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BOURSE & FINANCES

JEUDI 16 ET VENDREDI 17 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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idéologiques. Les chefs d’entreprise et les ménages les moins favorisés ont demandé l’aide du gouvernement afin de faire face aux chocs économiques, causés par la pandémie. Les besoins d’Etat et de services publics ont quelque part suscité de fortes attentes autour du PLF rectificative 2020. Dans un contexte de crise en proie à l’inexorable baisse des recettes fiscales, l’augmentation sensible des dépenses publiques afin de répondre aux besoins précités soulève la question du finan- cement du déficit budgétaire. Le gouverne- ment avait la latitude de recourir à la fiscalité, l’endettement et la politique monétaire pour assurer le financement du déficit budgétaire. Or, aujourd’hui, il est regrettable de consta- ter que l’Etat n’a montré aucun signe allant

dans le sens d’une sortie de crise via la réforme fiscale. J’ai l’impression que le gouvernement a oublié ses engage- ments pris lors des dernières Assises de la fiscalité de mai 2019. Pour rappel, la mise en place de la loi-cadre portant sur la réforme fis- cale promise pour juin 2019, n’a tou- jours pas vu le jour.

«Les responsables publics ont pour prio- rité et obsession la sauvegarde des équi- libres macroécono- miques au détriment de toute autre consi- dération».

«Le gouvernement agit de façon manifeste dans le sens de la récession» ◆ Le projet de Loi de Finances rectificative 2020 a suscité beaucoup d’espoir. ◆ Il était censé traduire le dessein de l’Etat de sortir de la crise par le haut. ◆ Najib Akesbi, économiste et professeur, exprime sa déception dans cet entretien, et fustige l’obsession du gouvernement à vouloir maintenir les équi- libres macroéconomiques au détriment des considérations sociales et de relance économique.

Or, quatorze mois se sont écoulés depuis la tenue des dernières Assises de la fiscalité de Skhirat. Il ne fallait pas également compter sur la politique monétaire pour la relance, puisque celle-ci est menée par la Banque centrale. Cette dernière continue d’être le chantre du dogmatisme néolibéral. BAM ne fait pas d’effort en matière de politique moné- taire non conventionnelle. Au regard de ce qui précède, le recours à l’endettement, qui a aussi des limites, semblait être inévitable pour sortir de la crise par le haut. Contre toute attente, l’Etat, à travers le PLF rectificative 2020, a visiblement décidé de remédier au déficit budgétaire. F.N.H. : Par quel mécanisme l’Etat a-t- il supprimé le déficit budgétaire dont vous faites mention ? N. A. : Le tableau d’équilibre de la Loi de Finances 2020 comportant les ressources et les charges présentait un déficit budgétaire de 41,7 Mds de DH. Ce qui équivaut en réa- lité au besoin résiduel de financement. En se penchant sur le PLF rectificative 2020, l’on relève un déficit budgétaire de 45,8 Mds de DH. D’où l’écart insignifiant de près de

liée au coronavirus avait créé depuis le mois de mars une quasi unanimité à l’échelle natio- nale quant à la nécessité pour l’Etat d’utiliser le budget et la fiscalité pour répondre aux multiples besoins accentués par la pandémie, notamment dans les domaines de la santé, l’éducation, la couverture médicale, la créa- tion du revenu universel et la résilience pro- duction. Au pic de la crise, tous les regards se sont tournés vers le gouvernement, y compris ceux des partisans du moins d’Etat qui s’appuient sur des raisons purement

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous sur le PLF rectificative 2020, notamment sa propension à soutenir la relance économique par le haut ? Najib Akesbi : Le projet de Loi de Finances rectificative (PLF) 2020 est une immense déception. La montagne a accouché moins d’une souris. Il est important de situer cette appréciation par rapport au contexte. La crise

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