FNH N° 1155 (1)

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JEUDI 6 JUIN 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Aid Al-Adha

En dépit de l’abondance de l’offre, les prix des moutons destinés au sacrifice ont connu cette année une augmentation significative. A en croire les professionnels du secteur, celle-ci varie entre 15% et 30%. Une facture de plus en plus salée Par M. Ait Ouaanna

en ces moments pénibles. Sans un accompagnement adéquat, il sera difficile pour nous de continuer à élever les moutons et de répondre à la demande du marché» , poursuit-il. De son côté, Bouabid El Khiyari, également éleveur, souligne qu’en dépit de l’abondance de l’offre, les familles défavorisées seront fort probablement incapables d’acheter le mouton de l'Aïd, vu les prix exorbitants propo- sés cette année. Par ailleurs, Bouabid se dit préoccupé par une pratique très cou- rante, celle de vendre les femelles ovines. «La vente des femelles ovines met en péril la productivité et la durabilité du cheptel natio- nal et prive les éleveurs de la capacité de renouveler leur troupeau et de mainte- nir une production suffisante. Cela entraîne une diminution progressive du nombre de moutons disponibles, ce qui pourrait se traduire dans les années à venir par une hausse des prix plus impor- tante et une pénurie sur le marché», explique-t-il. Dans ce souk qui se tient tous les mardis, nous avons également fait la rencontre de Mohamed, père de famille venu faire un repérage avant de procéder à l’achat de son mouton de l’Aid. « Les prix ont atteint des niveaux jamais vus auparavant, ce qui rend impossible pour de nombreuses familles de célé- brer cette fête religieuse si importante. Une brebis agée est proposée aujourd’hui à 2.000 dirhams, c’est inadmis- sible !», se plaint-il.

 De nombreuses familles risquent de ne pas célébrer

l’Aïd Al-Adha à cause des prix élevés des moutons.

C

ette année encore, les Marocains devront débour- ser plus pour le mouton de l'Aïd Al-Adha. Malgré les récentes précipitations, la baisse du taux d’inflation et la légère diminution des prix du carburant, les prix des animaux destinés au sacri- fice demeurent hors de por- tée pour beaucoup, et bien loin de ceux pratiqués avant la crise. D’après les estimations du ministère de l’Agriculture, l’offre nationale en cheptel devrait grimper à 7,8 mil- lions de têtes, dont 6,8 mil- lions d'ovins et un million de caprins, pour une demande estimée à environ 6 millions

de têtes. A en croire les chiffres de la tutelle, l'offre excède donc la demande. Pourtant, contrai- rement à la règle écono- mique qui veut que les prix baissent dans ce cas, ces derniers flambent. Selon les professionnels du secteur, cette hausse varie entre 15% et 30%. Afin de s’enquérir de la situa- tion, Finances News Hebdo s’est rendu au souk heb- domadaire de la commune rurale de Sidi Yahya Zaër, région Rabat-Salé-Kénitra, où nous avons rencontré vendeurs et acheteurs. «On ne peut le nier, les prix des moutons ont flambé cette

année, atteignant une hausse de près de 1.500 dirhams par tête. Cette augmentation est due à plusieurs facteurs, dont la sécheresse persis- tante qui frappe notre pays depuis plusieurs années déjà. Ainsi, le coût de production a considérablement augmenté, surtout que le prix de l'ali- ment du bétail a explosé. Par conséquent, il est deve- nu très difficile de nourrir nos animaux et de maintenir notre activité», nous confie l’éleveur Mustapha Tlihi. «Nous avons besoin d'aide pour faire face à la hausse du coût de production et à la sécheresse. Le gouver- nement doit nous soutenir

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