FNH N° 1155 (1)

14

JEUDI 6 JUIN 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

«La multiplication des intermédiaires fait flamber les prix» Aïd Al-Adha

F.N.H. : Le Maroc recourt ces dernières années à l'importation des ovins et caprins. Existe-t-il des pré- occupations concernant le renouvellement du cheptel national ? S. Ch. : Pour répondre à cette question, il faut d’abord com- prendre quelle est la constitution de notre cheptel et comment se fait son renouvellement. Les der- nières statistiques du ministère de l’Agriculture font état d’un cheptel de 25,7 millions de têtes ovines et caprines. 50% de ce cheptel, soit environ 13 millions de têtes, sont des femelles reproductrices, ce qui est déjà un capital animal très important dont dispose notre pays. Le reste (environ 12,7 mil- lions) est constitué essentiellement de jeunes animaux, avec 50% de mâles, qui sont destinés pour 90% à la fête de l'Aïd Al-Adha, et 50% de femelles, dont 25% sont générale- ment réservées au renouvellement du cheptel. Le reste est affecté à l’abattage de boucherie durant l’année, en plus des animaux de réforme. D’après nos éleveurs et nos équipes sur le terrain, l’année dernière, nous avons eu une bonne campagne de reproduction et un taux d’agnelage intéressant par rapport à l’année précédente. Il s’agit là également d’un facteur rassurant pour le renouvellement de notre cheptel l’année prochaine. F.N.H. : La distribution dans les souks est confrontée à de nombreuses problématiques. Que pouvez-vous nous dire par rapport à ce constat ? S. Ch. : Actuellement, l’ANOC

Dans cet entretien, Said Chatibi, Directeur général de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC), détaille les causes majeures de la hausse des prix des moutons de l’Aid et met en exergue les meilleures pratiques à adopter pour améliorer la production du cheptel national.

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

connu une augmentation verti- gineuse ces dernières années, en raison de la coïncidence de trois évènements contraignants, à savoir la crise du Covid, qui a fortement impacté le secteur de l’élevage; l’inflation mondiale, qui a fait flamber le prix des intrants, notamment celui de l’alimentation animale, ainsi que la succession de trois années de sécheresse sévères. Le deuxième facteur, quant à lui,

concerne la chaîne de commer- cialisation entre l’éleveur et le consommateur. Plus le nombre d’intermédiaires entre ces deux acteurs est grand, plus le prix va augmenter. Ainsi, la multitude des intermédiaires a fait flamber les prix. Cela, couplé aux frais de transport et de logistique, en plus de la marge bénéficiaire de chaque intermédiaire, a un impact très conséquent sur le prix d’achat du consommateur.

Finances News Hebdo : Le ministère de l'Agricul- ture a annoncé une offre excédentaire, mais les prix demeurent toutefois en hausse. Qu’est-ce qui explique cette situation ? Said Chatibi : Pour expliquer cela, il faut aborder les prin- cipaux déterminants des prix des animaux destinés à l’abat- tage, que l’on peut synthétiser en deux facteurs majeurs. Le premier concerne le coût de pro- duction chez l’éleveur qui est essentiellement lié aux charges de l’alimentation, de la main- d’œuvre, des soins vétérinaires, etc. Ce coût de production a

Actuellement, l’ANOC est en train de mettre en place 34 souks temporaires dédiés à la commercialisation des animaux destinés à l'Aid Al-Adha 2024.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker