Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 16 janvier 2025 - 8 DH - N° 1180
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Les hypothèses classiques ne répondent plus aux défis actuels Croissance
P. 15 à 17
Un rempart contre le déficit hydrique DESSALEMENT DE L’EAU DE MER
P. 30/31
P. 12 à 14
Diplomatie
Automobile - Aéronautique Un appel d’air pour le «Made with Morocco»
Bourse Les particuliers en force, les institutionnels à l’affût
Le Maroc s’affirme sur la scène internationale
P. 28/29
P. 8
P. 20 à 23
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 JANVIER 2025
3 4 5 ACTUALITÉ
26 L'UNIVERS DES TPME
Editorial
Entretien avec Keltoum Houssni : HJInnovation : «Notre stratégie est orientée vers la création de valeur à long terme pour les entreprises»
Voyons voir : La méthode Bayrou : Ni oui, ni non Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : L'ivresse des sommets Réforme des retraites : Les partenaires sociaux dans l’expectative Bourse : Les particuliers en force, les institutionnels à l’affût Akdital : On prend les mêmes et on recommence Startups : Le Maroc peut-il rivaliser avec les géants africains ?
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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28 POLITIQUE
Algérie
Diplomatie : Le Royaume s’affirme sur la scène internationale
écidément, les stratèges d'Alger ont le chic pour se mettre à dos leurs alliés. Après la France, c'est au tour de la Turquie et de la Syrie de figurer dans la longue liste des relations diplomatiques écornées par l'Algérie. D Le parrain des causes perdues En accueillant à Tindouf des militants du PKK, organi- sation classée terroriste par Ankara, le régime algérien a posé un nouvel acte diplomatique irréfléchi : provo- quer la Turquie, tout en soutenant des séparatistes kurdes contre le régime syrien post-Assad. Le drapeau du Rojava kurde hissé aux côtés de celui des séparatistes du polisario à Tindouf, voilà un symbole qui n'a pas manqué de faire réagir Ankara, qui y voit une menace directe à sa sécurité nationale. Pris la main dans le sac, le régime a tenté maladroitement de se dédouaner par la voix de son ambassadeur à Ankara, Amar Belani : l'Algérie n'aurait pas invité ces militants et ne soutiendrait pas le ter- rorisme. Pourtant, l'événement a bien eu lieu sur le sol algérien. Et les images parlent d'elles-mêmes. Ce nouvel affront diplomatique est pourtant révélateur d'une obsession maladive du pouvoir algérien : jouer la carte du séparatisme pour dés- tabiliser autrui, sans jamais en mesurer les conséquences. Car ce n'est pas la première fois que le régime algérien s'embourbe dans sa propre duplicité. Du Mali, où il est accusé de soutenir des groupes touaregs séparatistes, au Sahara marocain avec le polisario, la doctrine reste la même : semer la zizanie pour exister sur l'échiquier régional. Le paradoxe ultime ? Pendant qu'Alger joue les mécènes du sépara- tisme à l'international, elle réprime dans le même temps, avec une bru- talité inouïe, les velléités d'autonomie kabyle sur son propre territoire, avec des militants du MAK qualifiés de «terroristes» et emprisonnés sans autre forme de procès. Deux poids, deux mesures donc. Une stratégie révélatrice d’une gymnastique diplomatique à la fois cynique et absurde, mais surtout d’une incohérence politique crasse. On pourrait cependant croire à une série de maladresses diploma- tiques. Mais derrière ces choix mal avisés se cache une arithmétique politicienne vicieuse : détourner l'attention des crises internes et jouer sur le nationalisme et la peur de l'ennemi extérieur pour maintenir un régime à bout de souffle. Et ce, quitte à se poser en parrain des causes perdues. Seulement voilà : dans le grand jeu des relations internationales, la cré- dibilité ne se gagne ni par la provocation, ni par la manipulation. Encore faudrait-il qu'il reste quelqu'un, là-haut, capable de comprendre cette évidence. Et c’est là tout le problème. u
ECONOMIE
Energie : 2024, une dynamique de transition éner- gétique qui s’affirme 30 DEVELOPPEMENT DURABLE
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Dessalement de l’eau de mer : Un rempart contre le déficit hydrique Conjoncture : 2024, une année charnière pour l’économie nationale Croissance : Le Maroc carbure au non-agricole Entretien avec Youssef Guerraoui : Croissance, Les hypothèses classiques ne répondent plus aux défis actuels Mise à niveau urbaine : Le programme ralenti par de nombreuses contraintes Entretien avec Khalid Doumou : Souveraineté économique, «Les industries automobile et aéro-nautique créent un appel d’air pour le Made with Morocco» Fruits et légumes : Les prix repartent à la hausse MRE : Des transferts toujours solides malgré les turbulences économiques
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32 HIGH-TECH
CES 2025 : Retour sur les moments forts de cette édition
• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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La méthode Bayrou
Ni oui, ni non insoumise, soutenue par les écologistes et les communistes, illustre bien cette instabilité. Le PS hésite encore, pris entre l’envie de censu- rer un gouvernement qu’il juge inconsistant et la peur de perdre les maigres concessions obtenues.
