P O R T R A I T
QUAND L’ACCOMPLISSEMENT DE SOI NOURRIT LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL
MAUDE LÉVESQUE RYAN maude.levesqueryan@eap.on.ca
Jean-François Gauthier, porte assistance lors de la tonte de gazon, les deux s’échangeant parfois le coupe-bordure contre la tondeuse à gazon et vice-versa. Lorsque questionnée quant à l’implication nécessaire des parents dans un tel projet, Mme Parisien est catégorique, autant elle que son conjoint sont très heureux de le faire. Pour elle, il s’agit de gestes comme le font d’innombrables autres parents qui consacrent du temps afin que leurs enfants s’impliquent dans des projets qui les font grandir. «C’est comme les parents qui vont reconduire leurs enfants à l’aréna. Shan ne souhaite pas vraiment participer à des sports d’équipe, mais il était crucial pour nous de trouver quelque chose dans lequel il était bien.» Mère de trois garçons, elle mentionne qu’il est important pour elle de leur montrer qu’il faut foncer dans la vie et que ce projet représente une bonne occasion de le faire. Et puis, les sacrifices pèsent très peu dans la balance lorsqu’ils constatent l’effet que cela a chez Shan. «On le voit s’épanouir et chaque jour on en discute, ça nous rend tellement heureux de le voir grandir comme ça». Une histoire d’épanouissement Shan a beau ne pas percevoir de difficul- tés à accomplir son travail «c’est facile», ses parents constatent chaque jour la maturité que ce projet lui fait prendre et les obstacles qu’il franchit sans trop s’en rendre compte. «Par exemple, avant de communiquer avec des journalistes pour la première fois, Shan me confiait qu’il ne parlerait pas et je lui ai dit que c’était correct s’il ne voulait pas le faire, que j’allais m’en occuper. Au cours de l’entrevue, il a décidé par lui-même de répondre à une question. Avant la deuxième entrevue, il me disait déjà qu’il allait parler». Cet exemple illustre une progression
Shan Gauthier, un jeune garçon de 12 ans de Plantagenet, a su sortir de sa zone de confort pour découvrir un nouveau côté de lui-même en tant que jeune entrepreneur. «Il s’est ouvert comme une fleur depuis qu’on a commencé ce projet!» , a confié Mar- tine Parisien, mère du jeune entrepreneur. Depuis environ un an, Shan, qui se trouve sur le spectre de l’autisme, faisait part à ses parents de sa volonté de commencer à effectuer de la tonte de gazon. Voyant que leur fils était sérieux face à cette idée et se trouvant dans une période de pandémie qui offrait peu d’occasions de stimuler l’aspect social de Shan, Mme Parisien et son conjoint ont décidé de l’aider à démarrer son entreprise de tonte de pelouse. Un travail d’équipe Depuis, le succès de l’entreprise de Shan est tel que sa mère doit gérer la demande en consultant toujours son fils afin de s’assurer qu’il n’en fasse pas trop et que cela demeure plaisant pour lui. «Il ne faut pas oublier qu’il a seulement 12 ans, mais il aime vraiment cela!» Dans le choix des clients, Mme Parisien dit favoriser parfois les occasions à court terme plutôt que les contrats à long terme, afin que Shan se familiarise avec le processus d’établir le contact avec ses clients et qu’il rencontre plusieurs personnes. En effet, si la mère s’occupe de la gestion de la clientèle, c’est à Shan que revient la responsabilité de se présenter à ses clients et d’effectuer ensuite la tonte du gazon. «Il y a un gros aspect social à tout ça», a-t-elle déclaré.. Puis, le père de Shan,
Shan Gauthier est prêt à se mettre au travail. —photo fournie
