FNH N° 1117

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 20 JUILLET 2023

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Grèves à Hollywood «Il y aura un impact certain sur l'industrie locale»

◆ Après les scénaristes depuis le début du mois de mai, ce sont les acteurs qui sont désormais en grève à Hollywood. Quelles seraient donc les consé- quences sur les productions cinématographiques au Maroc ? Said Andam, directeur de la Commission du film chargée de la promotion des tournages des films à Ouarzazate, dit tout !

point, il y a déjà des reports de pro- jets qui devaient démarrer en août (pour des dates indéterminées). De plus, suite aux perturbations dans l'industrie cinématographique hollywoodienne, les studios pour- raient être contraints de réduire leurs budgets de production. Cela pourrait se traduire par une limitation des dépenses de tournage, y compris les déplacements à l'étranger, comme au Maroc. Les studios pourraient chercher des alternatives de tournage en raison de la grève. Ils pourraient décider de déplacer leurs productions vers d'autres pays où les conditions de travail ne sont pas affectées. Cela pourrait entraîner une diminution du nombre de films tournés au Maroc pendant la période de grève qui est déjà à son troisième mois pour les scénaristes, et qui pourrait atteindre 6 mois ou plus. De ce fait, il y aura un impact certain sur l'industrie locale. En effet, le tournage de grands films hollywoo- diens au Maroc a généralement des retombées économiques positives pour l'industrie locale, notamment en termes d'emplois, de dépenses et de visibilité médiatique. En cas de dimi- nution du nombre de productions hollywoodiennes, l'industrie cinéma- tographique marocaine pourrait res- sentir une réduction des opportuni- tés et des retombées économiques. F.N.H. : Combien cette grève peut-elle vraiment nous coû- ter ? S. A. : Effectivement, on peut faire des estimations en fonction des recettes des tournages au Maroc sur la période allant de 2008 à 2022,

avec plusieurs options. Dans la première option, si nous supposons que la grève à Hollywood entraîne une réduction significative du nombre de productions réali- sées au Maroc pendant une période de 6 mois, nous pouvons estimer une perte potentielle en utilisant la moyenne annuelle (entre 2008 et 2022) des recettes générées par les tournages, soit 506 millions de dirhams par an. Par conséquent, si la grève dure 6 mois, il pourrait y avoir une perte estimée à environ 253 mil- lions de DH. Dans la deuxième option, si nous prenons comme base la recette moyenne durant la période 2018- 2022, suite à l’entrée en vigueur de la taxe incentive qui a eu une réper- cussion positive sur les tournages, la recette moyenne de tournage est de 634 millions de dirhams et le manque à gagner serait de l’ordre de 317 mil- lions de DH. Si l'on prend comme référence l’an- née 2022 où on a reçu 1 milliard de DH de recettes de tournage, la perte serait de 500 millions de DH. Sachant que pour 2023, le ministère

Propos recueillis par R. K. H.

Finances News Hebdo : Résumons-nous. Que se passe-t-il à Hollywood ? Said Andam : Suite à l’échec des négociations entre les grands stu- dios américains et le puissant syn- dicat des acteurs SAG-AFTRA, leurs représentants ont voté pour le débrayage et entrent en grève, s’alignant ainsi sur les scénaristes ayant cessé le travail depuis mai der- nier. Ce double mouvement devrait constituer la pire paralysie du sec- teur en plus de 60 ans à l’encontre des studios et plateformes de strea- ming, représentées par l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévi- sion (AMPTP). À l'origine du conflit, des aspects pécuniers. Les acteurs américains estiment percevoir des rémunéra- tions résiduelles minorées pour les rediffusions en termes de droits d’auteur, spécialement suite à l’avè- nement de la diffusion en streaming. Ces revenus essentiels servent à combler les écarts de non activité entre deux productions, augurant une précarisation de leur métier. F.N.H. : Quelles répercussions sur les tournages cinémato- graphiques au Maroc ? S. A. : Il y aura certainement des répercussions, vu que la grève entraîne l'annulation ou le report de certaines productions; les projets qui étaient prévus pour être tournés au Maroc pourraient être affectés. Les studios pourraient revoir leur calen- drier de production et retarder les projets, ce qui aura un impact sur les tournages prévus au Maroc. Sur ce

table sur une recette de 2 milliards qui ne serait pas atteinte vu ces cir- constances. F.N.H. : Est-il prévisible que nos scénaristes et acteurs entrent également en grève ? S. A. : Le cadre de l’industrie ciné- matographique au Maroc reste dépendant des effets induits à l’inter- national, tout en gardant ses propres caractéristiques. Il faut préciser ici que le combat engagé n'est pas celui de simples acteurs ou scénaristes, mais plutôt celui des travailleurs-arti- sans issus de divers horizons, voire des métiers connexes à cette indus- trie. La situation actuelle au Maroc ne permet pas une visibilité dans ce sens. Les jours qui suivent donneront raison à poursuivre dans cette voie ou changer de cap à l’avenir. ◆

L'industrie cinématogra- phique maro- caine pour- rait ressentir une réduction des opportu- nités et des retombées économiques.

Budgets des films étrangers tourmés au Maroc depuis 2008

* Budgets en Millions de MAD

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