un possible compromis, mais en posant des conditions si restrictives qu’on doute de leur faisabilité. Sur l’immigration, il promet une fer- meté qui reste largement théorique. Sur l’éco- logie, il affirme que «ce n’est pas le problème, mais la solution» , tout en évitant d’annoncer des mesures significatives. Quant au budget, il se contente de rappeler des objectifs déjà connus, comme le retour à un déficit de 3% d’ici 2029, sans expliquer comment il compte y parvenir. Ce flou artistique pourrait être une stratégie calculée, mais il est aussi le reflet d’une réalité politique complexe. Bayrou sait qu’il ne peut pas se permettre de brusquer une Assemblée fracturée, où chaque vote devient une bataille. Mais à force de vouloir ménager la chèvre et le chou, il risque de finir par perdre les deux. Dans cette atmosphère de mécontentement généralisé, la motion de censure prévue ce jeudi ne devrait pas renverser le gouverne- ment. Le Rassemblement national, straté- gique comme jamais, semble décidé à lais- ser passer cette occasion, préférant attendre le moment propice pour frapper. François Bayrou, quant à lui, pourra se targuer d’avoir sauvé son siège. Au moins temporairement. ◆
F rançois Bayrou, Premier ministre français fraî- chement installé, a fait, mardi, sa déclaration de politique générale. Que retenir de cette heure et demie d’intervention ? Pas grand- chose, si ce n’est l’impression d’assister à une manœuvre visant à gagner du temps. Sur la réforme des retraites, par exemple, Bayrou a confié à la Cour des comptes une «mission flash» pour éclairer les partenaires sociaux. Une belle façon de remettre ce dos- sier explosif entre des mains de techniciens, tout en ménageant la gauche. Mais cette démarche «ni oui, ni non» a surtout déçu tout le monde, des Insoumis aux Républicains, en passant par les écologistes. Par D. William
Et là réside tout le paradoxe : François Bayrou est perçu comme un Premier ministre «du dialogue», mais ce dialogue semble surtout destiné à repousser les décisions difficiles. Même les Républicains, qui ne voteront pas la censure, ont émis des réserves sur la capacité de Bayrou à proposer autre chose que des demi-mesures. L’art du compromis ? Ce qui frappe, c’est la capacité de Bayrou à contenter tout le monde sans satisfaire personne. Sur les retraites, il ouvre la porte à
Il faut dire cependant que François Bayrou n’a pas la tâche facile. Avec une majorité relative à l’Assemblée, il doit jouer les équilibristes entre une gauche exigeante, une droite scep- tique et un Rassemblement national qui fait mine de bouder, mais qui pourrait lui sauver la mise à l’occasion. La motion de censure déposée par La France
Ce qui frappe, c’est la capacité de Bayrou à contenter tout le monde sans satisfaire personne.
oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 JANVIER 2025
Gaz butane
Un soutien mal ciblé, selon Lekjaa
L e gouvernement consacre annuellement plus de 15 Mds de DH à
la subvention du gaz butane, un soutien censé profiter aux catégories les plus dému- nies, a rappelé Fouzi Lekjaa à la Chambre des représen- tants. Pourtant, les 20% de la population les plus pauvres ne reçoivent que 14% de ce soutien, contre 27% pour les 20% les plus riches.
Réforme fiscale
299 Mds de DH de recettes pour l'Etat L es recettes fiscales au Maroc ont bondi de 199 milliards de DH en 2020 à 299 Mds de DH en 2024, a annoncé Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, à la Chambre des représentants. Cette hausse de 100 Mds de DH est attribuée à la réforme fiscale et a été entièrement consacrée au financement des programmes sociaux : dialogue social (44 Mds de DH), aide directe (35 Mds de DH) et couverture médicale (19,5 Mds de DH). Les recettes de l'impôt sur les sociétés (IS) ont pro- gressé de 48,8 à 70 Mds de DH, celles de la TVA ont augmenté de 56 à 89 Mds de DH, tandis que l'impôt sur le revenu (IR) est passé de 40 à 59,6 Mds de DH, grâce à l’élargissement de l’assiette fiscale. En 2025, des allègements fiscaux, dont l’exonération des salaires inférieurs à 6.000 dirhams, seront introduits. Le ministre délégué a également mis en avant la lutte contre l’évasion fiscale, avec des recettes atteignant 17,77 Mds de DH en 2024 (+26,4%). Enfin, il a souli- gné que ces mesures visent à structurer l'économie, renforcer le développement et réduire le déficit bud- gétaire à 4% en 2024. ■
Pour le ministre, ce déséquilibre met en lumière l'absence de ciblage des bénéficiaires. Il a ainsi appelé à définir des mécanismes efficaces pour garantir que cette aide profite aux plus vulnérables. Selon lui, des transferts monétaires ciblés constituent la solution la plus adéquate pour optimiser les marges budgétaires et renforcer le soutien aux catégories méritantes. A noter que l'augmentation du prix du gaz butane «n'est pas à l'ordre du jour du gouverne- ment», selon Lekjaa. ■
Revenus en monnaies étrangères
Le taux de change pour 2024 fixé
L a Direction générale des impôts (DGI) vient d'arrêter la base de conversion des revenus perçus en monnaies étrangères au titre de l'année 2024. Ainsi, il faudra retenir comme taux de change 10,756 DH pour 1 Euro, 9,959 pour 1 Dollar américain, 12,733 pour une Livre sterling et 11,295 pour 1 Franc suisse, précise la
