Finances News Hebdo N° 1066

C ULTURE

38

JEUDI 19 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

Musique

◆ El Grande Toto, la meilleure raison d’aimer le rap made in Morocco, vient d’obtenir son 1 er disque d’or*, et jouait jeudi 12 mai 2022 au Megarama, à Casablanca. Il l’a littéralement retourné, le temps d’une grand-messe de poésie douce-amère. On y était, on vous raconte. So rap, flow l’avouer ! A ttachez vos cein- tures, il y a de l’agitation dans l’air ! « Les gens pensent que Par R. K. Houdaïfa

parce que vous êtes phy- siquement handicapé, vous êtes aussi intellectuellement handicapé », confie Selim Sbihi, celui qui a mitonné ce concert et qui milite pour que les personnes handica- pées, comme lui, prennent leurs propres décisions et puissent vivre de façon autonome. « Il faut permettre aux personnes handicapées de faire leur propre choix de vie, de définir leurs propres besoins et de prendre leurs propres décisions », ajoute- t-il. Muni du souci de rendre justice aux personnes para- plégiques inconsidérément blâmées, Salim a rêvé, puis tissé un concert destiné à montrer « qu’ils peuvent réa- liser de P***** de choses ! » Lorsqu’on arrive, à 17h, il y a peu de monde. Toto devait donner un point presse à cette heure-ci; chose qu’il n’a pas faite, pour avoir raté son avion (il rentrait d’Es- pagne). Vers 20h, les alen- tours du cinéma Megarama sont en ébullition, et les pre- miers cris d’impatience se faisaient entendre de l’exté- rieur. Le trottoir ne désem- plissait toujours pas sous les assauts des quelques élus,

Des jeunes et des moins jeunes ont fré- nétiquement dansé sur les rythmes torrides de Vargas, Dollypran, Ouenza et bien évidemment El Grande Toto.

attendant plusieurs heures dans l’espoir de décrocher un billet (malgré le sold out). Certains ne savaient plus où donner de la tête; d’autres, en quête de badges, ces sésames censés ouvrir les multiples portes du concert. Econduits, ils ne désarment pas et reviennent à la charge. « Nous n’auriez pas un badge en rab, nous demande une lycéenne . Vous me rendriez service. Je ne voudrais pas rater le show d’El Grande Toto ». Nous quittons, déso- lés, la tendre groupie pour aller saluer l’attachée de presse de l’empereur d’une foule qui semble n’être venue que pour lui, Zineb Alaoui M'hamdi. Elle arborait une mine réjouie qui fait plai- sir à voir.

21h, la salle est déjà remplie, l’espace se fait rare. Un DJ, perché sur des platines suré- levées, fend la pénombre ambiante et se met à bidouil- ler ses machines. Quelques extraits de son d’ambiance plus tard, un homme masqué vient s’accaparer la scène. La foule, déjà bien excitée, croit y voir son champion. Il révèle son identité et c’est en réalité Vargas. C’était à ce dernier qu’il revenait d’ouvrir le bal. Lorsqu’il entonnera son RS3 , le public, venu en nombre, collé-serré, n’a pas lésiné sur les hochements de tête et de bras. Dollypran, qui prend le relais, jouit d’une aura flamboyante. Il faut avouer qu’en sa compa- gnie, l’atmosphère se charge d’électricité. Ça pulse, ça

vibre, rythmes endiablés et paroles fortes à l’unis- son. Lui succédant, Ouenza prend possession de la scène. L’expression est à prendre dans son sens plein, tant la présence du rappeur est du tonnerre. Avec eux, le concert a effectué un démar- rage en trombe. 1heure et 30 minutes de bonnes vibes, très énergiques, rondement menées. 22h30. El Grande Toto, le roi de la soirée, entre en scène. A peine arrivé, il trouve la salle déjà comme un chaudron prêt à bouncer et nous lance, avec sa cas- quette qui cachait mal un front légèrement dégarni : « Yooo !!! ». On a compris qu’il était là, et que ça allait bouger. Le public s’enfièvre.

Made with FlippingBook flipbook maker