FNH N° 1010

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 11 FÉVRIER 2021

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Fusions-acquisitions

«L’année 2021 ne sera pas un bon cru»

◆ Les fusions-acquisitions ne sont qu’un moyen parmi d’autres options stratégiques pour une entreprise de se développer, mais à une échelle nationale, c’est un indicateur qualitatif intéressant du dynamisme d’une économie, avec la liquidité du marché boursier notamment. ◆ De belles opérations à l’image de CMGP ou encore Fater Maroc verront certainement le jour en 2021, mais elles viendront cacher la forêt de PME qui n’attirent que très peu le capital investissement. ◆ Badr Babioui, associé au cabinet BFB Advisors, spécialisé en Strategy and Corporate Finance, revient tour à tour sur les éléments-phares propices aux fusions-acquisitions ainsi que sur les points cruciaux lors d’une opération de cette nature.

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Quel est l'in- térêt pour une entreprise d'investir sous forme de fusion-acquisition ? Badr Babioui : Le terme fusion-acquisi- tion couvre toute opération de croissance externe d’une entreprise. Autrement dit, cela correspond à l’entrée au capital d’une entre- prise cible pour des motifs stratégiques tels que l’intégration en aval ou en amont d’une chaîne de valeur, ou encore une accélération de la croissance pour renforcer et consolider des parts de marché. Il existe plusieurs mécanismes de finance- ment d’une fusion-acquisition : les fonds propres, la dette bancaire classique, la dette LBO, le capital investissement. En soi, les fusions-acquisitions ne sont qu’un moyen parmi d’autres options stratégiques de se développer, mais à une échelle nationale, c’est un indicateur qualitatif intéressant du dynamisme d’une économie, avec la liquidité du marché boursier notamment. F.N.H. : Quelles sont les perspec- tives de croissance du marché des fusions-acquisitions au Maroc pour 2021 ? B. B. : De belles opérations à l’image de CMGP ou encore Fater Maroc verront certai- nement le jour, mais elles viendront cacher la forêt de PMEs qui n’attirent que très peu le capital investissement. Les fonds d’inves- tissement jouent en effet un rôle clé dans cet univers des fusions-acquisitions, car ils représentent l’alternative à la dette bancaire et disposent de la structure et des outils de pilotage nécessaires à la bonne conduite de ce type d’opérations. Seulement, sur le

La grande majorité des entreprises ayant eu recours aux opérations de fusions- acquisitions en 2019 au Maroc était étrangères et aucun fonds marocain n’a investi en 2017.

terrain, le capital investissement ne couvre que 200 entreprises… Le manque de trans- parence, l’informel et les blocages culturels des PME familiales sont les principales rai- sons de la frilosité des fonds et donc de leur faible pénétration du marché marocain. Les canaux de communication sont insuffisants et l’approche «commerciale» est à revoir du côté de ces fonds. Par ailleurs, il existe des acquisitions et rapprochements entre opéra- teurs d’un même secteur qui échappent aux radars et ne figurent pas sur les statistiques. Pour toutes ces raisons, et malgré les nom-

breuses PME affaiblies par la pandémie et qui pourraient représenter une opportunité de rachat, l’année 2021 ne sera pas un bon cru pour les fusions-acquisitions. F.N.H. : Selon vous, le tissu éco- nomique marocain, le profil des entreprises ainsi que le système fiscal national sont-ils propices aux fusions-acquisitions ? B. B. : Tout est histoire de convergence d’intérêts. Le tissu économique marocain compte des milliers d’entreprises aux per-

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