DGI dans une décision adressée aux direc- teurs régionaux, provinciaux, préfectoraux et inter-préfectoraux, les chefs de service régio- naux et provinciaux, les chefs de subdivision et chefs de secteur. Le cours des devises est publié chaque année à la même période pour déterminer en dirhams la base imposable des revenus de source étrangère perçus au cours de l'exer- cice passé. ■ S elon le haut-commissariat au Plan (HCP), l'inflation au Maroc aurait reculé à +0,9% en 2024 contre +6,1% en 2023, grâce au repli des prix alimentaires. L'inflation sous- jacente, excluant les prix volatils et régulés, aurait également baissé à +2,4% contre +5,9% l'année précédente. Au quatrième trimestre 2024, la hausse des prix à la consommation s’est limitée à +0,7% en variation annuelle, contre +1,3% au trimestre précédent, reflétant la baisse des prix des pro- IPC : L'inflation à 0,9%
duits non alimentaires (+0,7%) et alimentaires (+0,7%). Toutefois, l'inflation sous-jacente a légèrement progressé à +2,5%, en raison de la hausse continue des prix des viandes. Cette tendance s'explique par le recul des prix des produits pétroliers à l’international, soutenu par une faible demande mondiale, notamment en Chine, et des perspectives d'offre excédentaire. Par ailleurs, les prix des produits frais ont chuté de 8% au dernier tri- mestre 2024. ■
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ÇA SE PASSE AILLEURS
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Ethiopie
Royaume-Uni
Incendies à Los Angeles
Baisse du ratio dette/PIB après la réforme macroéconomique
L'inflation ralentit à 2,5% en décembre
Des pertes estimées à 30 milliards de dollars pour les assureurs L es incendies qui ravagent la ville américaine de Los Angeles (Ouest) pourraient engendrer des pertes esti- mées à 30 milliards de dollars pour le secteur des assurances, rapporte l’agence Bloomberg. Le média cite des estimations établies par les banques d'investissement Wells Fargo et Goldman Sachs, qui dépassent le seuil de 20 milliards de dollars établi la semaine dernière par JPMorgan Chase. Dans un discours lundi, le président améri- cain Joe Biden a indiqué que « des dizaines de milliards de dollars » seront nécessaires pour la reconstruction à Los Angeles après les graves dégâts causés par ces incen- dies qui ont fait au moins 24 morts. Des quartiers entiers de la métropole de 3,8 millions d’habitants ont été dévorés par les feux qui font rage depuis mardi dernier, alors que les autorités ont indiqué que plus de 12.300 constructions ont été détruites ou endommagées. ■
L’ inflation au Royaume- Uni a ralenti à 2,5% en décembre, selon les données publiées par l'Of- fice national des statistiques, une aubaine pour le gouver- nement travailliste confronté, depuis une semaine, aux tur- bulences du marché financier. L'indice des prix à la consom- mation a été inférieur à celui de novembre (2,6%), tiré vers le bas par les prix de la restauration et de l'hôtelle- rie, alors que les analystes s'attendaient à ce que l'infla- tion reste stable. Une nouvelle bienvenue pour la ministre britannique des Finances,
Rachel Reeves, qui fait face à un début d'année difficile, marqué par un affaiblissement économique, une augmenta- tion du coût des emprunts publics et un recul inquiétant de la Livre sterling. En réaction à cette baisse de l'inflation, Reeves a indiqué qu'il reste encore du travail pour aider les familles à faire face au coût de la vie. « C'est pourquoi le gouvernement a pris des mesures pour pro- téger les travailleurs contre les hausses d'impôts, geler les taxes sur les carburants et augmenter le salaire minimum national », a-t-elle dit. ■
L e ratio dette/PIB de l'Éthiopie a baissé à 13,7%, suite à la mise en œuvre de la réforme macroéconomique globale, a annon- cé la ministre de la Planification et du Développement, Fitsum Assefa. Le ratio actuel de la dette par rap- port au PIB de l'Éthiopie est tombé à 13,7%, alors qu’il était supérieur à 30% avant la réforme, a précisé la ministre dont les propos ont été rapportés par l’agence de presse éthiopienne «ENA». Elle a par ailleurs souligné que la mise en œuvre de la réforme macroéconomique a amé- lioré l'environnement des services, des affaires et des investissements et a fait de l'économie numérique une réalité, notant que des efforts ont été déployés pour moderniser l'économie et l'ouvrir à la concurrence. La ministre a aussi relevé que la prio- rité a été donnée à l'agriculture, l'in- dustrie manufacturière, l'exploitation minière, le tourisme et à l'économie numérique pour les faire contribuer de manière égale au développement. ■
Japon
L e Japon a accueilli 36,87 millions de touristes étrangers en 2024, éta- blissant un nouveau record histo- rique, selon les données publiées mercredi par l'Organisation nationale du tourisme (JNTO). Ce chiffre, qui dépasse largement le pré- cédent sommet d'environ 31,88 millions atteint en 2019, s'explique notamment par la faiblesse du Yen, qui rend le Japon plus abordable comme destination touris- tique, ainsi que par la reprise des liaisons aériennes internationales après la pandé- mie de COVID-19, selon la même source. Pour le seul mois de décembre, près de 3,5 millions de touristes ont visité l'Archi- pel, un record mensuel inégalé. Les touristes chinois, deuxième groupe après les Coréens, ont largement contri- bué à cette forte hausse, avec près de 7 millions de visiteurs, soit presque le double de l’année précédente. Ce total reste néanmoins inférieur de 27,2% aux niveaux de 2019. ■ Plus de 36,8 millions de touristes étrangers en 2024, un record
Chine
