FNH N° 1043

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 11 NOVEMBRE 2021

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toutes les ressources aussi bien finan- cières qu’humaines, pour éviter tout gaspillage inutile et coûteux. A ce titre, il faut l’instauration d’un parcours de soins avec le passage obli- gatoire d’abord par un médecin généra- liste ou médecin de famille. Ce dernier évitera le passage automatique et en première intention au médecin spé- cialiste. Le généraliste aura pour rôle,

entre autres, l’orientation éven- tuelle du patient vers le médecin spécialiste le mieux adapté à son cas. De la même manière, la mise en place de recommanda- tions thérapeutiques pour toutes les pathologies évitera les gas- pillages inutiles et coûteux de certaines thérapies, d’opérations chirurgicales, ou d’examens biologiques ou radiologiques.

La valorisation des ressources

humaines est cer- tainement le plus grand défi auquel seront confrontés l’actuel ministre de la Santé et ceux qui lui succéderont.

La création d’une carte électronique pour chaque patient permettra d’éviter les redondances et les gaspillages de soins, tout en facilitant l’accès pour ces patients aux traitements nécessaires. Cela suppose aussi la mise en place d’un système d’information intégré au niveau national. F.N.H. : En plus des mesures prévues dans le projet de loi n°33.21 modifiant et complétant la loi 131.13 relative à l’exer- cice de la médecine, comment selon vous, motiver le retour de médecins marocains exerçant à l’étranger ? A. B. : Autoriser des médecins étran- gers à exercer au Maroc pourrait dans le meilleur des cas attirer ces derniers vers un secteur privé plus attractif, mais probablement beaucoup moins vers le secteur public. Or, c’est au niveau du secteur public où la carence est la plus forte. Quant à faire revenir des méde- cins qui sont partis exercer à l’étranger, c’est une chimère. Comment peut-on faire revenir un médecin marocain de l’étranger alors que son niveau salarial et sa qualité de vie et d’exercice sont bien meilleurs dans le pays d’accueil que dans son pays d’origine. Pays où, par ailleurs, il a construit une nouvelle vie familiale. La valorisation des res- sources humaines est certainement le plus grand défi auquel seront confron- tés l’actuel ministre de la Santé et ceux qui lui succéderont. ◆

médecins et des infirmiers, et d’autre part, par les partenariats public-privé. La première solution consiste à recruter le personnel soignant dont il a besoin. En effet, chaque année, le ministère de la Santé lance des appels à candi- datures pour 4.000 à 5.000 médecins. Malheureusement, ces appels à can- didatures restent infructueux pour cer- taines régions éloignées ou enclavées, et où les conditions de vie et d’exercice sont effectivement très difficiles. La revalorisation des salaires des profes- sionnels de la santé dans le public, avec en plus des incitations financières (primes etc.) en fonction de l’éloigne- ment et la difficulté de l’exercice sont donc nécessaires. L’amélioration des conditions d’exercice et de vie dans ces régions va encourager davantage les professionnels à exercer là-bas. Cela passe par des logements décents, le raccordement aux réseaux d’eau cou- rante et d’électricité, aux connexions téléphoniques et à l’Internet. Pour les personnes mariées, la proximité des écoles de qualité pour les enfants et des lieux de détente et de loisirs sera nécessaire. Quant aux partenariats public-privé (PPP), ils consisteront à ouvrir les hôpi- taux publics aux médecins du secteur privé ou à acheter certains services de soins ou de diagnostic (radiologie, exa- mens biologiques etc.) dans le secteur privé, ou tout simplement à permettre à

l’ensemble des citoyens de se soigner librement aussi bien dans le privé que dans le public. Pour cela, il sera nécessaire de bâtir un secteur hospitalier fort en ressources humaines et en équipements et des CHU qui soient de véritables centres d’excellence, pour que le secteur public puisse concurrencer le secteur privé et qu’il ne soit plus qu’un secteur «pauvre» en faveur des pauvres. F.N.H. : Comment renforcer la gouvernance du système de santé et créer un système d’in- formation intégré ? A. B. : De nombreux problèmes de gouvernance et de dysfonctionnements se sont accumulés au fil des ans. Pour s’attaquer à ces problèmes, il va falloir faire participer toutes les composantes actives dans le domaine de la santé, mais aussi faire appel à de nombreux experts en matière de santé publique. Notre système de santé a besoin plus d’un électrochoc que d’une acupunc- ture. La refonte totale et profonde de ce système est un véritable défi pour le ministère de tutelle. Cette réforme se fera certainement sur plusieurs années et non pas en un seul mandat ministé- riel. L’inclusion de 22 millions supplé- mentaires de citoyens à la couverture sanitaire universelle, avec des soins de qualité, suppose une bonne gou- vernance pour optimiser au maximum

L’inclusion de 22 millions supplémen- taires de citoyens à la couverture sanitaire uni- verselle, avec des soins de qualité, suppose une bonne gou- vernance.

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