FNH N° 1043

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ECONOMIE

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JEUDI 11 NOVEMBRE 2021

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France

Les transferts MRE s’invitent à l’élection présidentielle

◆ L’idée d’un blocage des transferts d’argent privés de la France vers certains pays fait son chemin. ◆ Sont ciblés, le Maroc, l’Algérie ou encore la Tunisie. ◆ Sur des recettes MRE de 68,2 Mds de DH en 2020, ce sont 24,4 Mds de DH qui provenaient de la France.

Maroc et à l'Algérie, et de 30% à la Tunisie, en prenant 2020 comme année de référence. Le jour même de cette annonce, le Maroc a réagi par la voix de son ministre des Affaires étran- gères, Nasser Bourita, qui la considère comme «injustifiée», estimant que « le Maroc a tou- jours géré la question migra- toire et le flux des personnes avec une logique de respon- sabilité et d'équilibre entre la facilitation des déplace- ments des personnes (...) et la lutte contre la migration clandestine». Si Bourita convient que «la décision (de la France) est souveraine» , il a néanmoins laissé entendre que «le Maroc va l'étudier, mais les raisons qui la justifient nécessitent de la précision, un dialogue, car elles ne reflètent pas la réalité» . Le 3 novembre courant, à l’is- sue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouverne- ment français, Gabriel Attal, est revenu sur la question, pré- cisant que «les discussions se poursuivent avec les autorités du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie». «Les choses bougent avec la Tunisie, puisque ce pays a pro- duit plusieurs laissez-passer consulaires qui ont permis de leur renvoyer leurs ressortis- sants» que la France ne sou- haite pas garder sur son terri-

Les transferts MRE sont un puissant levier social et une importante source de réserves de devises.

pour provocation à la discrimi- nation raciale en 2011 et pour provocation à la haine envers les musulmans en 2018, c’est à qui fera le plus de propositions chocs sur les questions migra- toires. A ce duo, s’est ajouté un autre candidat à la prési- dentielle, Arnaud Montebourg, ex-ministre socialiste sous François Hollande, qui a lui aussi décidé, de façon surpre- nante, de faire de l’immigration l’un des thèmes forts de sa campagne. Ces trois personnes ont ceci de commun qu’elles défendent l’idée d’un blocage des trans- ferts d’argent privés vers les

pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants visés par une mesure d’expulsion du territoire français. Sont parti- culièrement ciblés par cette mesure, des pays comme le Maroc, l’Algérie ou encore la Tunisie. Rappelons que fin septembre dernier, la France avait pris la décision de dur- cir les conditions d'obten- tion des visas à l'égard de ces trois pays qui «refusent» de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. C’est ainsi qu’il a été décidé de diviser par deux le nombre de visas délivrés au

Par D. William

L e Maroc doit-il craindre pour les transferts d’argent effectués par ses res- sortissants établis en France ? Peut-être bien. Car, depuis que la course à la prési- dentielle est lancée, l’immigra- tion et ses enjeux sont deve- nus le fonds de commerce de l’extrême droite. Entre Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, et le candidat non déclaré et polémiste controversé Eric Zemmour, déjà condamné

En plus des restrictions sur les visas, l’idée est maintenant de taper au por- tefeuille des pays les moins coopératifs.

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