3,4 billions USD d'exportations en 2024, en hausse de 7,1%
L e commerce extérieur chinois a affiché une solide perfor- mance en 2024, porté notamment par une hausse significa- tive des exportations qui ont progressé de 7,1% à 25.450 mil- liards de yuans (3.4 billions de dollars), selon les données publiées par l'Administration générale des douanes du pays. La dynamique à l'export a largement contribué à l'établissement d'un nouveau record des échanges commerciaux chinois, qui ont totalisé 43.850 milliards de yuans (5,9 billions USD), en hausse de
5% sur un an, indique la même source. Les importations ont, pour leur part, augmenté de 2,3% à 18.390 milliards de yuans (2,5 billions USD), ce qui a permis de dégager un excédent commercial de 7.100 milliards de yuans (968 milliards USD). Le port de Shanghai illustre ce dynamisme commercial en devenant le premier port au monde à traiter plus de 50 millions de conteneurs équivalent vingt pieds (EVP) sur une année, avec 51,5 millions d'unités traitées en 2024. ■
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BOURSE & FINANCES
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O Portée par un afflux de liquidités et un optimisme généralisé, le marché actions continue de voler de record en record. n croyait avoir tout écrit. La semaine dernière, on parlait déjà d’une «fusée boursière en orbite». Mais voilà que le Masi nous oblige à chercher de nouveaux superlatifs. Ce début d'année s’inscrit comme l’un des démarrages les plus spectacu- laires de l’histoire de la Bourse de Casablanca. Propulsé par un élan euphorique, l’indice conti- nue de pulvériser les records, et pour certains, il flirte même avec l’«irrationnel boursier». une étape historique en dépas- sant pour la première fois les 800 milliards de DH, pour atteindre 808,5 milliards. En un an seule- ment, ce sont 160 milliards de DH qui se sont ajoutés à la valo- risation du marché. Point Bourse Hebdo L'ivresse des sommets Par Y . Seddik
Evolution de l'indice Masi depuis début janvier 2024
En termes de flux, les chiffres de la semaine sont tout simplement remarquables. Les échanges ont atteint plus de 4,02 milliards de DH, principalement réalisés sur le marché central. Attijariwafa bank, toujours une valeur refuge pour les investisseurs, a capté 10,59% de ce volume, suivie de près par la nouvellement intro- duite CMGP Group (9,88%) et Marsa Maroc (7,6%). Les mêmes moteurs, toujours efficaces Rien de fondamentalement nouveau du côté des moteurs de cette ascension, mais leur efficacité reste redoutable. Les OPCVM (actions et diversifiés) continuent d’attirer des sous- criptions massives, tandis que les investisseurs particuliers,
TOP Performances
FLOP Performances
Rebab Company Involys Lesieur Cristal
-10%
+25,59% +23,21%
Fenie Brossette Zellidja S.A Managem
-3,81%
Cette deuxième semaine du mois de janvier s'est conclue sur une progression de 2,32% pour le Masi, qui termine à 15.875,76 points. Mieux encore, jeudi der- nier, l’indice a franchi pour la première fois la barre symbo- lique des 16.000 points, un seuil longtemps perçu comme hors d’atteinte. Certes, les prises de bénéfices l’ont légèrement rame- né en arrière, mais cela n’a pas entamé la dynamique : +7,46% depuis le début de l’année. Et ce n’est pas tout. La capitalisation boursière a, elle aussi, franchi
-3,47%
+15,86 %
rassurés par une année 2024 pro- lifique et le succès retentissant de la dernière IPO, n’hésitent pas à renforcer leurs positions. Le marché obligataire offre tou- jours une sérénité aux investis- seurs soucieux des niveaux de taux. Ce cocktail d’optimisme et de liquidités alimente une rota- tion sectorielle vigoureuse, où de nombreux dossiers revisitent des niveaux oubliés depuis des années ou inscrivent carrément
de nouveaux sommets histo- riques. Jusqu’où ira le Masi ? Pour l’ins- tant, rien ni personne ne semble pouvoir ralentir cette fusée. Les records tombent, les investis- seurs s’enthousiasment, et le marché continue de voler plus haut. À ce rythme, ce ne sont pas les superlatifs qui manqueront, mais peut-être l’oxygène à ces altitudes vertigineuses. Attention au mal des sommets ! ◆
BOURSE & FINANCES
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Réforme des retraites Les partenaires sociaux dans l’expectative L Ils attendent la présentation de la mouture du gouvernement pour avoir plus de visibilité. Les syndicats estiment que les changements ne doivent pas se faire aux dépens des salariés et que l’Etat doit assumer ses responsabilités quant au déficit accusé dans les caisses publiques. Par C. Jaidani a réforme des régimes de retraite figure parmi les grands chantiers du mandat de l’actuel gouvernement. 2025 sera une année cruciale pour entamer ce projet, car la pérennité de cer- taines caisses est menacée. Et les derniers résultats du recen- sement général de la population confirment une tendance vers le vieillissement de la popula- tion, accentué par la hausse de l’espérance de vie, la baisse du taux de fécondité et celui de la croissance démographique. Ces indicateurs interpellent les décideurs quant à l’ur-
entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Nous atten- dons la présentation des propo- sitions de l’exécutif pour avoir plus de visibilité et nous pronon- cer sur le projet. En attendant, il faut améliorer la gouvernance des caisses et lancer une ges- tion intelligente, moderne et effi- cace afin d’éviter les erreurs du passé», affirme Mostafa Hasni, responsable communication à la Confédération démocratique du travail (CDT). Pour sa part, Mohamed Zouiten, secrétaire général de l’Union nationale du travail (UNT), sou- ligne que «le gouvernement doit privilégier l’approche participa- tive englobant tous les parte- naires sociaux dans la réforme des systèmes de retraites, avant de soumettre la mouture finale du projet au Parlement. Certes, il a la majorité pour faire passer confortablement le projet de loi. Mais au-delà du volet législatif, il faut penser aux considérations sociales. Car ce texte concerne de nombreuses générations. A cet égard, il faut plus de trans- parence au niveau des discus- sions pour faire converger les points de vue» . Il ajoute que «la réforme des caisses de retraites publiques s’avère la plus dure à mener. A fin 2024, l’Etat emploie 570.970 fonctionnaires. 60% de cet effectif ont plus de 40 ans et 14% ne dépassent pas les 30 ans. Avec la digitalisation, de nombreux services publics sont devenus dématérialisés et du coup, le nombre de recrues est en perpétuelle baisse. Dans ce schéma, il est impossible de financer d’une façon équilibrée les retraites à terme. Il faut pen- ser à une nouvelle configuration, mais qui soit juste et équitable». Du côté de l’Union marocaine du travail (UMT), on soutient que «la mouture que le gouverne- ment compte adopter comme base de négociation ne répond pas aux aspirations de la classe des travailleurs. L’Etat doit assu- mer ses responsabilités, remé- dier aux dysfonctionnements des caisses de retraite et couvrir les déficits constatés». ◆
gence d’une telle réforme. Si les caisses de retraite du sec- teur privé présentent des fon- damentaux solides, celles du secteur public sont menacées. Ainsi, la Caisse marocaine des retraites (CMR) affiche un déficit technique de 9,8 milliards de DH. En l’absence de réformes, cette institution risque d’épuiser toutes ses réserves à l’horizon 2028. Selon la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, l’exécutif devrait pré- senter incessamment une nou- velle mouture qui devra jongler sur différents leviers, comme la hausse de l’âge de départ à la retraite, l’augmentation des coti- sations ou la baisse des pen- sions. Outre les recommandations
techniques des experts, l’avis des partenaires sociaux est indispensable pour arriver à un bon compromis. A l’image du projet de loi sur la grève, les négociations entre le gouvernement, les syndicats et la CGEM s’annoncent d’ores et déjà difficiles. «Nous sommes contre toute réforme qui se fait aux dépens des salariés et qui touche les acquis. La population des retrai- tés est la plus impactée par la baisse du pouvoir d’achat et la mauvaise conjoncture. Une mou- ture imposée risque de générer une grogne sociale. La réforme des retraites accuse déjà beau- coup de retard. Elle aurait dû être initiée dès la signature de l’accord, conclu en avril dernier, dans le cadre du dialogue social
Il faut améliorer la gouvernance des caisses et lancer une gestion intelligente, moderne et efficace afin d’éviter les erreurs du passé.
La réforme des retraites doit prendre en considération les changements démographiques constatés au sein de la population marocaine.
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Bourse Les particuliers en force, les institutionnels à l’affût
croissance du PIB aurait atteint 3% au quatrième trimestre 2024 et devrait s’accélérer à +3,5%, au premier trimestre 2025, notam- ment si les conditions clima- tiques s’orientent vers un régime plus pluvieux pendant la saison hivernale, avec des niveaux plu- viométriques proches des nor- males saisonnières. Selon le HCP, hors agriculture, la croissance de l’activité conti- nuerait de dépasser les rythmes tendanciels post-Covid, mais se réajusterait progressivement, pour atteindre 3,7% et 3,5% respectivement au quatrième trimestre 2024 et au premier tri- mestre 2025.
Le marché actions connait l’un des meilleurs démarrages de l’année. Qui achète et pourquoi ?
Par A. Hlimi
Les particuliers actifs en Bourse
Outre la bonne tenue de la macro, la participation des particuliers explose, portée par la dynamique de plusieurs introductions en Bourse (IPO) récentes, lesquelles suscitent un fort engouement pour de nouveaux titres. À cela s’ajoute l’impact de l’amnistie sur le cash, qui renforce les liquidités disponibles pour l’investissement et contribue à doper temporaire- ment les volumes d’échanges. Face à cet afflux de capitaux, les valorisations des entreprises commencent à paraître élevées pour certains analystes. Toutefois, le marché pourrait continuer de bénéficier d’un momentum posi- tif au cours des prochains tri- mestres, sous réserve que les conditions macroéconomiques restent stables et que les résul- tats des entreprises répondent aux attentes. Le principal risque de correc- tion proviendrait d’un éventuel rebond de l’inflation, stimulé par des tensions géopolitiques ou une flambée des prix de l’énergie. Des profits d’entreprises infé- rieurs aux prévisions pourraient également décevoir les investis- seurs, provoquant une certaine prise de bénéfices. Mais en attendant, la Bourse de Casablanca se trouve indé- niablement dans une séquence haussière, portée par le regain de confiance de l’ensemble des acteurs de marché. ◆
Le reflux de l’inflation et la baisse du taux directeur de la Banque centrale offrent un contexte technique favorable.
