FNH N° 1064 VE

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

DU 28/29/30 AVRIL 2022

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Fintech au Maroc ◆ Le secteur de la fintech accuse un net retard par rapport à d’autres pays africains. ◆ La place gagnerait à formaliser un cadre règlementaire pour l’open banking. L’écosystème peine à décoller

faire, leurs données clients ainsi que leurs agréments avec des start-up porteuses de projets innovants. Il faut dire que les fintech ont investi des créneaux où les banques ne pouvaient pas offrir leurs services de manière optimale, mais ces dernières rattrapent leur retard et se positionnent désormais elles-mêmes en tant que fin- tech au service des nouveaux usages de leurs clients. Une règlementation non-contraignante Grâce à Bank Al-Maghrib, la réglementation marocaine fait adhérer l’ensemble des utilisateurs à un système de confiance. Elle ne pose pas de freins particuliers au dévelop- pement des fintech. Toutefois, la place gagnerait à formaliser un cadre règlementaire pour l’open banking. Le développe- ment de l’écosystème bénéfi- cierait également de la mise en place d’une plateforme unique, conjointement par l’ANRT et BAM, regroupant tous les acteurs (banques, opérateurs télécoms, start-up, etc.), où chacun pourrait proposer une offre de services relevant de son segment. «On a vu qu’il y a un change- ment de posture de la part de la Banque centrale dans tout ce qui est notion fintech. Elle a créé une sandbox pour essayer d’encourager ces initiatives. Elle a aussi mis en place d’autres projets avec la CDG pour essayer d’accélérer les innova- tions autour de la fintech. Même pour le système bancaire, c’est quelque chose de bien en leur

permettant d’innover et propo- ser des produits qui, jusqu’à maintenant, ne l’étaient pas», explique Yacine Faqir.

Le champ investi des fintech ne se limite pas aux moyens de paie- ment et de trans- ferts de fonds.

Comment développer l’industrie

Tout d’abord, l’État a un rôle à jouer pour faciliter l’adoption de nouveaux usages, notamment en étant lui-même utilisateur de ceux-ci, en encourageant ces start-up. Aussi, il est question de développer l’esprit d’inno- vation, d’entrepreneuriat et de prise de risque chez les jeunes et les moins jeunes. Le mar- ché marocain étant exigu, le développement de champions nationaux de la fintech passe par l’international et, particu- lièrement, en investissant les marchés africains. «Pour le développement de la fintech au Maroc, il faut qu’il y ait une combinaison de plusieurs ingrédients. Il y a forcément le côté réglementaire, avec une révision de fond de la licence bancaire et des établissements de crédits. Cela permettra à de nouveaux entrants innovants d’arriver sur le marché. Il y a l’encouragement de l’entrepre- neuriat et l’augmentation des ressources humaines pour que le Royaume puisse jouer un rôle capital sur l’ensemble du conti- nent dans l’industrie spécifique des fintech» , résume Y. Faqir. En définitive, la fintech est un moyen d’innover et de dévelop- per de nouveaux usages pour les clients. Le champ investi ne se limite pas aux moyens de paiement et de transferts de fonds, mais concerne aussi d’autres volets, notamment l’as- surance et le financement. ◆

des attentes. Il accuse un net retard par rapport à d’autres pays africains. Pour les experts, ceci est largement dû au bon niveau de bancarisation au Maroc et à la préférence pro- noncée des utilisateurs pour le cash. Le changement des habitudes de paiement étant un fait sociologique qui prend du temps. Notons que la dernière levée opérée par une fintech maro- caine a été effectuée par Yalla Xash, en juillet dernier, auprès de Maroc Numeric Fund II pour un montant de 6 MDH. «Le poten- tiel des fintech au Maroc reste très grand. On voit un grand changement de paradigme au niveau de ce concept, surtout après la pandémie Covid-19» , souligne Yacine Faqir, consul- tant pour les fintech/start-up désireuses de se développer au Maroc et sur le continent africain. Le développement de l’éco- système des fintech au Maroc demeure également tributaire de la volonté des banques à par- tager leur expertise, leur savoir-

D ans la liste des acteurs potentielle- ment disruptifs pour le système ban- caire, les fintech, menaces au début, deviennent des acteurs de plus en plus complémentaires. Leur indus- trie est inscrite dans une forte dynamique à l’échelle mondiale, portée par des levées de fonds record. En 2021, l'investisse- ment mondial dans les jeunes pousses de technologies finan- cières s'est chiffré à 210 mil- liards de dollars pour plus de 5.600 transactions. Un record. Même tendance observée en Afrique, où les fintech ont domi- né les levées de fonds avec près de 3,1 milliards de dollars sur environ 5 milliards de dol- lars de levées de l’ensemble de l’écosystème des start-up, soit environ 63%. À contre-ten- dance, force est de reconnaître que malgré les bonnes inten- tions des pouvoirs publics de développer l’écosystème des fintech, celui-ci reste en deçà Par Y. Seddik

Le dévelop- pement de l’écosystème des fintech au Maroc demeure également tributaire de la volonté des banques de partager leur expertise.

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