FNH N° 1010

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 11 FÉVRIER 2021

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nement a réagi rapidement. Un arsenal de mesures a été mis en place. L’objectif est de sauver des emplois à travers l’activation du crédit de fonctionnement Damane Oxygène et Damane Relance, le moratoire sur la durée de rembourse- ment des crédits bancaires et des cré- dits leasing, le crédit à taux zéro pour les autoentrepreneurs à hauteur de 15.000 DH remboursable sur 3 ans... Mais, il faut à mon avis des mesures stratégiques sur le long terme. Avec des mesurettes, les entreprises ne voient pas le bout du tun- nel; elles sont dans l’expectative et par conséquent la création d’emplois aussi. F.N.H. : Quelles sont les mesures à prendre pour relancer le mar- ché du travail ? Et qu’en est-il des jeunes ? Kh. K. : Les mesures d’urgence prises dès le début de la crise et régulière- ment prolongées ont permis d’enrayer les effets de la crise sur le plan social. Elles ne permettent pas en revanche de relancer le marché du travail dans un contexte de forte incertitude. Le gouver- nement se trouve face à la probléma- tique des emplois perdus et des jeunes diplômés demandeurs d’emploi. Le mar- ché d’emploi que nous avons connu avant la Covid-19 a désormais changé de visage. Des secteurs sont fermés et ne peuvent être ouverts dans l’immé- diat. De nouveaux modes d’organisa- tion et de façon de travailler s’imposent

dans certains secteurs (télétravail par exemple). Les mesures déjà prises par le gouvernement pour promouvoir l’emploi notamment à travers l’entrepreneuriat, doivent être mises à plat pour tenir compte de la conjoncture actuelle. La formation est l’un des piliers à prendre en compte dans le plan de relance. Elle est la clef qui permet de rester com- pétent et engagé. Aujourd’hui, l’évo- lution rapide du paysage économique exige une formation continue et adaptée aux besoins du futur et aux nouveaux métiers qui naissent. Pour sortir de cette crise, le Maroc a besoin de faire un état des lieux de ses ressources humaines, identifier les com- pétences dont il dispose, par génération, par diplôme, par territoire, et les compé- tences dont il aura besoin dans le futur compte tenu des bouleversements que connaît le monde. Pour ce faire, nous préconisons la création d’un ministère des Ressources humaines du Maroc. F.N.H. : Comment expliquez- vous que la concentration du marché du travail soit axée principale- ment sur cinq régions, en pre- mier lieu la région Casablanca- Settat ? Kh. K. : La raison revient à l’accident his- torique. Le protectorat avait son agenda économique, qui a relié ses intérêts éco- nomiques aux besoins de la ville. Il a fait de Casablanca un centre attractif sur le

plan économique. Son climat modéré, sa localisation et la présence du port et de l’aéroport ont fait de la ville blanche la métropole économique et industrielle du pays. Aussi, après le protectorat, le Maroc a revu ses priorités économiques; il a par la suite développé d’autres terri- toires pour devenir des pôles d’activités économiques comme celui de Rabat- Salé-Kénitra. F.N.H. : Les taux de chômage les plus élevés sont observés dans l'Oriental (20,7%) et les régions du Sud (19,8%). Ces 2 régions culminent, à elles seules, près de 40% de sans-emploi. Dur constat? Kh. K. : Deux éléments peuvent expli- quer ce constat. Le premier est d’ordre structurel. En effet, la région de l’Orien- tal dispose d’une économie basée sur l’agriculture et le tertiaire. On note l’absence de projets d’investissements industriels qui créent de l’emploi et de la richesse. Le deuxième élément conjonc- turel est lié à la structure de l’emploi dans cette région. Le commerce et les services, qui représentent plus de 54% de l’emploi de cette région, ont été for- tement impactés par la crise liée à la Covid-19. Ces activités étaient à l’arrêt, ce qui a impacté le pouvoir d’achat des ménages et par conséquent la création d’emplois. Même constat pour la région du Sud. ◆

Le Maroc a besoin de faire un état des

lieux de ses ressources humaines, identifier les compé- tences dont il dispose, par génération, par diplôme, par territoire, et les compé- tences dont il aura besoin dans le futur.

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