FNH numéro 1007

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 JANVIER 2021

www.fnh.ma

EN BREF «Nous attendons une mondialisation revisitée», selon Selin Ozyurt

Évolution des échanges commerciaux en %

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«En 2021, la plupart des pays verront leurs exportations aug- menter par rapport à l’année de 2020 : la Chine (+372 milliards de dollars américains), l'Allemagne (+192 mil- liards de dollars) et l'Italie (+139 milliards de dollars) étant les principaux gagnants. La Chine, le Vietnam,

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de 3,8% en 2022» , nous explique Selin Ozyurt. Et malgré l’accélération de la campagne de vaccination en Europe en 2021, l’immunité collective ne sera sûrement pas atteinte avant 2022 si l’on se réfère aux déclarations des experts, ce qui retarderait davantage la reprise de l’économie. Quid du Maroc ? Le recul de l’activité de l’Europe, qui demeure le principal partenaire éco- nomique du Maroc, ne restera pas sans impact sur ce dernier. L’économie marocaine continuera, en effet, à être affectée par le ralentissement chez ses principaux partenaires commerciaux à cause du durcissement des mesures sanitaires en 2021. Seront impactés en particulier les secteurs qui sont déjà fra- gilisés depuis le début de cette double crise. «Le secteur du tourisme conti- nuera d’accuser les plus grosses pertes d’exploitation liées aux nouvelles res- trictions et contrôles aux frontières. Par ailleurs, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique ainsi que du textile vont continuer de souffrir de la faiblesse de la demande européenne» , explique Selin Ozyurt. Et d’ajouter qu’ «au Maroc, nous projetons un recul historique du PIB de -7,2% en 2020, qui sera suivi d’un rebond économique de 4,3% en 2021. En revanche, il faudrait patienter jusqu’en 2022 pour retrouver le niveau d’activité économique d’avant la crise. La reprise d’activité à la première moitié de 2021 sera certainement plus modé- rée que prévu initialement tant que les restrictions sanitaires liées à la deu- xième vague de l’épidémie continueront de peser sur l’économie».

La vaccination, un facteur déterminant

Sur la base des données fournies par Euler-Hermes, un rebond d’activité au Maroc ne serait atteint que durant la deuxième moitié de l’année 2021, et qui serait tiré par le redémarrage des projets d’infrastructures et la reprise graduelle de la demande mondiale et de l’activité du tourisme. Le succès des campagnes de vaccination au Maroc et dans le monde sera déterminant pour enclencher «l’effet confiance» sur l’économique et accélérer la reprise. Toutefois, cette campagne de vaccina- tion accuse un grand retard. Le ministre marocain de la Santé, Khalid Ait Taleb, a d’ailleurs lui-même indiqué qu’il n’avait pas de visibilité sur la date de son démarrage. Un retard qui ne bénéficie pas à l’économie nationale, déjà très affaiblie. «La crise de la Covid-19 a mis les équilibres macroéconomiques internes et externes de l’économie marocaine à rude épreuve. En 2020, le déficit budgétaire du Maroc devrait plus que doubler pour atteindre environ 8% du PIB», rappelle Ozyurt. Le haut-commissariat au Plan souligne de son côté que les pertes d’emploi auraient atteint 531.000 postes en 2020, portant à 12,8% le taux de chômage au niveau national, soit une hausse de 3,6 points par rapport à son niveau enregistré en 2019. Ainsi, assurer une croissance soutenue en 2021 sera déterminant pour inverser la courbe du chômage et diminuer la pauvreté, chose qui semble toutefois compliquée avec le retard de la campagne de vaccination au Maroc et les mesures restrictives qui s’enchaînent en Europe. ◆

l'Australie et les Pays-Bas sont susceptibles de se redresser le plus rapidement; les exportations de 2021 devraient se situer pour ces pays-là à plus de 10% au-dessus des niveaux de 2019. Même si la reprise de la demande mondiale se renforcera en 2021, nous n’attendons ni un retour à la mondialisation du début des années 2000, ni une démondialisation complète. Plutôt une mondialisation revisitée, où plusieurs tendances coexisteront et se feront concurrence. En effet, notre enquête sur les chaînes d'approvisionne- ment mondiales a révélé que bien que les dis- cours politiques sur la relocalisation se soient multipliés, la réalité pour les entreprises sur le ter- rain est plutôt celle du «Nearshoring» et non pas du «Reshoring», c'est-à-dire le fait de relocaliser la production dans un pays voisin, mais pas for- cément dans le pays d’origine. Cela est en ligne avec un récent et léger rebond du multilatéralisme, en particulier après l'accord du RCEP en Asie et Océanie (partenariat régio- nal économique global) et les discussions sur le retour des États-Unis dans les négociations sur le TPP (partenariat transpacifique). La diversifica- tion des chaînes de production continue d’être à l'ordre du jour en 2021, les entreprises cherchant des solutions d'approvisionnement et de produc- tion plus rentables (notamment en Chine) pour contrer le choc économique sans précédent de la Covid-19 sur leurs chiffres d’affaires et marges. La reprise plus forte du commerce mondial des biens, notamment grâce à la croissance chinoise soutenue et à des restrictions liées à la Covid-19 plus ciblées en Europe, est une bonne nouvelle pour les perspectives du commerce mondial. Nous avons ainsi révisé nos prévisions de crois- sance du commerce mondial des biens et des services en volume : -10 % en 2020 (contre -13% précédemment), à +5,8 et +5% pour respectivement l’année 2021et 2022». ◆

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