FNH N° 1180

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 JANVIER 2025

 L'écosystème startup marocain est en croissance,

mais son potentiel est limité par la taille du marché intérieur, un manque d'intégration régionale et des réglementations qui freinent l'innovation.

qui ont dominé les investisse- ments en Afrique - fintech et énergie avec 70% du finan- cement total levé - ont repré- senté à peine plus de 10% des investissements au Maroc. Agriculture, éducation et logis- tique ont attiré plus de finance- ment en 2023, après une année 2022 marquée par le poids du Retail (Chari…) qui avait attiré 50% du capital levé». Des opportunités freinées par des verrous structurels Le secteur de la fintech, loco- motive des levées en Afrique, illustre les ambiguïtés du mar- ché marocain. Avec un taux de bancarisation avoisinant les 60%, le Maroc se positionne entre deux eaux : trop dévelop- pé pour offrir des marges de croissance exponentielle, mais pas assez mature pour attirer des investisseurs habitués aux standards européens. «Nous avons un système finan- cier robuste, mais très conser- vateur. Cela limite l’émer- gence d’acteurs innovants capables de challenger les lea- ders actuels», analyse notre expert. Il ajoute que ce constat dépasse la seule fintech : des secteurs comme la mobilité urbaine, la santé numérique ou encore les drones se heurtent également à des réglementa- tions strictes qui freinent l’in- novation.

Startups Le Maroc peut-il rivaliser avec les géants africains ?

«Bien que les levées de fonds aient quadruplé en un an, il doit encore combler un écart significatif avec les «Big Four» africains et se méfier de la concurrence d'économies émergentes. L'État a un rôle crucial à jouer en devenant un client stratégique des startups locales et en réformant les réglementations pour favoriser l'innovation.

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Par Y. Seddik

es levées de fonds des startups marocaines en 2024 marquent une forte croissance: avec 70 millions de dollars collectés, le Royaume grimpe à la 5ème place du continent africain, selon le rapport Africa: The Big Deal. Un bond remarquable comparé aux 17 millions de dollars levés en 2023, qui témoigne d’une certaine matu- rité de l’écosystème marocain. Mais derrière les chiffres flat- teurs, un constat s’impose : le Maroc reste distancé par les « Big Four» (Afrique du Sud, Nigéria, Égypte et Kenya) et voit se rapprocher des écono- mies plus modestes comme le

Ghana et la Tanzanie. En l’espace d’un an, le Maroc a multiplié par quatre les capi- taux injectés dans ses startups. Cette performance exception- nelle dans un contexte conti- nental en repli (-25% en 2024), n’est pas le fruit du hasard. Des initiatives comme le pro- gramme Innov Invest, porté par Tamwilcom, ont permis de structurer un réseau d’investis- seurs locaux. Désormais, une dizaine de fonds actifs opèrent sur le marché contre une poi- gnée il y a dix ans. Pour autant, le Maroc reste loin de rivaliser avec les «Big Four» , dont les écosystèmes captent

des montants astronomiques. «La taille limitée du marché marocain et son faible degré d’intégration régionale freinent son attractivité pour les inves- tisseurs internationaux», nous explique un profession- nel du secteur. Selon lui, les secteurs porteurs comme la fintech ou la climatech, qui attirent massivement les fonds sur le continent, sont encore insuffisamment développés au Maroc. D’ailleurs, Max Cuvellier Giacomelli, co-fonda- teur de la plateforme Africa : the Big Deal, nous expliquait il y a quelques semaines «qu’en 2022 et 2023, les deux secteurs

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