Carillon_2016_02_05

Pour la femme originaire de Hawkesbury, un voyage d’observation syndicale en Palestine s’est transformé en urgence d’agir. – photo Lucie Dumoulin

Un voyage révélateur en Palestine

ALEXANDRA MONTMINY alexandra.montminy@eap.on.ca

et établir des stratégies d’interventions et d’entraide pour ces ouvriers en particu- lier », a poursuivi Mme Dumoulin. Cette mission d’observation était le premier voyage au Proche-Orient deMme Dumoulin. « C’était un total dépaysement. Un grand choc culturel », a-t-elle raconté à notre journal. Mis à part le mandat de la délégation syndicale, c’est la rencontre avec le peuple palestinien qui a vraiment marqué Lucie Dumoulin. « À chaque vendredi depuis 11 ans, des manifestations sont organisées

pour faire tomber l’un des derniers murs de l’apartheid. On a assisté à cela non sans peine puisque deux de mes collègues ont reçu du gaz lacrymogène dans les yeux. On était dans le feu de l’action. On voulait voir ce qui se vivait là-bas », a-t-elle précisé. De ce qu’a constatéMme Dumoulin, la vie en Palestine n’est pas des plus faciles, même lorsqu’il s’agit d’effectuer des acti- vités qui semblent banales comme aller travailler ou encore se rendre à l’école. « Un matin, on s’est levé vers 3 h pour accompa- gner un travailleur dans son trajet quotidien à travers les points de contrôle. Ce sont des gens armés qui surveillent les immenses clôtures d’environ 12 pieds, dont la base est en ciment et le haut est barbelé et électrifié, a-t-elle raconté. Les gens doivent se faufiler à travers ce corridor de métal comme du bétail, carrément. De l’autre côté, il y a encore plein de contrôles de sécurité. Si le douanier en place décide cette journée-là que tu n’iras pas travailler en Israël, bien tu dois rebrousser chemin et rentrer chez toi », a déclaré Lucie Dumoulin, d’après ce qu’elle a pu observer. Même les membres de la délégation canadienne ont été scrutés à la loupe par les forces de l’ordre, selon ses dires. «Même nous on se faisait beaucoup interroger. Il y a des moments où c’était effrayant. Ce n’est pas notre langue ni nos coutumes, les soldats sont aussi lourdement armés », a-t-elle décrit. Lucie Dumoulin a vécu un choc culturel, qui se traduit souvent par un sentiment

de déracinement et de malaise général. « Au début, le choc était assez prononcé. Contrairement en Israël, tout est mono- chrome, beige et sur du sable, c’est un tout autre monde. On a vu des rues pleines de déchets. Il y a donc des feux où on jette les débris pour s’en débarrasser et ça sent mauvais », a-t-elle raconté. En plus de ces expériences inhabituelles, Lucie Dumoulin est allé à la rencontre d’une famille en particulier. « Nous avons rencontré le cousin du réalisateur du film Cinq caméras brisées, Emad Burnat. Il avait décidé de faire un film sur la résistance en Palestine et à chaque fois, ses caméras se faisaient briser, d’où le titre du film », a-t-elle précisé. Lors de son retour au Canada, Lucie Dumoulin a encore ressenti les symptômes du choc culturel. « Quand je suis revenue, j’ai eu un genre de choc culturel, comme quand je suis arrivée là-bas. Ici, on est tel- lement centré sur nous-mêmes et notre petit confort. » Elle a donc décidé de se consacrer à faire connaître la cause palestinienne et à essayer de sensibiliser le plus possible les gens à la situation qui y existe. « Je veux consacrer mon temps à aider, à lutter pour les droits fondamentaux. Ce qui est le plus désolant, c’est notre impuissance face à la situation. On demandait aux Palestiniens ce qu’on pouvait faire concrètement pour les aider et ils nous répondaient d’en parler… ».

Plusieurs personnes voyagent pour se divertir et en apprendre davantage sur les us et coutumes des différentes cultures. D’autres voyagent pour offrir de l’aide et du secours à ceux qui en ont besoin. Pour Lucie Dumoulin, de Hawkesbury, un voyage d’observation syndicale en Palestine s’est transformé en urgence d’agir. C’est au cours du périple d’une durée de deux semaines, à l’automne dernier, que Lucie Dumoulin a rejoint une délé- gation syndicale de huit personnes, pour se rendre à Amman, en Jordanie. « J’étais la seule Ontarienne prenant part à cette délégation, ça été toute une opportunité, a expliqué Lucie Dumoulin, qui travaille dans le domaine de l’éducation. D’Amman, nous avons par la suite traversé la frontière pour nous rendre en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens. » La délégation syndicale canadienne s’était rendue en Palestine pour des fins d’observation des milieux syndiqués, grâce au Centre international de solidarité ouvrière (CISO). « Comme chacun des membres de la délégation, je fais partie d’un syndicat qui est assez actif. Nous nous rendions donc là-bas afin de rencontrer les ouvriers syndiqués de différents milieux comme la poste, la santé, l’éducation ainsi que le milieu manufacturier, afin de leur montrer notre soutien et pouvoir revenir

Lucie Dumoulin, lors de son passage à nos bureaux, où elle a raconté son périple en Palestine en septembre dernier.- photo Alexandra Montminy

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le vendredi 5 février 2016

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