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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 11 FÉVRIER 2021
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Logistique/Exploitation de données
«Très peu de PME savent se protéger contre la fuite de données» ◆ Deux questions à Mohamed Talal, CEO de La Voie Express.
◆ Les attentes du secteur de la logistique sur la protection des données sont nombreuses. ◆ Il faudrait un cadre juridique avec des textes de lois, des décrets et une règlementation sur tout l’écosystème de l’exploitation de la Data. Les professionnels souhaitent un renforcement de l’arsenal juridique
la sécurité et la protection de ces Data Centers contre les attaques informa- tiques». En effet, la logistique est considé- rée comme une activité névralgique de l’économie, restant intrinsèque- ment liée aux autres secteurs, et dans laquelle le partage des données s’accapare une grande place dans les relations qui lient les opéra- teurs. «Ce n’est pas que ces Data Centers soient sans aucune sécu- rité, mais il est nécessaire d’avoir une entité étatique indépendante chargée de les auditer et de vérifier la sécurité physique, la sécurité numérique et surtout la souveraineté des dites données», estime Mohamed Talal. Il paraît donc que le renforcement du cadre légal devient primordial pour les professionnels, à l’aune du dévelop- pement rapide qu’impose la digitalisa- tion des process et avec elle le souci de préserver les données traitées. Un abonnissement des règles qui ne passerait pas qu’à travers des textes de loi, d’après Talal. «Je pense qu’au- jourd’hui la CNDP joue et continuera de jouer son rôle. Elle est le gendarme des libertés personnelles et le gar- dien du temple de l’écosystème de la Big Data. Maintenant, il est urgent de former les magistrats sur les pro- blématiques qu’entraînera la signa- ture électronique…» , estime-t-il. Et de conclure que «de nouvelles habitudes de consommation s’imposent à nous. Avec elles viennent de nouveaux modèles économiques de distribution et donc de nouvelles problématiques. Ce qui entraînera de nouvelles lois, de nouvelles règlementations, et la juris- prudence fera le reste» . ◆
Finances News Hebdo : Comment la signature électronique pourrait-elle être bénéfique pour le secteur de la logistique ? Mohamed Talal : La signature électronique est une avancée majeure pour notre pays, et nous fait entrer de plain-pied dans l’ère du digital. Notre entreprise, La Voie Express, spécialiste de la logistique, la messagerie et distribution e-commerce, fait tous les jours plus de 18.000 livraisons sur tout le territoire national. Dans ce cadre, nous sommes amenés à demander à nos clients et pour chaque livraison, de justifier leur identité et même de récupérer des copies de cartes d’identité nationales. La signature électronique non seulement nous permettra de dématérialiser nos process de livraison, mais surtout sera beaucoup plus sûre quant à l’identité du réceptionnaire. F.N.H. : Comment les entreprises se protègent-elles au regard du manque d’expertise juridique dans le domaine de la protection des données ? M. T. : Très peu de PME savent se pro- téger contre la fuite ou le vol de don- nées. Aujourd’hui, la problématique n’est pas dans comment ces entreprises se pro- tègent-elles, mais c’est surtout mettre en place des cadres juridiques clairs avec des textes de lois, des décrets et une règlemen- tation sur tout l’écosystème de la gestion et l’exploitation de la Data. Ainsi que former les magistrats des tribunaux de commerce et pénal. Ensuite, il serait judicieux que des avocats se spécialisent dans ces spécialités que sont «la protection des données», «la propriété intellectuelle» , et notamment sur les contentieux et arbitrages pouvant naître sur des litiges à l’international. ◆
La digitalisation accé- lérée a mis sur la table le débat de la protec- tion des données des personnes physiques et morales.
L a digitalisation des activi- tés, accélérée par la crise de la Covid-19, a renforcé le débat sur la protection des données, tant celles des personnes physiques que morales. L’utilisation de données personnelles ou encore à caractère dit sensible pré- voit le respect de plusieurs règles. Au Maroc, ces dernières ont connu une grande avancée avec, entre autres, tout récemment la loi n°43-20 sur les transactions électroniques. Malgré cela, les professionnels, notamment du secteur de la logis- tique, attirent l’attention sur les diffi- cultés qu’ils rencontrent à cause de la persistance de certaines faiblesses juridiques. Pour Mohamed Talal, vice- président général de la CGEM, et CEO de La Voie Express, «les faiblesses juri- diques sont nombreuses. Aujourd’hui, et à ma connaissance, rien n’encadre encore les Data Centers, lieux où sont stockées les données. Notamment via une règlementation stricte concernant Par B. Chaou
Il est néces- saire d’avoir
une entité éta- tique indépen- dante chargée d’auditer les Data Centers.
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