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SOCIÉTÉ
JEUDI 19 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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tés de médecine. Ceci s’est expri- mé par un rejet lors de la création des premières facultés privées de
médecine. Ces étudiants avaient protesté vigou- reusement contre l’ouver- ture de ces facultés pri- vées. De même, lors des tentatives d’intégrer des étudiants revenus des facultés ukrainiennes de
Le manque criant de res- sources humaines médicales s’explique par le fait que l’on avait toujours occulté les besoins futurs de notre pays en professions médicales.
médecine et de pharmacie, suite au conflit, la même réaction de rejet s’est manifestée chez nos étudiants en médecine qui ont refusé l’intégra- tion de ces étudiants. F.N.H. : La tendance migra- toire des compétences maro- caines pour un avenir meilleur s’accentue. Comment peut-on éviter la fuite des cerveaux en médecine ? A. B. : Il est inacceptable que notre pays forme à grands frais des méde- cins et que l’on en perde une partie au profit de pays plus développés et plus riches. Et quand 70% de nos étudiants en médecine pensent aller exercer en Europe ou ailleurs, cela fait peur. Un certain nombre de mesures immédiates doivent être prises, telles que les revalorisations salariales des professions médicales pour les rendre attractives en vue de retenir nos médecins et stop- per l’hémorragie. Une autre mesure consiste à revenir à des contrats pour une durée raisonnable et acceptable pour les 2 parties, l’Etat et les étu- diants, ainsi qu’aux services civils ou militaires qui permettront aux médecins fraîchement diplômés d’al- ler exercer pendant quelques mois dans des zones rurales, et notam- ment les plus enclavées. Une rotation de ces médecins au service civil ou sous contrat permettra une couver- ture moins inégale des différentes régions du Maroc. Mais la solution à moyen et long terme consiste à créer encore plus de facultés de médecine pour répondre aux besoins futurs de notre pays, surtout à l’aune de la couverture sanitaire universelle. Ces mesures n’empêcheront pas une par- tie de nos médecins d’émigrer vers d’autres pays mais permettront de réduire l’impact de ces immigrations de nos médecins. ◆
démontrer. Quelle est l’origine de notre déficit en médecins ? A. B. : Le manque criant des res- sources humaines médicales s’ex- plique par le fait que l’on avait tou- jours occulté les besoins futurs de notre pays en professions médicales. Depuis 1962 et pendant 13 ans, le Maroc ne disposait que d’une seule faculté de médecine, et 37 ans plus tard on n’avait que 4 facultés de méde- cine. Il aura fallu en fin de compte près de 59 ans pour passer d’une seule faculté à 11. L’ensemble de ces facul- tés ne peuvent assurer les besoins de notre pays en médecins, surtout si l’on tient compte d’une émigration régulière de ces précieux cadres vers d’autres cieux. Les implantations rela- tivement rares et tardives des facultés de médecine ont privé notre pays de précieuses compétences médicales. Un autre facteur a largement contribué à la carence en praticiens : la sélection sévère des étudiants-candidats aux facultés de médecine à travers les notes obtenues au baccalauréat. Cette hyper sélection de ces étudiants a aussi largement contribué à la raréfac- tion des ressources humaines médi- cales. Le caractère élitiste de la pro- fession de médecin est resté vivace, même chez les étudiants des facul-
départements ministériels qui doivent collaborer pour atteindre les objectifs «Santé pour tous». F.N.H. : Peut-on dire que l’ave- nir du système de santé au Maroc tend vers une améliora- tion ou plutôt l’inverse ? A. B. : Notre système tend bien sûr vers une amélioration majeure. L’implication directe de S.M Mohammed VI, que Dieu l’assiste, dans la mise en place de la couverture sanitaire universelle, mais aussi le fait qu’on ne parle pas que d’une simple réforme, mais d’une véritable refonte de notre système de santé, sans compter le financement du département de la santé annoncé dans la Loi de Finances 2022, est por- teur d’immenses espoirs. Toutefois, l’atteinte des objectifs «santé» ne pourra se faire sans tenir compte des conclusions et recommandations per- tinentes des différents rapports élabo- rés avant et pendant la période de la pandémie Covid-19. Ces rapports ont pointé du doigt les problèmes de gou- vernance, de l’insuffisance des res- sources humaines et du financement. F.N.H. : Le manque flagrant des ressources humaines dans le secteur de santé n’est plus à
L’atteinte des objec- tifs «santé» ne pourra se faire sans tenir compte des conclusions et recom- mandations pertinentes des différents rapports éla- borés avant et pendant la période de la pandémie Covid-19.
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