L
a Bourse de Casablanca a démarré l’année 2025 sur les chapeaux de roue. Avec un gain d’environ 8% dès la première semaine de janvier, le marché actions signe l’un de ses meil- leurs débuts annuels de l’his- toire. Cette envolée s’observe à l’échelle de presque tous les secteurs et reflète pour beau- coup de secteurs des fondamen- taux macroéconomiques solides, conjugués à une confiance éle- vée des investisseurs. Le reflux de l’inflation et la baisse du taux directeur de la Banque centrale offrent un contexte technique favorable. Les inves- tisseurs institutionnels au sens large - compagnies d’assurances, caisses de retraite et autres ges- tionnaires d’actifs - n’hésitent plus à augmenter leur expo- sition aux actions, séduits par des perspectives de croissance
plus favorables et des rende- ments obligataires appelés à se compresser. Dans le jargon, les opérateurs parlent de «flux» favo- rables à l’action. Il suffit de regar- der les souscriptions en OPCVM actions et diversifiés depuis mi- décembre pour remarquer cet appétit grandissant. Outre l’inflation et la politique monétaire, c’est toute la macro qui est dans une bonne dyna- mique depuis le début de l’au- tomne. A en croire le HCP, après une première moitié d’année au ralenti, l’économie nationale a fait preuve d’une forte capacité de rebond au troisième trimestre. Cette relance, portée par une vive et concomitante progression de la demande intérieure et extérieure, a été confirmée par les dernières enquêtes de conjoncture, avec une hausse des taux d’utilisa- tion des capacités productives et
une amélioration quasi-générale de l’activité des branches secon- daires et tertiaires marchandes. Les services ont également connu un sensible mouvement d’accélé- ration, soutenu par une progres- sion de 3,8%, grâce notamment à l’affermissement de la demande intérieure. La consommation des ménages s’est affermie, affichant une hausse de 3,9% au troisième trimestre 2024, et la croissance de l’investissement s’est accélé- rée, pour atteindre 13,5%. Cela s’est traduit par un effort soutenu d’équipement des entreprises privées pour le remplacement et la modernisation de leur appareil productif, ainsi qu’un renforce- ment des projets d’infrastructure. Ainsi, l'économie nationale devrait retrouver plus de dyna- misme début 2025, après une modération de sa croissance à la fin de 2024. En rythme annuel, la
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Akdital On prend les mêmes et on recommence
2026, soit encore une moyenne de 10 nouvelles cliniques par an. Outre les indicateurs financiers, 2025 sera également une année d'expansion avec dix nouveaux établissements prévus dans des villes stratégiques telles que Guelmim, Rabat, Nador, Oujda et Inzegane. À travers ces ouver- tures, le Groupe ajoutera égale- ment 900 lits à sa capacité litière, renforçant ainsi son engagement à améliorer l'accès aux soins. «Ces projets illustrent l'ambition du Groupe de renforcer sa pré- sence nationale et d'assurer une meilleure accessibilité aux soins pour tous les Marocains» , com- mente le management. L’année 2025 sera également celle du développement du pro- jet Anfa Prime à Casablanca, un projet pionnier qui révolution- nera l’offre de soins pour les Marocains. Anfa Prime intégre- ra les dernières innovations en matière de technologies médi- cales, d’infrastructures modernes et de services personnalisés. Côté rentabilité, le consen- sus marché table sur un chiffre d’affaires dépassant les 4 mil- liards de dirhams en 2025, soit le double des revenus anticipés pour fin 2024. Le Résultat net part du groupe (RNPG) pourrait, quant à lui, dépasser les 400 millions de dirhams pour la première fois cette année. ◆
Après une année 2024 riche en ouvertures, le groupe Akdital entame 2025 avec l’ambition de consolider son maillage par une nouvelle série d'ouvertures dans des régions stratégiques.
