FNH N° 1121

JEUDI 14 SEPTEMBRE 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SÉISME D'AL HAOUZ

www.fnh.ma

15

Macron dans la mêlée du séisme marocain !

relation entre le Roi Mohammed VI et Emmanuel Macron est aussi froide, c’est parce que le président fran- çais refuse de suivre l’exemple des Américains, Espagnols, Allemands, Israéliens qui ont reconnu la souve- raineté du Maroc sur son Sahara. Pour Emmanuel Macron, c’est l’un des grands dommages politiques collatéraux de cette crise autour du séisme et de l’aide française. Une lumière crue a été jetée sur le posi- tionnement français sur une question vitale pour les intérêts marocains : son unité territoriale. Aujourd’hui, dans toutes les approches à l’égard du Maroc, la diplomatie française ne peut plus continuer à ignorer cette exigence marocaine et se complaire dans la zone grise et de confort qui lui permet le non-choix et la non- décision. Aujourd’hui, l’heure de vérité dans les relations franco-marocaines est arrivée. Sauf à penser qu’Emmanuel Macron est profondément convaincu de la nécessité de la naissance d’un sixième état au Maghreb comme dans les phantasmes du régime algérien, la diplomatie française est aujourd’hui plus que jamais sous la pression de clarifier sa position, acculée à faire un choix et de quitter le gris-clair de sa vision. Depuis le début de ce drame maro- cain, Emmanuel Macron était aux avant-postes de la réaction et de la solidarité avec les sinistrés. Dans son sillage, les médias français ont intensivement accompagné l’onde de choc. Cette situation souligne à la fois la proximité et les relations fortement imbriquées entre les deux pays, mais elle met en lumière aussi le profond fossé qui les sépare autour de ques- tions cruciales. Une difficile commu- nication entre le Roi Mohammed VI et Emmanuel Macron, ce qui est en soi une grande surprise pour beaucoup, et une position des plus ambiguës de la diplomatie française sur le Sahara marocain sans raisons valables ou convaincantes. ◆

Par Mustapha. Tossa journaliste et politologue

L’ objectif affichée de la dernière vidéo du pré- sident français sur le séisme marocain est de tenter de mettre fin à toutes les polémiques qui enflam- ment les médias français sur la sup- posée non acceptation marocaine de l’aide française. S’il est aisé de constater que les télévisions d’information continue en France ont commencé à lever le pied sur cette polémique, il n’est pas cer- tain que la démarche du président français puisse être bien perçue par le côté marocain, opinion ou autori- tés. Un des premiers reproches faits à Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux est son choix de s’adres- ser directement «aux Marocaines et aux Marocains». Sans doute dans l’esprit du président français, cette démarche se voulait un acte solennel de solidarité, une forme hautement achevée d’empathie et de proximité avec le peuple marocain. Mais, vu de l’autre côté de la Méditerranée, cela pourrait s’apparenter à une forme de condescendance frisant la provoca- tion symbolique. Au-delà de la méthode choisie pour formuler ces messages, une vidéo exclusivement dédiée au sujet, debout avec une communication gestuelle particulièrement parlante, ce qui semble avoir provoqué les critiques de certains est l’insistance particulière de Macron à proposer l’aide française et ajouter automati- quement que Paris attend le feu vert des autorités marocaines. Dans la communication politique, cette démarche n’est pas innocente ou dénuée d’arrières-pensées. En répétant à plusieurs reprises, par la voix d’Emmanuel Macron ou d’autres voix officielles comme la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, que l’aide française est dans les starting-blocks et qu’elle n’attend

que le feu vert marocain, cette straté- gie souligne de manière claire où se situe le niveau de blocage. Avec cette approche, Emmanuel Macron remet une nouvelle pièce dans la machine à produire des polé- miques et des clashs sur la relation France/Maroc. Et pourtant, le pré- sident français a un intérêt particulier à ce que les médias français arrêtent de s’interroger à haute voix sur les vraies raisons de la brouille entre Paris et Rabat. Car à l’occasion de ce séisme et de débats qu’il a engendrés, l’opinion française, celle du Français ordinaire, vient de découvrir qu’il y a une grande crise de confiance entre les deux pays. Une crise longtemps tue, minorée, ignorée par la diploma- tie française et qui éclate aujourd’hui au grand jour. Et l’opinion française découvre brus- quement que les divergences entre les deux pays sont profondes et stra- tégiques. Et elles tournent autour d’un seul blocage, celui du Sahara marocain. Nombre de commentateurs français mainstreams ont expliqué avec une grande pédagogie que si la

Emmanuel Macron remet une nouvelle pièce dans la machine à produire des polémiques.

Made with FlippingBook flipbook maker