Ensemble, nous devons peser afin que l’offre de soins pu- blique reste pragmatique, et pas uniquement définie par les praticiens de CHU qui s’ils restent indispensables, ne pra- tiquent pas strictement la même médecine que la nôtre. Et si c’était à refaire ? L’opportunité pour de jeunes cardiologues de refonder to- talement un service de cardiologie moderne, au sein d’un hôpital volontaire et dynamique, en partenariat fiable avec notre centre de référence, est une expérience fabuleuse. Un bref regard sur le chemin parcouru en quelques années, la croissance de notre activité et les excellents retours tant des patients que de la part de nos confrères libéraux nous permettent de savourer le travail effectué et motivent pro- fondément l’équipe à poursuivre notre développement afin d’offrir à nos patients l’offre de soins la plus complète et la plus performante possible, à proximité immédiate de leur domicile. Tout ceci n’aurait pas été possible sans une dynamique col- lective forte, un état d’esprit solidaire et travailleur, une exi- gence permanente que nous cultivons au quotidien à l’hô- pital et en dehors. Un doux mélange entre rigueur et bonne humeur permettant d’avancer sereinement et d’essayer de construire chaque jour le service de demain.

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