Par A. Hlimi
O
Rochdi Talib, PDG d'Akdital
n ne change pas une équipe qui gagne. Ni une stratégie d'ailleurs. Et c'est la conviction du PDG de Akdital, Rochdi Talib, champion du Maroc et d'Afrique en 2024 avec deux records : ceux du plus grand nombre d’ouvertures sur 12 mois dans le Royaume et sur le continent. Le Groupe a en effet significativement élargi sa capacité litière, faisant passer le nombre de lits de 2.300 en 2023 à plus de 3.700 fin 2024. «Cette expansion a pour objectif d’accompagner la réforme et la restructuration du système natio- nal de santé, initiées par le Roi Mohammed VI, et d’améliorer l’accessibilité aux soins, garantis- sant ainsi à chaque patient l’ac- cès à des services de santé de qualité à travers tout le territoire national», se félicite le manage- ment. Le groupe dispose désormais
de 33 structures à travers le Royaume. Ce développement, en nette progression par rapport aux 5 ouvertures réalisées en 2023, reflète une accélération qui devrait perdurer cette année. 2025, une année de retour sur investissement Après un cycle soutenu d’inves- tissement accéléré depuis l’intro- duction en Bourse, 2025 devrait marquer une première inflexion favorable de la dette nette. La société compte stabiliser ses indicateurs bilanciels et réduire sa dette nette, grâce à la montée en charge des cliniques déjà opé- rationnelles. «Les fruits du plan de développement seront cueil- lis au cours de l’année 2025», expliquaient les analystes de Société Générale en commentant l’augmentation de capital de l’été dernier. A noter que le plan d'ou-
vertures prévoit d'atteindre 56 établissements au Maroc d'ici fin
L'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) vient de publier les déclarations mensuelles du mois de décembre 2024 relatives au programme de rachat par les sociétés cotées de leurs propres actions. Ainsi, BCP a acheté 80.912 actions dans le cadre du programme de rachat (PR) et du contrat de liquidité (CL) au cours moyen pondéré de 299,25 dirhams, et a cédé 1.354.100 actions au cours moyen pondéré de 280,23 dirhams, fait savoir l'AMMC. A la fin du mois de décembre dernier, le nombre d'actions déte- nues par BCP s'est situé à 107.884 actions. De son côté, Maroc Telecom a procédé, sur le marché marocain, à l'achat de 228.558 actions au cours moyen pondéré de 84,25 dirhams, et à la vente de 106.548 actions au cours moyen pon- déré de 85,04 dirhams. Maroc Telecom détient encore 340.510 actions sur le marché marocain. La situation au mois de décembre 2024 Programmes de rachat
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L'écosystème startup marocain est en croissance,
mais son potentiel est limité par la taille du marché intérieur, un manque d'intégration régionale et des réglementations qui freinent l'innovation.
qui ont dominé les investisse- ments en Afrique - fintech et énergie avec 70% du finan- cement total levé - ont repré- senté à peine plus de 10% des investissements au Maroc. Agriculture, éducation et logis- tique ont attiré plus de finance- ment en 2023, après une année 2022 marquée par le poids du Retail (Chari…) qui avait attiré 50% du capital levé». Des opportunités freinées par des verrous structurels Le secteur de la fintech, loco- motive des levées en Afrique, illustre les ambiguïtés du mar- ché marocain. Avec un taux de bancarisation avoisinant les 60%, le Maroc se positionne entre deux eaux : trop dévelop- pé pour offrir des marges de croissance exponentielle, mais pas assez mature pour attirer des investisseurs habitués aux standards européens. «Nous avons un système finan- cier robuste, mais très conser- vateur. Cela limite l’émer- gence d’acteurs innovants capables de challenger les lea- ders actuels», analyse notre expert. Il ajoute que ce constat dépasse la seule fintech : des secteurs comme la mobilité urbaine, la santé numérique ou encore les drones se heurtent également à des réglementa- tions strictes qui freinent l’in- novation.
Startups Le Maroc peut-il rivaliser avec les géants africains ?
«Bien que les levées de fonds aient quadruplé en un an, il doit encore combler un écart significatif avec les «Big Four» africains et se méfier de la concurrence d'économies émergentes. L'État a un rôle crucial à jouer en devenant un client stratégique des startups locales et en réformant les réglementations pour favoriser l'innovation.
L
Par Y. Seddik
es levées de fonds des startups marocaines en 2024 marquent une forte croissance: avec 70 millions de dollars collectés, le Royaume grimpe à la 5ème place du continent africain, selon le rapport Africa: The Big Deal. Un bond remarquable comparé aux 17 millions de dollars levés en 2023, qui témoigne d’une certaine matu- rité de l’écosystème marocain. Mais derrière les chiffres flat- teurs, un constat s’impose : le Maroc reste distancé par les « Big Four» (Afrique du Sud, Nigéria, Égypte et Kenya) et voit se rapprocher des écono- mies plus modestes comme le
Ghana et la Tanzanie. En l’espace d’un an, le Maroc a multiplié par quatre les capi- taux injectés dans ses startups. Cette performance exception- nelle dans un contexte conti- nental en repli (-25% en 2024), n’est pas le fruit du hasard. Des initiatives comme le pro- gramme Innov Invest, porté par Tamwilcom, ont permis de structurer un réseau d’investis- seurs locaux. Désormais, une dizaine de fonds actifs opèrent sur le marché contre une poi- gnée il y a dix ans. Pour autant, le Maroc reste loin de rivaliser avec les «Big Four» , dont les écosystèmes captent
des montants astronomiques. «La taille limitée du marché marocain et son faible degré d’intégration régionale freinent son attractivité pour les inves- tisseurs internationaux», nous explique un profession- nel du secteur. Selon lui, les secteurs porteurs comme la fintech ou la climatech, qui attirent massivement les fonds sur le continent, sont encore insuffisamment développés au Maroc. D’ailleurs, Max Cuvellier Giacomelli, co-fonda- teur de la plateforme Africa : the Big Deal, nous expliquait il y a quelques semaines «qu’en 2022 et 2023, les deux secteurs