rapide dans l’attitude de l’entrepreneur, lui qui semble s’ajuster à son travail avec une mesure déconcertante, surtout lorsqu’on prend en compte que le changement génère parfois des difficultés chez Shan et d’autres individus sur le spectre de l’autisme. «C’est intense, les changements qu’on voit chez lui, c’est le jour et la nuit comparativement à avant qu’il entame ce projet!» Mme Parisien remarque que son fils affiche désormais une confiance sans pré- cédent et que, bien qu’il y ait des bonnes et des mauvaises journées, les mauvaises journées ne sont plus si mauvaises récem- ment en plus de se faire plus rares. De plus, son cœur a tressailli lorsqu’elle a entendu pour la première fois son fils évoquer ces mots : «Maman, je suis fier de moi». Un autre élément de son apprentissage, Shan doit respecter ses engagements avec ses clients. Cela ne présente généralement pas de difficulté, car il aime bien couper le gazon. Néanmoins, les journées où ça lui tente un peu moins de se rendre chez un client, il respecte sa parole et effectue son travail, ce qui confère à ses parents une autre raison d’être si fiers de lui. Une vague d’amour et de soutien L’élan de fierté et d’amour qui touche la famille Gauthier semble emporter plusieurs membres de la communauté de Prescott- Russell, mais également plusieurs résidents de partout au Québec, d’ailleurs en Ontario et même de la France qui s’émerveillent devant cette histoire de dépassement de soi. Mme Parisien reçoit par exemple plu- sieurs messages de parents d’enfants autistes, pour qui l’histoire est inspirante. Plusieurs constatent la portée du récit d’un jeune de 12 ans qui, très confortable dans le contexte d’isolement social qui contraste avec les tourments qu’il doit habituellement gérer, décide néanmoins de se placer en situation de vulnérabilité afin de croitre et de s’accomplir.
Pour Shan, ce récit est tout autre, si bien qu’il ne saisit pas l’ampleur de ce qu’il est en train de démontrer. Il s’agit seulement d’une tâche qui doit être accomplie, d’un jeune qui aime l’accomplir et d’un travail qui rapporte de la fierté, un sentiment de bienêtre et un revenu pour se gâter et investir dans son entreprise. «J’essaie de lui faire prendre conscience de tout ça, je lui lis des messages que l’on reçoit, mais je ne pense pas qu’il réalise qu’il aide au-delà du travail qu’il fait». Mme Parisien se dit également émue, parfois même mal à l’aise, devant l’ampleur du soutien offert à Shan. Celui-ci reçoit gra- tuitement de l’équipement de qualité entre autres de la part d’entreprises et d’individus de Prescott-Russell ou du Québec qui veulent faire leur part pour l’encourager à poursuivre cette initiative. Ainsi, Fashion Work Wear, Constructel, location Bouladier, Écotech et Les entreprises Morel soutiennent tous Shan avec enthousiasme, sans que celui-ci n’ait sollicité leur aide. David Fleurant, un entrepreneur de 25 ans, atteint lui aussi du spectre de l’autisme, qui a commencé son parcours il y a plusieurs années comme Shan, lui a même offert un tracteur pour couvrir plus de terrain lors de la tonte de ses pelouses. Puis, Mickael Bissonnette, le jeune entrepreneur derrière Green Services, et étudiant de l’École secon- daire catholique L’Escale de Rockland, lui a également proposé de collaborer avec lui. Devant toutes ces démonstrations de générosité, Shan a réagi en effectuant un premier don de 50$, puis un deuxième de 100$ à l’organisme de son choix, Regrou- pement Autisme de Prescott-Russell. Bien que la générosité soit l’une des valeurs que ses parents ont toujours souhaité inculquer à lui et à ses frères, Shan semble déjà s’être approprié cette valeur. «Bien, je n’avais pas le choix dans mon cœur (de faire un don à l’organisme), car j’ai reçu trop de cadeaux».
Publié le jeudi par : La Compagnie d’édition André Paquette Inc. Imprimé par : Imprimerie Prescott et Russell, Hawkesbury, ON # convention : 0040012398
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