FNH N° 1180

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 JANVIER 2025

la population, continue d’être le talon d’Achille de l’écono- mie. Fragilisé par des séche- resses récurrentes, des coûts élevés, des problèmes d’accès aux marchés internationaux et une productivité historiquement faible, il n’a pas réussi à remplir son rôle de levier de croissance. C’est pourquoi l’économiste Youssef Guerraoui souligne «l’urgence de revoir les méca- nismes et les hypothèses à la base de l’élaboration des Lois de Finances pour les années à venir. Continuer à fonder les prévisions économiques sur des hypothèses liées à la récolte céréalière et aux précipita- tions semble aujourd’hui obso- lète. Il est temps de changer d’approche et de se concen- trer davantage sur des secteurs productifs comme l’industrie, le tourisme et les services». Pourtant, des opportunités existent pour améliorer la pro- ductivité du secteur agricole. Les experts appellent à une révolution technologique dans ce secteur, en misant sur l’irri- gation intelligente, l’introduc- tion de drones et l’utilisation de semences adaptées au change- ment climatique, dont l’exemple probant est celui de l’OCP Nutricorps. Mais au-delà des innovations technologiques, le véritable défi réside dans la création d’une classe moyenne rurale, selon la vision royale, qui est de pro- mouvoir l’émergence de cette classe dans le secteur agricole. Pour le professeur en économie Hassan Edman, cette ambition « est encore très loin, la prio- rité actuellement étant d’assu- rer des sources de revenus pérennes aux petits agriculteurs et à la population rurale dému- nie». A l’évidence, 2025 est une année charnière. Reste à savoir si les 4,6% de croissance pré- vus marqueront enfin le début d’une dynamique plus ver- tueuse, portée par des réformes structurelles profondes et une gestion budgétaire plus inclu- sive, ou s’il ne s’agira que d’un mirage statistique de plus. ◆

 Le Maroc a bénéficié d’une dynamique fiscale solide avec une hausse des recettes de 12% à fin novembre 2024, selon le ministère de l’Economie et des Finances.

Conjoncture 2024, une année charnière pour l’économie nationale

La conjoncture mondiale, mar- quée par des tensions géopoli- tiques entre grandes puissances, notamment les principaux approvisionneurs de l’économie mondiale, n’a fait qu’accentuer la vulnérabilité d’une économie marocaine toujours dépendante de ses partenaires européens. Sur le plan budgétaire, le Maroc a bénéficié d’une dynamique fis- cale solide, avec une hausse des recettes de 12% à fin novembre L Malgré des efforts d’investissement public et une dynamique fiscale positive, l’année 2024 a révélé les limites du modèle de croissance marocain, marqué par des défis structurels persistants et un secteur agricole toujours fragile. 2025 amorcera-t-elle enfin un tournant vers une croissance plus inclusive ? Par Désy M. 2024, selon le ministère de l’Eco- nomie et des Finances. Cette manne provient principalement des réformes récentes, notam- ment l’intégration de plus en plus d’activités informelles dans le circuit formel, la révision de la TVA et l’imposition accrue sur les carburants via la taxe inté- rieure de consommation (TIC). Cependant, derrière ces chiffres se cache une autre réalité : l’éco- nomie marocaine peine à géné- rer une croissance inclusive, indispensable pour répondre aux attentes sociales croissantes. ’

année 2024 s’est achevée sur une note contrastée pour l’éco- nomie marocaine. Si certains indicateurs montrent des signes encourageants, le bilan général reste dominé par des défis struc- turels (internes et importés) et des tensions sociales amplifiées par des déséquilibres record au niveau du marché du tra- vail (chômage) et du marché des biens et services (inflation), avec une croissance économique en berne, plafonnée à moins de 3%. En dépit d’un effort pour mobili- ser des investissements publics massifs évalués à 340 milliards de dirhams injectés dans des projets d’infrastructures, l’impact sur la croissance et sur la pros- périté sociale reste limité.

Fragilisé par des sécheresses récurrentes, le secteur agricole n’a pas réussi à remplir son rôle de levier de croissance.

Le secteur agricole, levier de croissance ? Le secteur agricole, pourvoyeur d’emploi à près de 40% de

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