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De plus, le premier client poten- tiel des startups, l’État, n’intègre pas suffisamment ces acteurs dans ses mécanismes. «Les star- tups marocaines pourraient large- ment répondre aux besoins tech- nologiques locaux, mais elles se retrouvent souvent mises à l’écart au profit de fournisseurs étran- gers» , regrette le professionnel. Un horizon fragilisé par des choix limités Malgré sa progression remar- quable, le Maroc reste en retrait lorsqu'il s'agit d'attirer les méga- investissements qui caractérisent les Big 4. «Les financements entre 15 et 50 millions de dirhams sont une zone grise : trop petits pour les fonds de Private equity locaux et trop grands pour les fonds de capital-risque. Cela freine les star- tups qui veulent franchir un cap» , souligne l’expert. Pour attirer des fonds internatio- naux capables de miser sur des projets ambitieux, le Maroc devra également renforcer son inté- gration régionale. « Se position- ner comme un hub pour l’Afrique de l’Ouest offrirait une perspec- tive plus large aux investisseurs» , explique-t-il, tout en ajoutant que cela nécessitera des efforts straté- giques majeurs. L’internationalisation des levées de fonds, l’arrivée de nouveaux fonds publics et privés et l’augmentation des tickets d’investissement pour les startups matures sont autant de signaux encourageants pour 2025. Mais, « ces dynamiques doivent être accompagnées par une réforme structurelle. Sans cela, nous ris- quons de nous limiter à des avan- cées ponctuelles» , avertit l’expert. Il souligne également l’importance d’une commande publique plus proactive. «Si l’État devient un client stratégique des startups locales, cela pourrait transformer l’écosys- tème. Mais cela suppose une volon- té politique forte et une refonte des mécanismes actuels» , conclut-il. Quoiqu’il en soit, la progression du Maroc dans le classement des levées de fonds africaines est un signe encourageant, mais insuffi- sant. Le potentiel existe, mais il doit être activé par une politique cohé- rente, audacieuse et tournée vers
Maroc a des atouts qui peuvent lais- ser espérer une dynamique positive sur le plus long terme. Citons par exemple sa position géographique et stratégique qui peut lui permettre de prétendre à des investissements de la part d’acteurs africains, euro- péens et moyen-orientaux; la force de sa diaspora; et l’implantation locale d’investisseurs tels que UM6P Ventures, AfriMobility ou Outlierz Ventures». ◆
«Nous avons un système financier robuste, mais très conservateur. Cela limite l’émergence d’acteurs innovants capables de challenger les leaders actuels».
l’avenir. «Les startups marocaines ne manquent pas d’idées ou de talent, mais elles ont besoin d’un environnement qui favorise l’expé-
rimentation et l’accès à des finan- cements adaptés», résume notre professionnel. Pour Max Cuvellier Giacomelli, «le
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Le Maroc veut faire passer la part du dessalement dans l’approvisionnement en eau potable de 4% aujourd’hui à 40% d’ici 2030.
Dessalement de l’eau de mer
gnant la gravité de la situation et la nécessité d’une réponse immédiate et ambitieuse. Cette ambition se traduit par un plan colossal visant à faire évoluer la structure de la four- niture en eau potable, qui est actuellement assurée à hau- teur de 4% par le dessale- ment, 67% par les barrages et eau de surface et 29% par les puits et eaux souterraines. L’objectif est de faire passer la part du dessalement dans l’approvisionnement en eaux potable de 4% aujourd’hui à 40% d’ici 2030, avec une capacité de production totale qui atteindra 1,7 milliard de mètres cubes d’eau dessalée par an. Une ambition d’ailleurs confirmée, samedi dernier, par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, lors de la session ordinaire du Conseil national du Rassemblement national des indépendants. «Nous continuerons à renfor- cer l'infrastructure en ache- vant la construction de 15 grands barrages, en accélé- rant le rythme du programme de connexion des bassins hydrauliques et en mettant en
manière proactive, en diver- sifiant ses sources d’approvi- sionnement. La construction de barrages, longtemps pilier de la politique hydraulique du Royaume, se complète désormais par un recours croissant aux ressources non conventionnelles, à commen- cer par le dessalement de l’eau de mer. Ce virage stra- tégique, amorcé sous l’im- pulsion directe du Souverain, a pour ambition d’assurer la pérennité de l’accès à l’eau potable, tout en réduisant la pression sur les nappes sou- terraines. La vision royale repose sur un constat lucide : la rareté de l’eau est une problématique mondiale, mais le Maroc, en raison de sa position géogra- phique, en subit de plein fouet les conséquences. «L’un des défis majeurs auxquels est confronté notre pays est la problématique de l’eau, qui ne cesse de se complexifier du fait de la sécheresse, de l’impact du changement cli- matique et de la croissance naturelle de la demande», déclarait le Roi dans son der- nier discours du Trône, souli-
www.fnh.ma epuis six années consécu- tives, le Maroc fait face à une sécheresse d’une rare inten- sité, un phénomène aggravé par le dérèglement clima- tique. Les nappes phréatiques s’amenuisent, les barrages affichent des taux de remplis- sage préoccupants (28,2% Actuellement, le Royaume compte 15 stations de dessalement opérationnelles, produisant 192 Mm 3 /an, dont plus de 80 Mm 3 principalement destinés à l'eau potable. Par D. William D Un rempart contre le déficit hydrique Face à une sécheresse structurelle qui s’est intensifiée ces dernières années, le Maroc a initié un ambitieux programme de dessalement de l’eau de mer, porté par la vision royale qui place la gestion de l’eau au cœur des priorités nationales. seulement au 15 janvier 2025) et la demande en eau potable ne cesse de croître, particu- lièrement dans les grandes métropoles. Le stress hydrique est devenu une réalité structurelle. Face à cette situation critique, le Maroc a choisi d’agir de
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