BOURSE & FINANCES
7
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 JANVIER 2025
Réforme des retraites Les partenaires sociaux dans l’expectative L Ils attendent la présentation de la mouture du gouvernement pour avoir plus de visibilité. Les syndicats estiment que les changements ne doivent pas se faire aux dépens des salariés et que l’Etat doit assumer ses responsabilités quant au déficit accusé dans les caisses publiques. Par C. Jaidani a réforme des régimes de retraite figure parmi les grands chantiers du mandat de l’actuel gouvernement. 2025 sera une année cruciale pour entamer ce projet, car la pérennité de cer- taines caisses est menacée. Et les derniers résultats du recen- sement général de la population confirment une tendance vers le vieillissement de la popula- tion, accentué par la hausse de l’espérance de vie, la baisse du taux de fécondité et celui de la croissance démographique. Ces indicateurs interpellent les décideurs quant à l’ur-
entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Nous atten- dons la présentation des propo- sitions de l’exécutif pour avoir plus de visibilité et nous pronon- cer sur le projet. En attendant, il faut améliorer la gouvernance des caisses et lancer une ges- tion intelligente, moderne et effi- cace afin d’éviter les erreurs du passé», affirme Mostafa Hasni, responsable communication à la Confédération démocratique du travail (CDT). Pour sa part, Mohamed Zouiten, secrétaire général de l’Union nationale du travail (UNT), sou- ligne que «le gouvernement doit privilégier l’approche participa- tive englobant tous les parte- naires sociaux dans la réforme des systèmes de retraites, avant de soumettre la mouture finale du projet au Parlement. Certes, il a la majorité pour faire passer confortablement le projet de loi. Mais au-delà du volet législatif, il faut penser aux considérations sociales. Car ce texte concerne de nombreuses générations. A cet égard, il faut plus de trans- parence au niveau des discus- sions pour faire converger les points de vue» . Il ajoute que «la réforme des caisses de retraites publiques s’avère la plus dure à mener. A fin 2024, l’Etat emploie 570.970 fonctionnaires. 60% de cet effectif ont plus de 40 ans et 14% ne dépassent pas les 30 ans. Avec la digitalisation, de nombreux services publics sont devenus dématérialisés et du coup, le nombre de recrues est en perpétuelle baisse. Dans ce schéma, il est impossible de financer d’une façon équilibrée les retraites à terme. Il faut pen- ser à une nouvelle configuration, mais qui soit juste et équitable». Du côté de l’Union marocaine du travail (UMT), on soutient que «la mouture que le gouverne- ment compte adopter comme base de négociation ne répond pas aux aspirations de la classe des travailleurs. L’Etat doit assu- mer ses responsabilités, remé- dier aux dysfonctionnements des caisses de retraite et couvrir les déficits constatés». ◆
gence d’une telle réforme. Si les caisses de retraite du sec- teur privé présentent des fon- damentaux solides, celles du secteur public sont menacées. Ainsi, la Caisse marocaine des retraites (CMR) affiche un déficit technique de 9,8 milliards de DH. En l’absence de réformes, cette institution risque d’épuiser toutes ses réserves à l’horizon 2028. Selon la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, l’exécutif devrait pré- senter incessamment une nou- velle mouture qui devra jongler sur différents leviers, comme la hausse de l’âge de départ à la retraite, l’augmentation des coti- sations ou la baisse des pen- sions. Outre les recommandations
techniques des experts, l’avis des partenaires sociaux est indispensable pour arriver à un bon compromis. A l’image du projet de loi sur la grève, les négociations entre le gouvernement, les syndicats et la CGEM s’annoncent d’ores et déjà difficiles. «Nous sommes contre toute réforme qui se fait aux dépens des salariés et qui touche les acquis. La population des retrai- tés est la plus impactée par la baisse du pouvoir d’achat et la mauvaise conjoncture. Une mou- ture imposée risque de générer une grogne sociale. La réforme des retraites accuse déjà beau- coup de retard. Elle aurait dû être initiée dès la signature de l’accord, conclu en avril dernier, dans le cadre du dialogue social
Il faut améliorer la gouvernance des caisses et lancer une gestion intelligente, moderne et efficace afin d’éviter les erreurs du passé.
La réforme des retraites doit prendre en considération les changements démographiques constatés au sein de la population marocaine.
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker