FNH N° 1180

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 JANVIER 2025

possibilité d’influer plus effica- cement sur sa propre destinée et de peser sur les grandes orientations des politiques publiques nationales, en consa- crant enfin le modèle de gou- vernance territoriale voulu et appelé de ses vœux par notre Souverain. F.N.H. : Comment ren- forcer l’intégration des PME marocaines dans les chaînes de valeur indus- trielles afin de maximiser leur impact sur l’écono- mie nationale et favoriser une croissance inclusive ? K. D. : Les PME-PMI les plus astucieuses doivent trouver refuge dans des marchés de niche porteurs, sans entrer dans une guerre acharnée dans des métiers où la concurrence est sauvage et les faillites nom- breuses. Pour qu’une entre- prise ou une industrie de petite taille puisse aujourd’hui grandir assez vite (blitzscaling - accrois- sement très rapide ne permet- tant pas à la concurrence de nous éjecter d’un marché nais- sant-), elle doit recourir à de nouveaux moyens de marketer intelligemment son concept, son produit ou son service, ou les trois à la fois, pour faire assez vite d’un concept ou d’une idée, une marque bien perçue par le grand public. Contrairement à ce que beau- coup de nouveaux entrepre- neurs dans le monde des affaires pourraient penser, atteindre la taille critique, c’est- à-dire la capacité optimale nécessaire à la pérennité d’une entreprise, n’est plus l’objectif principal aujourd’hui. Augmenter de manière signifi- cative notre volume d’affaires et étendre notre territoire d’ac- tion, dans l’espoir de gagner en marge stratégique, d’accroître notre impact commercial, notre capacité d’innovation et, en fin de compte, notre rentabilité, tout en préservant notre indé- pendance capitalistique, est devenu un défi de taille. Si l’on veut en outre pouvoir se faire une place de choix dans

 Avec 2,7 milliards de dollars d’exportations en 2023, l’industrie aéronautique devrait voir son chiffre d’affaires doubler d’ici 2030, avec un taux d’intégration locale estimé à 40%.

Afin de favoriser l’investisse- ment régional utile, il est donc logique de compter sur les atouts géographiques et le capital immatériel dont jouit chaque région. La décentralisation doit per- mettre aux communautés locales ou aux régions de s’occuper des affaires d’inté- rêt public local, pour laisser le centre s’occuper d’affaires à caractère public national. Le pouvoir central doit donc reconnaître des compétences particulières à des corps inter- médiaires pour que les régions s’auto-administrent sur cer- taines questions d’intérêt public, régional et local. Bien entendu, il revient à chaque région, au travers de son Schéma d’aménagement du territoire / planification ter- ritoriale stratégique (SRAT) et de son Plan de développement régional (PDR), en cohérence avec les objectifs étatiques, de définir ses priorités en termes d’axes de développement éco- nomiques et sociaux, en tenant compte de ses atouts, de ses moyens et des objectifs qu’elle veut atteindre dans des cadres calendaires déclarés. D’un modèle de gouvernance traditionnellement vertical (top down) et en silos (sectoriel), la région bien administrée aura la

nal de l’eau, et par l’OCP pour renforcer la productivité agri- cole africaine dans lesquelles se trouvent toujours 60% des terres agricoles non exploi- tées à l’échelle mondiale; il est important de le rappeler. Tous ces secteurs sont straté- giques, et il ne faut pas oublier l’essor du Big Pharma au Maroc, avec 33 sites de pro- duction sur notre sol. Le gazo- duc Nigeria-Maroc, le Morocco UK Power Project ou le tunnel Maroc-Espagne pourraient en outre avoir des retombées éco- nomiques inédites pour les par- tenaires stratégiques du Maroc. F.N.H. : Dans le cadre de la régionalisation avan- cée, quelles opportunités spécifiques les régions marocaines peuvent-elles exploiter pour mettre en place des pôles indus- triels compétitifs et attirer des investissements ? K. D. : En ce qui concerne la régionalisation avancée, pla- cée sous le haut patronage de Sa Majesté, que Dieu l’assiste, l’heure est à l’opérationna- lisation de ce grand chantier

structurant pour les 12 régions qui composent la mosaïque sociale, culturelle et écono- mique marocaine. Les deuxièmes assises de la régionalisation tenues récem- ment à Tanger ont bien sou- ligné le caractère d’urgence que revêt la finalisation de ce dossier stratégique pour notre pays, des points de vue de la charte de déconcentration et de la définition précise des compétences restant dans le giron du pouvoir administratif de Rabat, de celles dévolues aux 12 régions du Royaume. Pourquoi cette opérationnalisa- tion à pied d’œuvre de la régio- nalisation avancée ? Est-elle si importante pour le développe- ment accéléré de notre pays? La réponse réside dans le fait que l’une des compétences propres aux régions est celle de travailler assidûment sur l’at- tractivité territoriale et l’attrait d’investissements productifs, c’est-à-dire en substance, ceux capables de créer des emplois stables et pérennes. Ensuite, il faut bien savoir que les élus des Conseils de régions ont une connaissance très pointue en termes de besoins des communautés locales, et des atouts spécifiques dont jouissent leurs régions respec- tives.

Les dirigeants étatiques doivent continuer à œuvrer efficacement dans le scellement de partenariats stratégiques.

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