Finances News Hebdo N° 1066

S OCIÉTÉ

34

JEUDI 19 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

◆ Le rapport du Conseil national des droits de l'Homme, publié le 22 avril, pointe du doigt le déficit criant en ressources humaines dans le secteur de la santé. 70% de nos étudiants en médecine entendent aller exercer à l’étranger. ◆ La santé n’est pas uniquement une affaire du ministère de tutelle, mais elle suppose l’élaboration de politiques publiques multidimensionnelles. ◆ Entretien avec Abdelmajid Belaiche, expert en industrie pharmaceutique et membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé. «L’approche sectorielle de la santé a été l’une des grandes erreurs des gouvernements passés» CNDH

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Le der- nier rapport du Conseil natio- nal des droits de l’Homme (CNDH) avait comme appella- tion «L’effectivité du droit à la santé». Que représente pour vous cette thématique ? Abdelmajid Belaiche : Le rapport du CNDH concernant l’effectivité des droits à la santé est une approche de la santé en tant que l’un des droits fondamentaux de l’Homme. Ici, on ne parle pas du droit de l’accès à la santé comme une approche fataliste où l’on ne fait que constater l’accès ou le non- accès comme une réalité qui s’impose à tous. Au contraire, le droit à la santé doit s’imposer comme étant un droit fondamental que l’Etat doit garantir aux citoyens. Quant au terme «effecti- vité», il rappelle que l’accès à la santé ne doit pas être un droit théorique, avec des textes législatifs et réglemen- taires qui consacrent ce droit, mais avec un accès non-effectif à cause de l’existence de nombreuses entraves qui empêchent l’accès à une jouis- sance effective à la santé sous tous ses aspects. L’expérience amère du Ramed pour nombre de citoyens doit nous rappeler combien les promesses politiques du droit d’accès aux soins n’ont pas toujours été concrétisées en raison de nombreuses entraves, telles

Penser que le ministère de la Santé est le seul à pouvoir gérer la santé des citoyens,

c’est occul- ter tous les

déterminants de la santé en dehors des soins propre- ment dits.

que les ressources humaines médi- cales et paramédicales insuffisantes ou encore les infrastructures hospita- lières en manque ou sous-équipées. Et ce, en raison d’une gouvernance calamiteuse du secteur de la santé et l’insuffisance d’un financement dédié

ou sa sous-utilisation qui n’ont fait que précipiter les hôpitaux publics dans des situations de quasi-faillite. Les espoirs suscités par le Ramed ont été évaporés par le non-accès à certains soins essentiels et souvent urgents, à cause de l’insuffisance des ressources

Made with FlippingBook flipbook maker