Finances News Hebdo N° 1066

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BOURSE & FINANCES

JEUDI 19 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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leurs intérêts, Mario Draghi sou- met l’idée d’un cartel des ache- teurs, qui inclurait l’Europe et les Etats-Unis, voire d’autres grands consommateurs. Il fonctionnerait de la même façon que l’OPEP pour établir un contrepoids à l’organisation historique : aligner les positions des membres, en vue d’optimiser leurs intérêts. On peut imaginer que ce groupement annoncerait à l’avance la quan- tité et le prix auquel il est prêt à acheter la production des pays exportateurs. Mais pour qu’un tel cartel fonctionne correctement, il devrait inclure les deuxième et troisième plus grands consom- mateurs de pétrole au monde, que sont la Chine et l’Inde. Et pour l’instant, les positions prises par ces deux pays vis-à-vis de la Russie témoignent d’un désa- lignement stratégique notable. Il serait dès lors très étonnant de les voir s’allier sur ce terrain. Au contraire, le suivi du fret maritime fait état de plusieurs cargos qui rassemblent les barils de pétrole russe en Europe pour les rediri- ger vers l’Asie. En effet, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Europe ont annoncé arrêter leurs achats de pétrole russe, celui-ci trouve preneur ailleurs. Les raffi- neurs chinois et indiens achètent la production russe à un prix très en dessous du marché; on parle même d’une remise de 35 dollars par baril ! Difficile d’envisager dans cette situation, un aligne- ment entre les intérêts chinois, indiens et occidentaux, même si en réalité tous profiteraient à long terme d’un véritable cartel des acheteurs. Du côté des produits agricoles, le blé, qui est très suivi en rai- son des risques pour l’approvi- sionnement mondial posé par la guerre en Ukraine, a vu son cours flamber de +52% (après un pic de +93% enregistré début mars). Ces risques vont croissants, avec l’exemple de grands pays comme l’Inde qui interdisent dorénavant toute exportation de blé, de peur d’en manquer. Dans ce contexte, il faut repen-

ser son portefeuille en termes d’allocation sectorielle. En effet, les performances sont très diver- gentes d’un secteur à l’autre : les actions des entreprises des pro- duits de consommation de base sont stables, alors que les mar- chés chutent, et les actions du secteur énergétique progressent de +45%. Il faut privilégier les

secteurs les moins impactés, marqués par une demande iné- lastique. Il faut également privilé- gier le stock picking, en saisissant l’occasion de faire de l’investis- sement dans la valeur. Les ratios de PER sont très variables sur un même marché, et vont de 7 fois les bénéfices à 45 fois les béné- fices sur le marché casablancais

par exemple. Il convient de sélec- tionner les valeurs prometteuses, et de profiter des cours actuels pour y investir à long terme. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et profes- seur en Ecole de commerce. Retrouvez- le sur www.fassal.net.

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