Argenteuil_2022-04_29

A R T S

TROIS GARS ET UN PIANO

De g. à d. Alexander Merpaw, Felix-Gabriel Nault et Callum McDonald. —photo François Daniel

FRANÇOIS DANIEL nouvelles@eap.on.ca

d’interprète qui consiste à composer avec le mouvement des papillons qui vous taraude le ventre avant une performance devant public; pour ce dernier, les prestations estudiantines proposent une vision différente de celle qu’on attend habituellement d’un concert classique. On assiste, pour ainsi dire, à la genèse d’une carrière qui s’amorce avec tout ce que cela comporte de tâtonnements, d’hésitations, voire de gaucheries, mais aussi de promesses. Cela permet aussi de prendre le por- trait d’une jeunesse que certains jugeront peut-être anachronique à cause de son engagement dans l’univers de la musique classique, mais qui, au bout du compte, n’est pas tellement différente de celle qu’on rencontre dans n’importe quel cégep. Outre leur passion commune pour la musique, les jeunes musiciens sont amateurs de cinéma, de cuisine ou de sports. Comme tout le monde, quoi. La musique, les trois jeunes sont tombés dedans quand ils étaient petits. La maman d’Alexander était organiste si bien qu’il a fréquenté Bach et Messiaen dès son plus jeune âge ce qui ne l’a pas empêché d’être fasciné par Scott Joplin plus tard; Callum pour sa part a grandi avec de la musique classique qu’appréciaient ses parents ; quant à Felix-Gabriel, il voulait enseigner et l’idée d’enseigner la musique lui est venue tout naturellement. Pour le commun des mortels, faire carrière

en musique classique signifie devenir inter- prète, avoir son nom sur les marquises des grandes salles de concert à travers le monde, etc. Les jeunes pianistes ne partagent pas ce point de vue. Évidemment, la perspec- tive de faire carrière sur la scène nationale ou même internationale est assez sédui- sante, mais la musique offre une grande variété de débouchés: l’enseignement, le travail d’orchestre, l’accompagnement de chanteurs, la musicologie, l’histoire de la musique, la direction de chorale, etc. Callum ajoute même qu’à dix-neuf ans, il ne sait pas très bien s’il va en faire une carrière, mais que ce qui compte, c’est la formation que la musique lui a permis d’acquérir. Aucun des trois n’a semblé inquiet de son avenir, malgré les embuches et la compétitivité de ce métier. Pour ces trois jeunes gens, la musique classique n’est pas en régression en dépit de ce que certains appellent «la dictature de la pop culture». Internet donne accès gratuitement à une foule d’œuvres autre- fois accessibles seulement par le disque. Pour Alexander, pouvoir entendre quand on le souhaite la symphonie no 8 de Mahler par exemple interprétée par des chefs d’orchestre différents est un progrès par rapport à une époque où la même œuvre n’était disponible que pour une élite qui pouvait s’offrir un billet de concert. Felix- Gabriel croit que le goût des jeunes va dans toutes les directions. Dans son entourage

du moins, ils sont ouverts à toutes sortes de musiques. Les trois sont également très critiques du courant de virtuosité spectaculaire qui prévaut dans l’univers de la musique. Le problème avec le spectaculaire, c’est qu’il se fait parfois au détriment de la musique elle-même. Les orchestres symphoniques en particulier exigent de plus en plus de leurs musiciens. L’idéal de perfection est inattei- gnable prétend Alexander. Les Horowitz, les Richter, les Rubinstein n’étaient pas parfaits. C’est d’ailleurs, dans une certaine mesure, ce qui les caractérisait. Certes, il faut jouer les notes, mais Alexander ajoute: «On ne joue pas une pièce de la même manière à chaque performance et il peut arriver qu’une faute s’y glisse. C’est humain.» Callum ajoute que son idéal est de jouer une pièce comme s’il l‘improvisait. Le concert présenté à l’Espace Saint- Gilles n’était pas parfait, mais il était authentique et sincère. Les trois garçons par leur interprétation bien personnelle de Bach, Scarlatti, Chopin, Beethoven, Mozart et Scriabine ont démontré que ces gloires du passé sont encore pertinentes dans le monde d’aujourd’hui. Quant au piano de l’ancienne petite église, il est redevu silencieux jusqu’à ce que le pianiste Antoine Laporte l’anime le vendredi 13 mai en nous emmenant sur les traces du compositeur Gabriel Pierné.

Dans Argenteuil, l’offre en matière de musique classique n’est pas légion. Bien sûr, il y a Cammac, mais c’est plutôt saisonnier. À l’Espace Saint-Gilles de Brownsburg-Chatham, il y a sur la scène un magnifique piano à queue Young Chang. Il fait en quelque sorte partie du décor permanent puisque les coulisses ne sont pas assez grandes pour l’accueillir. Ce piano, il appartient à la propriétaire- animatrice de l’Espace Saint-Gilles, Nathalie Bélanger, musicienne elle-même qui a étudié au Conservatoire du Québec à Chicoutimi. Un jour, peut-être nous offrira-t-elle un récital, mais en attendant, elle prête son instrument à des pianistes dont plusieurs mènent une carrière internationale. Les trois invités du concert du 22 avril dernier ne font toutefois pas partie de ce groupe sélect. Du moins, pas encore. Callum McDonald (19 ans), Felix-Gabriel Nault (19 ans) et Alexander Merpaw (20 ans) n’ont pas encore terminé leurs études. Ils sont tous trois étudiants en deuxième année du Baccalauréat en musique à l’Université d’Ottawa. Ils présentaient au public les pièces choisies pour leur examen. L’intérêt d’un concert donné par des étudiants est double. D’abord, cela permet à ceux-ci d’apprendre cette partie du métier

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